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« Renaitre à l’amour » de Ponsamy Poongavanon : une ode aux secondes chances 

Tout n’est jamais perdu en amour, on arrive toujours à s’en sortir. C’est le propos du dernier livre de Ponsamy Poongavanon intitulé « Renaitre à l’amour » où il invite à « redécouvrir la profondeur et la beauté de l’amour » à travers les hauts et les bas du couple Marc et Émilie.

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« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, mâle et femelle il les créa. Dieu les bénit et leur dit : soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre ». L’histoire de l’humanité, selon le christianisme, commence par la bénédiction du premier couple humain, suivie de l’appel à ne pas vivre seul et à se reproduire.

La conception chrétienne du mariage s’inspire de l’humanité dans la Bible et elle s’y réfère dans les liturgies du mariage. Ce dernier constitue la cellule germinale de la famille et l’expression que la création est « bonne » selon l’intention de Dieu. Le mariage religieux se donne pour objectif de rappeler la mission et l’acte « divins » de création et place le couple et la parentalité dans la ligne de la bénédiction divine. 

Le propos de Ponsamy Poongavanon s’inscrit en droite ligne de cette prescription biblique et il exclut toute idée de divorce ou séparation au nom de l’amour et des enfants. On peut légitimement se demander comment l’auteur, qui se présente notamment comme sociologue de formation, peut envisager l’avenir du couple telle une entité figée. Cela paraît surprenant à une époque où les divorces se multiplient et où les mutations sociales, économiques et culturelles bouleversent les repères traditionnels.

Ponsamy Poongavanon : «Ne laissez pas la routine ou les responsabilités quotidiennes éteindre la flamme de votre passion.»

Cependant, il ne faut pas oublier que l’auteur aborde le mariage à travers le prisme de son propre passé et de ses convictions religieuses. À ses yeux, les traditions s’accordent pour considérer le couple comme une alliance voulue par Dieu. Et selon lui, Dieu bénit ce qui suit sa volonté et sanctionne lorsque les humains ne cherchent que leur intérêt personnel.

Description idyllique

Dès les premières pages de son livre, Ponsamy Poongavanon plante le décor avec une description idyllique des sentiments éprouvés mutuellement par Marc et Émilie. Le premier est « ingénieur brillant, passionné par son travail et toujours à la recherche de nouveaux défis (…), mais au-delà de son succès professionnel, il aspire à une vie personnelle épanouissante ». Quant à Emilie, son parcours et sa psyché sont plus humains, elle est « une enseignante dévouée, pleine de compassion et d’empathie, concevant son travail comme une mission et un rêve d’un monde meilleur où chaque enfant pourra s’épanouir ».

Ce sont deux visions du monde diamétralement opposées. Toutefois, comme les contraires s’attirent, ils vont s’éprendre l’un de l’autre, donnant « naissance à une romance envoûtante, pleine de promesses et de rêves partagés ». Et, hasard du récit, nos deux tourtereaux habitent tous deux à Blue-Bay, un « endroit pittoresque » qui avec ses « plages et collines verdoyantes et le parfum des fleurs tropicales », leur sera un véritable « cadeau de la nature ». 

Tout au long de ce descriptif, l’auteur ne s’épargne aucun détail que ne renierait aucune carte postale vantant les attraits de Maurice. C’est bien une réalité qui est vendue aux couples étrangers venus s’échanger leurs bagues sur nos rives. Pourquoi, alors, un couple bien de chez nous ne vivrait-il pas un tel bonheur ! Pourquoi n’existerait-il plus de couple romantique en cette ère où les machines sont en train de remplacer des salarié-e-s ? Pourquoi une jeune femme ne sentirait-elle plus son cœur battre la chamade lorsque son jules lui avoue qu’il devient ‘meilleur’ grâce à son sourire, sa douceur et sa force ? 

Une chose est surprenante : ce monde que nous décrit Ponsamy Poongavanon n’a ni smartphones, tablettes ou Internet. L’auteur a manifestement cherché à dépouiller son récit de ces appareils, son seul et unique but étant de mettre l’accent sur des élans de cœur d’un couple, leur mariage, leur échec, puis leur rédemption grâce à la thérapie de groupe spirituelle. 

Le mariage religieux se donne pour objectif de rappeler la mission et l’acte « divins » de création et place le couple et la parentalité dans la ligne de la bénédiction divine.»

Le propos est, à coup sûr louable, et quant aux explications que le couple se donne sur l’échec de leur mariage, elles sont de plus acceptables : absence de communication, un mari privilégiant sa carrière aux dépens de sa famille, entre autres. On y lit aussi que c’est le mari seul qui décidait du budget familial. Curieusement, Ponsamy Poongavanon, pourtant sociologue, ne voit aucun facteur extérieur expliquant le divorce du couple. 

Les facteurs, dits modernes et jadis portés par des discours féministes, n’y sont pour rien : Marc n’est pas un ignoble phallocrate ou un mari infidèle pas plus que la douce Émilie soit une mère indigne qui néglige ses enfants ou ses travaux ménagers. 

Pasteur André

Aussi lorsque les manuels sociologiques ou des psychologues se révèlent incapables d’apporter des solutions au sein du couple, ce sera auprès du pasteur André que celui retrouvera la flamme perdue. Et ce sera dans le Nouveau Testament que ce dernier puise ses réponses durant les séances de communication de groupe pour croire à nouveau que « l’amour est une aventure merveilleuse… ».

Est-ce que le livre de Ponsamy Poongavanon a-t-il valeur d’universalité ? Certes, la thérapie de groupe sans contenu religieux s’est longtemps appuyée sur le partage d’expériences. Elle invite aussi les participant·e·s à réagir face à des pensées automatiques, qu’elles prennent la forme de mots ou d’images.

Toutefois, dans son livre, Ponsamy Poongavanon plaide, lui, en faveur d’une réconciliation avec le Christ afin que l’individu puisse transformer sa vie. Pour l’auteur, la communication, le partage, la disponibilité sont les mots-clés pour régénérer les sens qui animaient ses deux protagonistes au départ de leurs relations. 

« À travers les expériences de Marc et d’Emilie, nous avons constaté que l’amour n’est pas simplement un sentiment romantique, mais un engagement quotidien », écrit-il avant de poursuivre : « Ne laissez pas la routine ou les responsabilités quotidiennes éteindre la flamme de votre passion ». 

Tout l’argumentaire de l’auteur face à la modernité et ses mutations et crises – divorces, familles recomposées ou homoparentalité – repose sur fond sur l’indissolubilité du couple, entre autres. L’amour n’est possible que dans le respect de la liberté de chacun, l’accueil, et l’écoute de l’autre. Il est communion de deux personnes : le projet est bien de former une communauté et non une fusion passionnelle. 
La leçon à tirer de ce livre, c’est de prendre le temps de découvrir l’autre, avec ses propres désirs, son mode de fonctionnement, sa psychologie. C’est accueillir son histoire, sa famille et son éducation.
« Renaitre à l’amour », de Ponsamy Poongavanon
Imprimé par SR Printing

 

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