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Secteur de l’exportation Maurice perd plus de 30 % de sa main-d’œuvre en 10 ans

Il est urgent pour Maurice de trouver de nouveaux moyens pour stimuler le secteur de l’exportation afin de faire entrer des devises et créer de l’emploi

De 2013 à 2023, le secteur de l’exportation a connu une contraction impressionnante en termes d’emploi. Sur ces 10 ans, il y a eu 19 690 emplois en moins. Le nombre d’emplois est passé de 53 663 en 2013 à 33 973 en septembre dernier, selon les chiffres officiels.

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On parle ici d’une baisse de 33,6 %. Pour les observateurs, la tendance ne risque pas de s’inverser. Il est donc urgent pour Maurice de trouver de nouveaux moyens pour stimuler le secteur de l’exportation afin de faire entrer des devises et créer de l’emploi.

« Le plus grand problème est que nous n’avons pas de main-d’œuvre disponible localement. On amène de plus en plus d’étrangers et ce problème touche tous les secteurs d’activité du pays », avance Ahmed Parkar, ancien capitaine de l’industrie d’exportation lorsqu’il était Chief Executive Officer de Star Knitwear et ancien président de la Mauritius Export Association (Mexa). Il ne veut cependant pas céder à la négativité.

« Le problème est que les commandes sont là, mais la main-d’œuvre ne répond pas au rendez-vous. Nous sommes totalement dépendants des travailleurs étrangers, mais avec le coût des billets d’avion qui augmentent tout comme le coût des salaires, il est clair qu’une usine qui dépend beaucoup des étrangers aura un problème de gestion de ses finances », ajoute Ahmed Parkar.

De son point de vue, Maurice peut devenir comme Hong Kong et Singapour qui se concentrent davantage sur l’administratif et les services et qui sont dans l’obligation de placer leur production à l’étranger. « Beaucoup de compagnies mauriciennes sont aujourd’hui à Madagascar, au Bangladesh ou en Afrique du Sud, tout en conservant leur siège social à Maurice.

Elles n’ont pas d’autre choix que de déplacer leur production à l’étranger », dit l’ancien président de la Mexa. Pour Ahmed Parkar, Maurice doit explorer d’autres avenues si elle veut continuer à exporter et ainsi faire entrer des devises étrangères. « On développe l’immobilier, des centres de valeur ajoutée dans le secteur des services, mais il faut trouver encore d’autres options. Je suis aussi d’avis qu’il faut se diriger vers des produits à haute valeur ajoutée.

Nous devons trouver des niches et les bonnes industries pour remplacer le textile. Des solutions existent. C’est le moment de faire du brainstorming pour savoir ce qu’on veut faire exactement. On l’a déjà fait dans le passé. On a toujours pu trouver des solutions en réfléchissant ‘out of the box’. Je suis confiant. Les Mauriciens sont débrouillards et innovateurs », dit-il.

« C’est alarmant » L’économiste Rajeev Hasnah est, pour sa part, plus inquiet. « Je ne dispose pas de suffisamment d’informations pour connaître les vraies raisons de cette baisse drastique qui est de 20 000 emplois de 2015 à ce jour, mais c’est très alarmant. »

Il avance que « deux raisons potentielles peuvent être que les entreprises mauriciennes ne sont plus compétitives à l’international et doivent mettre la clé sous le paillasson, forçant les gens à trouver un emploi dans d’autres secteurs. Ces gens font aussi partie de la vague de ‘brain drain’ qu’on a dans le pays à cause de la perte du pouvoir d’achat qui a été drastique ces dernières années.

Dans les deux cas de figure, ce n’est pas une bonne chose pour Maurice, car c’est le compte courant du pays et l’entrée en devises étrangères qui prennent un sale coup. On perd petit à petit notre capacité à produire et notre compétitivité ». L’économiste Manisha Dookhony note que la croissance du secteur d’exportation mauricien est « très basse. Cette année, elle est de moins de 1%. Ceci explique qu’il y a des problèmes sérieux dans ce secteur ».

Elle explique que ce secteur « exporte majoritairement vers l’Europe alors que celle-ci a des problèmes de croissance. La demande pour nos produits diminue progressivement. Mais quoi qu’il en soit, même si on a perdu des emplois au niveau de l’industrie d’exportation, d’autres secteurs croissent de manière vertigineuse. La construction dépasse les 20% de croissance. Le secteur du tourisme connaît aussi une grosse croissance avec des arrivées touristiques importantes ».

Autre constat : le taux de chômage « n’est pas aussi haut que ça. Les pertes d’emplois au niveau de l’exportation n’ont donc pas un impact trop conséquent sur l’emploi ». Pour Manisha Dookhony, on n’assiste pas à la fin du secteur manufacturier.

« Ceux qui font des produits pour le marché local, par exemple, continueront à produire de plus belle car il y a une grande demande ». Pour l’économiste, « c’est un peu grâce à l’Afrique que les opérateurs mauriciens continuent leurs opérations.

On exporte de plus en plus vers l’Afrique du Sud, par exemple. Les grands groupes et magasins qui sont en Afrique du Sud demandent des produits mauriciens, mais il y a aussi des entreprises mauriciennes qui ont carrément ouvert des branches en Afrique et plus particulièrement en Afrique du Sud. Produire dans d’autres pays pour ensuite rapatrier les fonds vers Maurice est un business model en soi ».

Le textile reste le principal secteur d’exportation

Le secteur du textile reste la principale activité de l’industrie d’exportation mauricienne. Pour 2021, 24,4 % du secteur concernait l’habillement. Il représentait donc un quart des exportations mauriciennes. En seconde position, avec 13,5 %, il y avait le secteur du transport de poisson et plus particulièrement le thon. En troisième position de l’exportation, il y avait le sucre avec 10 %.

Les principaux partenaires de Maurice étaient l’Afrique du Sud, avec 13,8 % de nos exportations dirigées vers ce pays, la France (13,4 %), le Royaume-Uni (9,2 %), les États-Unis (8,3 %), puis Madagascar (7, 7%). En 6e position arrive l’Espagne (6,5%), suivi du Vietnam avec 4,5% et des Pays-Bas avec 3,9%. L’Inde est en 10e position des pays vers lesquels Maurice exporte avec 3,1% de nos exportations qui sont dirigées vers ce pays. Selon les chiffres officiels, Maurice importe beaucoup plus qu’elle n’exporte. Ceci provoque un déficit commercial structurel.

rr

 

 

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