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Rapport du PRB : flou et relativité salariale au centre des préoccupations des syndicats

Radhakrishna Sadien, président de la State and Other Employees Federation. Narendranath Gopee, de la Federation of Civil Service and Other Unions. Deepak Benydin, président de la Federation of Parastatal Bodies & Other Unions.

Lors de son discours dans le cadre de l’inauguration du nouvel hôpital de Flacq, mardi, le chef du gouvernement a annoncé que le rapport du Pay Research Bureau (PRB) sera dévoilé fin 2025. Il a aussi indiqué que le gouvernement a décidé que les recommandations du rapport seront applicables à partir de janvier de la même année, soit en janvier 2025. Face à cette annonce, des syndicats affirment que le flou perdure sur plusieurs aspects.

Le président de la State and Other Employees Federation (SOEF), Radhakrishna Sadien, explique que la demande pour la mise en pratique comme demandé au Premier ministre dans une lettre a été écoutée. Cependant, il affirme qu’il y a des points qui ne sont pas pris en compte. « Je suis content que le gouvernement ait écouté la voix des travailleurs concernant la date de mise en pratique, mais cela n’a pas réglé le problème de distorsion salariale, qui reste une priorité pour moi », avance-t-il. 

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Radhakrishna Sadien ajoute que le PRB a commencé son travail, mais on ne sait pas encore quand le rapport sera prêt. « Maintenant, on annonce l’implémentation, mais il ne faut pas noyer le poisson. Quand je vois les annonces qui sont faites, le PM parle des salaires seulement. Toutefois, les conditions de travail ne sont pas mentionnées. Est-ce qu’elles seront appliquées plus tard ? Tout cela doit être clair. Quand le PRB prend effet, toutes les conditions doivent l’être en même temps. Nous avons déjà vu ce piège avant », fait ressortir notre interlocuteur. 

Il est aussi d’avis que le rapport aurait dû prendre effet à la date avancée pour le paiement intérimaire et non en janvier 2025, sinon, dit-il, « cela n’a pas de sens ». « L’intérimaire est insuffisant. Le PRB doit faire les ajustements à partir de l’annonce de l’intérimaire », déclare-t-il. 

Zones d’ombre

Le syndicaliste évoque de plus qu’il y a des zones d’ombre, notamment pour ceux qui sont déjà à la retraite, où les réajustements salariaux n’ont pas été pris en compte. « Le PRB, en tant que rapport et institution, doit traiter la question des distorsions salariales, et la date d’implémentation est cruciale. Ce qui est dans le rapport est important, et tout cela aurait dû faire l’objet de consultations avec les syndicats. Il fallait en discuter ensemble avant de faire des annonces », soutient-il. 

Pour sa part, Narendranath Gopee, de la Federation of Civil Service and Other Unions (FCSOU), ne cache pas que la situation actuelle est préoccupante. « Nous avons déjà vu des promesses similaires, comme celle concernant les travailleurs du dimanche qui devaient recevoir le double salaire. Cela a créé une grande confusion, avec des problèmes d’implémentation encore présents aujourd’hui, certains employés étant payés, d’autres non. Il n’y a aucune clarté sur cette question », évoque-t-il. 

Déclaration d’intention

Notre interlocuteur renchérit que ce qui se passe maintenant est une déclaration d’intention, mais passer de l’intention à la mise en œuvre est un autre défi. « Comment peut-on être certain que le rapport PRB sortira bien en décembre 2025 ? Nous savons tous que les rapports PRB sortent souvent en retard. Par exemple, au lieu de décembre 2020, le dernier rapport est sorti en octobre 2021, avec un effet rétroactif à janvier 2021 », relate-t-il. 

Narendranath Gopee précise que si le rapport doit être prêt en décembre 2025, il mettra une pression énorme sur le PRB. « Sans cette pression, il aurait peut-être été publié en mai ou juin 2026. Alors, comment peut-on être certain que le rapport sortira en 2025 ? Si le rapport sort en 2026, les arriérés seront calculés à partir de janvier 2026, en tenant compte du retard. Si le rapport sort en 2025, quel arriéré sera payé en janvier 2025 ? », se demande-t-il. 

Pour lui, la question devient encore plus complexe : « Est-ce que les arriérés seront basés sur le nouveau salaire, par exemple, un salaire passant de Rs 50 000 à Rs 60 000, ou seulement sur le différentiel salarial ? Cette confusion est préoccupante. Lorsqu’on fait des promesses de ce genre, il est essentiel de laisser une marge de manœuvre pour les négociations. Il n’est pas sage de fausser les attentes », estime notre intervenant.

Le syndicaliste affirme que la meilleure chose que le Premier ministre aurait dû dire, c’est : « Je vais mettre la pression sur le PRB pour que le rapport sorte en décembre 2025 », sans engager financièrement l’État, surtout lorsqu’on est un gouvernement sortant. « Cela mettrait une pression sur le fonds consolidé, avec un coût d’implémentation de Rs 5 milliards, ajoutant une pression financière supplémentaire », prévient-il.
Il est aussi d’avis que d’un autre côté, cela pourrait conduire à une inflation accrue et à une dépréciation de la roupie. Un nouveau salaire pourrait être accordé, mais l’effet rétroactif ajouterait de l’argent supplémentaire, ce qui déprécierait davantage la roupie, et ce nouveau salaire ne serait qu’une valeur notionnelle.

Discussion tripartite

Le syndicaliste avance qu’il est nécessaire d’engager une discussion tripartite. « Il faut mettre ce dossier sur la table et discuter. Il serait également bon d’expliquer si les arriérés seront basés sur le nouveau salaire ou sur le différentiel salarial pour un an », espère-t-il.

Il souligne de plus que pour le moment, nous ne sommes qu’à l’expression d’une intention. II explique qu’il existe des procédures pour donner une dimension légale à cela, qui doivent être ratifiées par le Cabinet des ministres. Ensuite, le Secrétaire du Cabinet doit émettre une circulaire pour mettre en œuvre la décision. « Beaucoup d’incertitudes persistent, ce qui perturbe le bon fonctionnement de l’institution même du PRB. En mettant trop de pression sur lui, le travail risque d’être bâclé », s’insurge le syndicaliste qui encore une fois avance qu’il y a déjà beaucoup de pression pour préparer un rapport. Il met en garde que si cela continue, « nous risquons d’obtenir un rapport bâclé ».

Réalignement salarial

Deepak Benydin, président de la Federation of Parastatal Bodies & Other Unions (FPBOU), dit apprécier l’annonce du Premier ministre, surtout dans le contexte où les fonctionnaires demandaient un rapport tous les trois ans. « Xavier Duval avait déjà instauré cette pratique de trois ans, mais elle était ensuite passée à cinq ans. Le fait de recevoir ce rapport avec un effet rétroactif d’un an est également bien accueilli.

Cependant, le problème principal reste le réajustement qui était attendu depuis janvier 2024. Ce manque à gagner sur un an, en particulier avec l’intérim de 5%, ne semble pas être dans le bon sens », met-il en avant.

Le syndicaliste souligne par ailleurs que la fonction publique, avec toutes ses conditions bien définies, repose sur une grille salariale (masterscale). « Nous ne comprenons pas pourquoi ces 5% ont été accordés, et j’ai fait entendre ma voix au National Wages Council. Nous continuons à insister sur la nécessité de réaligner les salaires avec le salaire minimum. Ce réalignement reste une priorité pour nous », lance-t-il. 

Du côté de la Government Services Employees Association (GSEA), Iqbal Amiran déclare aussi que le flou persiste autour du paiement qui se fera par le Pay Research Bureau aux fonctionnaires. « Le récent ajustement de cinq pour cent, n’adresse pas la question de la relativité salariale dans la fonction publique », déplore-t-il.

Le président de la GSEA ajoute de plus que les fonctionnaires toucheront une Interim Allowance de 5 % sur le Master Salary Scale comme mentionné dans le rapport PRB de 2021. « Cela se traduit par une augmentation de 5 % du salaire de base, avec un maximum de Rs 2 000 et un minimum de Rs 500 », soutient notre interlocuteur. 

  • Salon

 

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