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Révélations troublantes impliquant la MSAW : des expériences sur des chiens et chats dénoncées dans un rapport

Selon le rapport, une centaine de chiens errants capturés auraient été euthanasiés pour des prélèvements sanguins.
  • Le ministre Arvin Boolell annonce une enquête

Un rapport d’enquête, resté confidentiel pendant plus de deux ans, refait surface et met la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW) sous les projecteurs. Préparé en avril 2022 par la militante Rubina Juddhoo, membre du comité d’investigation constitué en 2020, le document avait été transmis au ministère de l’Agro-industrie ainsi qu’à la direction de la MSAW, sans qu’aucune suite ait été donnée à l’époque. Ce n’est que le vendredi 20 septembre 2025 que le directeur actuel, Tinagaren Govindasami, affirme avoir pris connaissance du rapport, qu’il affirme avoir lu avec stupeur et indignation. Une enquête est en cours, affirme le ministre de l’Agro-industrie.

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Le document, dont nous avons obtenu une copie, détaille une série d’expériences menées entre 2019 et 2020 avec la société privée Clinglobal Mauritius. Selon le rapport, chiens et chats auraient été utilisés dans des études scientifiques, en violation directe de l’Animal Welfare Act 2013 et des Animal Welfare (Experiment on Animals) Regulations 2017, qui limitent légalement les expérimentations aux macaques, souris, rats et lapins.

Trois phases sont décrites dans le rapport. Dans la première, environ une centaine de chiens capturés par la MSAW auraient été euthanasiés pour des prélèvements sanguins et des nécropsies. Dans la deuxième, 38 chiens auraient été « adoptés » par un vétérinaire présumé impliqué, mais utilisés ensuite pour des expériences scientifiques. Enfin, des chats auraient été retirés du refuge par le même vétérinaire sans documentation officielle.

Le rapport indique que le président du conseil d’administration de l’époque aurait signé un accord de confidentialité avec Clinglobal, sans informer le ministère, plaçant la MSAW dans une situation « ultra vires », soit en dehors de ses prérogatives légales. Ces agissements pourraient constituer une infraction grave passible de sanctions pénales, remettant en cause la gouvernance de l’organisme chargé de la protection animale.

Le ministre de l’Agro-industrie, Arvin Boolell, a réagi publiquement ce lundi 22 septembre. Il a rappelé que les faits dénoncés remontent à 2019-2020 et a souligné leur gravité. « On parle d’expérience menée sur des chiens et chats par un laboratoire. Le ministère et la MSAW suivent cette affaire de près. La MSAW fera une déposition à la police et les coupables ne resteront pas impunis. Depuis que la nouvelle équipe est aux commandes, la MSAW vise à faire de la protection animalière sa priorité. Je rassure qu’une enquête est déjà en cours pour mieux faire la lumière sur toute cette affaire », a-t-il déclaré.

Pour sa part, Tinagaren Govindasami a exprimé sa consternation et son incompréhension : « J’ai pris connaissance du document le 20 septembre et j’ai été choqué par son contenu. Nous allons nous rendre au CCID pour demander l’ouverture d’une enquête après l’avis légal du ministère. Il faut établir si les conclusions de ce rapport sont vraies ou fausses C’est très grave, car comment une telle chose a pu se faire sans l’aval du ministère à l’époque ? Nous n’avons aucune idée du laboratoire ni du vétérinaire en question. Il faudra attendre les retombées de l’enquête. »

Zones d’ombre

Le rapport met également en lumière plusieurs zones d’ombre : absence de suivi des animaux « adoptés », recours à des médicaments létaux fournis par le vétérinaire impliqué, et déclarations trompeuses présumées dans les médias. À ce jour, le nombre exact d’animaux concernés et les conditions des expériences restent indéterminés.

Selon le document, la MSAW manquait de contrôle et de supervision rigoureuse, alors même que l’organisme est censé défendre le bien-être animal. Cette contradiction soulève des questions sur la gouvernance, la transparence et la responsabilité des dirigeants de l’époque.

Pour de nombreux observateurs, cette affaire illustre un paradoxe inquiétant : l’institution chargée de protéger les animaux est accusée d’avoir toléré leur utilisation à des fins expérimentales. Le rapport souligne l’importance d’un cadre légal et d’un suivi institutionnel renforcés pour prévenir de telles dérives.

Les conclusions de l’enquête en cours détermineront si des poursuites seront engagées et pourraient conduire à une réforme du fonctionnement de la MSAW. Le ministre Boolell a réaffirmé la priorité donnée à la protection animale, mais la confiance du public envers l’institution reste fragilisée.

Tinagaren Govindasami précise que l’enquête devra clarifier pourquoi le rapport a été conservé sans suite et si cela constitue une infraction. Le silence entourant ce dossier de 2022 à 2025 renforce les soupçons de dysfonctionnements graves. La lumière devra être faite non seulement sur les expériences elles-mêmes, mais aussi sur l’inaction qui a suivi.

Nous avons tenté d’avoir une réaction du vétérinaire impliqué, de Clinglobal Mauritius, ainsi que des autres protagonistes de cette affaire, mais en vain.

 

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