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Service de santé publique : les pistes pour améliorer la qualité des soins hospitaliers 

Chaque cas présumé de négligence médicale dans le service hospitalier public est un cas de trop. Récemment, un nouveau-né a eu un doigt sectionné. Ses parents ont porté plainte. Des procédures ont été entamées pour suspendre l’infirmier impliqué. Le débat sur la qualité des soins des hôpitaux publics revient sur le tapis. 

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1. Formation

Ram Nowzadick, président de la Mauritius Nursing Association, parle d’une série de mesures nécessaires pour rehausser le niveau des soins, à commencer par la formation des infirmiers. « Ce qui se fait actuellement, c’est qu’une formation en General Nursing est dispensée et la personne se voit décerner un diplôme ». Or, poursuit-il, les infirmiers travaillent sans qu’il y ait de « continuous nursing education » pour une remise à niveau par rapport aux nouvelles techniques de soins en constante évolution. « La formation est essentielle si on souhaite améliorer la situation », insiste-t-il. 

2. Spécialisation 

Ram Nowzadick pense qu’en sus de la formation, il faut que les infirmiers qui travaillent dans des unités clés (néo-natales, cardiaques, centres de dialyse et unité psychiatrique, entre autres) se spécialisent. « Ces départements sont les parents pauvres du système de santé publique. Maurice doit, au même titre que les pays européens et asiatiques, se pencher sur la spécialisation des infirmiers. Nous sommes en retard à ce niveau-là », explique le président de la Mauritius Nursing Association. 

3. Équipements 

Le personnel médical, rappelle Ram Nowzadick, doit disposer des équipements nécessaires et à la pointe de la technologie si les hôpitaux publics veulent fournir un service de qualité aux patients. « Ce n’est pas seulement à cause d’un manque de formation que des incidents se produisent. Il arrive parfois que ce soit dû à un manque d’équipements appropriés. » Ce qu’il trouve dommage puisqu’il existe du matériel de pointe pour dispenser les soins. « Nous devons aller dans cette direction », préconise-t-il.

4. Rebranding

Ce qu’il faudrait aussi, selon le président de la Mauritius Nursing Association, c’est migrer d’une School of Nursing vers un College of Nursing. « La School Nursing a besoin d’un rebranding. Un College of Nursing pourrait être composé de plusieurs facultés pour la spécialisation des infirmiers », soutient-il. 

5. Recrutement

Certains départements, indique Ram Nowzadick, manquent cruellement de main-d’œuvre. « C’est souvent dans des départements, comme le service néo-natal, que le personnel est surchargé. Qui dit surcharge, dit aussi fatigue. Le manque de concentration augmente le pourcentage d’erreur, ce qui entraîne des accidents », analyse-t-il. 

Pour lui, s’il y avait suffisamment d’employés, cela allégerait le fardeau du personnel existant. Il faut, selon lui, deux exercices de recrutement par an pour embaucher 500 Trainee Nurses afin de s’assurer une flotte suffisante d’infirmiers car beaucoup prennent leur retraite ou quittent le service. 

6. Table ronde

Bholanuth Jeewuth, secrétaire de la Nursers’ Union, déplore l’incident au sujet du bébé dont le doigt a été sectionné. Il préconise une table ronde avec tous les acteurs concernés afin de voir comment éviter ce type d’incident. « Chacun donnerait ainsi son point de vue afin de trouver des solutions pour améliorer le service de santé publique », dit-il.

7. Fast-Track Committee 

Ramesh Purrunsing, secrétaire et porte-parole du Comité amélioration de la santé, recommande de mettre sur pied un Fast-Track Committee. « Il faut prescrire un délai plus court pour les enquêtes ouvertes quand des allégations de négligence médicale sont formulées », conseille-t-il. Il estime que dans un souci de transparence, le public devrait pouvoir faire partie du Medical Negligence Standing Committee ou d’autres instances similaires. 

8. Décongestion 

Un autre aspect tout aussi important, selon Ramesh Purrunsing, est de désengorger les hôpitaux publics. « Il faut encourager certains patients qui souffrent de légers symptômes à se rendre dans les dispensaires pour se faire soigner. Il faudrait que ce soit seulement les personnes nécessitant des soins spécifiques, notamment celles ayant des fractures et des problèmes cardiaques, pour ne citer que quelques exemples, qui puissent se rendre à l’hôpital », déclare-t-il.

9. Informatisation 

On entend souvent dire que des dossiers de patients ont disparu. Ce qui conforte Ramesh Purrunsing dans l’idée qu’il faut absolument migrer vers l’informatisation. « Comme dans le privé, les médecins du service de santé publique doivent insérer les informations des patients dans une base de données qui soit accessible par la suite. Ce n’est pas normal qu’on continue à perdre des dossiers », déplore-t-il. 

10. Système de pointage

Ramesh Purrunsing préconise un système de pointage pour les infirmiers, à l’instar des médecins qui ont besoin de 12 points annuellement pour le renouvellement de leur licence. « En sus du système de points, il faudrait que les infirmiers bénéficient de cours de remise à niveau », dit-il.

Des sanctions existent pour les infirmiers 

Le Dhunraj Foolcand, Chairman du Nursing Council (NC), fait ressortir qu’il y a déjà des sanctions prévues à l’encontre des Nursing Officers qui commettent des fautes. Parmi, figure le rejet de leur enregistrement. 

« C’est inadmissible que le doigt d’un bébé se fasse sectionner alors qu’on lui enlève la bande adhésive qui retient sa canule », s’insurge-t-il. Il ajoute que le Nursing Council suivra ce cas dès que le rapport du Medical Negligence Standing Committee lui aura été transmis. Il a assuré que les affaires présumées de négligence médicale qui sont transmises au Nursing Council sont traitées rapidement. 

141 cas présumés de négligence médicale 

En trois ans, 141 cas présumés de négligence médicale ont été présentés au Medical Council (MC) et deux médecins ont été suspendus pour une période d’un an. Le Dr François Tadebois, président du MC, soutient qu’il est parfois difficile de traiter rapidement les affaires. Il indique qu’il faut d’abord réunir tous les documents nécessaires, puis interviewer les personnes concernées avant de requérir l’avis des experts dans les domaines concernés. Tout doit ensuite passer par le Board du MC.

Le MC travaille sur une base de données qui contient la liste des médecins, la région dans laquelle ils exercent ainsi que leurs coordonnées. « Cela permet de voir les noms des médecins qui sont sous le coup d’une sanction », explique le Dr François Tadebois. Il plaide pour la formation continue et le partage des expériences entre médecins de carrière et ceux issus de la jeune génération. 

Ce qui se passe après l’enregistrement de la plainte 

Selon une source au niveau du ministère de la Santé, lorsqu’une personne porte plainte pour négligence médicale, une enquête interne est ouverte. « Si on décèle quelque chose de grave, le ministère est informé du cas et la plainte est redirigée vers le Medical Council et le Medical Negligence Standing Committee, qui décideront s’il faut une enquête plus approfondie », explique-t-elle. 

Elle ajoute qu’il existe des protocoles pour un service de qualité. « Il y a un contrôle de chaque département pour s’assurer que tout se passe bien. Il y a également des consultants qui sont en charge des départements. Ils s’assurent que leur équipe est à la hauteur. Les garde-fous sont là », avance notre source, qui avance, pour sa part, qu’il y a une formation continue.

 

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