Le ministère de l’Environnement a élaboré un plan d’action afin de gérer efficacement un éventuel déversement d’huile dans le sud-est. C’est la région où se sont échoués le MV Wakashio en 2020 et le MV Benita en 2016.
Selon le plan, les efforts des autorités, en termes de déploiement de personnel et d’équipements, devront être concentrés autour de deux sites : Rivière-des-Créoles et Ferney. C’est ce qu’indique une étude effectuée avec l’assistance technique du gouvernement japonais, par le biais de l’ONG Japan International Cooperation Agency (JICA).
« Cette étude a permis de cartographier les courants marins de la région de Le Chaland à Deux Frères, à marée montante et à marée descendante. Il a ainsi été constaté que le courant a tendance à se diriger vers Rivière-des-Créoles et Ferney », a expliqué un préposé du ministère de l’Environnement, lors d’un atelier de travail, à Pointe-Jérôme la semaine dernière.
Grâce à des logiciels développés par des Japonais, une simulation d’un déversement d’huile dans des conditions spécifiques à l’endroit même où le MV Wakashio s’était échoué a été réalisée. Ce qui a permis de prédire le mouvement de l’huile sur plusieurs heures avant que celle-ci n’atteigne nos côtes, en tenant compte des courants marins.
Sur la base de ces données scientifiques, un « tactical sheet folio » a été élaboré. Les autorités ont fixé comme priorités la déflexion et la collecte d’huile ainsi que la protection des zones sensibles. Leur stratégie consiste ainsi à protéger la côte et la forêt de mangroves et à collecter l’huile flottante en le déviant vers un ou plusieurs points de collecte.
Manœuvres compliquées
Ces opérations nécessiteront le déploiement de plusieurs centaines de « booms », afin de dévier l’huile vers trois points de collecte. Des pêcheurs de la région disposant de petites embarcations. Et un « heli skimmer » (NDLR, une embarcation spécialisée) opéré par la National Coast Guard seront utilisés pour collecter l’huile en mer. Enfin, des « absorbent booms » seront déployés devant la forêt de mangroves en cas de nécessité.
Le ministère reconnaît toutefois que les manœuvres de récupération d’huile en mer peuvent s’avérer compliquées. Une stratégie consiste ainsi à récupérer l’huile une fois qu’elle atteint la terre. « Selon le NOAA Sensitivity Index, les mangroves et les herbiers marins sont plus sensibles et plus compliqués à nettoyer. Par contre, les structures artificielles sont considérées comme moins sensibles et plus faciles à nettoyer. C’est aussi le cas pour les plages sableuses, contrairement à ce qu’on pourrait croire », précise-t-on.
Pour y parvenir, les autorités se donnent trois heures pour mobiliser leurs troupes et embarquer, transporter et débarquer les matériels nécessaires vers des zones déjà identifiées. L’objectif désormais est de faire des simulations sur le terrain afin de vérifier le temps de réaction. « Étant donné que nous sommes limités en termes de ressources, aussi bien humaines que matérielles, des ajustements seront certainement nécessaires pour améliorer le plan et le mettre à jour », explique le ministère de l’Environnement.
L’étude des Japonais ne s’est toutefois pas limitée à la région du sud-est. Deux autres sites considérés comme « à haut risque » par les Japonais ont également fait l’objet d’étude. Ce qui tient en compte des naufrages qu’ont connus des navires par le passé. Il s’agit notamment de la région portuaire qui s’étend d’Albion à Balaclava, ainsi que du secteur nord-est de Maurice, qui s’étend de Poste-de-Flacq à Bain-de-Rosnay.
L’assistance technique de la JICA a aussi permis de former sept préposés du ministère de l’Environnement, de la National Coast Guard et de la Special Mobile Force. « Ce qui nous permet d’avoir des experts en gestion de déversement d’huile, que nous n’avions pas en 2020 lors du naufrage du MV Wakashio. Nous avions alors dû faire appel à des experts étrangers », indique le ministère de l’Environnement.
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