Vu plus de 40 années de bons et loyaux services dans la Fonction publique, Rajeshwar Duva Pentiah est récompensé par le titre de Commander of The Star and Key of the Indian Ocean. Il est aussi président de l’Open University de Maurice, un véritable défi à l’ère des mutations dans le monde du travail.
Des ministres, Rajeshwar Duva Pentiah en a vus – 16 au total – et leur a servi son expérience de fonctionnaire avec toujours la même efficacité et dévouement. « Contrairement à la France, où c’est la politique qui prime sur l’administratif, Maurice a choisi le système westministérien, avec un Permanent Secretary (PS), à la place du directeur de cabinet. Donc, Maurice a choisi de privilégier la permanence de l’État, ce qui a permis de maintenir notre stabilité. »
De Mahébourg, sa ville natale, où il est né dans une famille de petits bourgeois, à Curepipe, où il s’engage dans la Fonction publique, à 19 ans et après une année dans l’enseignement, Rajeshwar Duva Pentiah a gravi les échelons dans la Fonction publique jusqu’aux fonctions suprêmes, celles de secrétaire permanent. « C’est un poste d’influence. Il est tentant de s’en servir pour en tirer des avantages, mais je ne connais personne qui l’a fait. Mais nous sommes tenus d’informer le ministre des rouages de son ministère, de ses règlements, des petits détails, de la nature du travail de ses fonctionnaires. Ne pas le faire, ce serait manquer à nos devoirs. D’autres pourraient penser à du sabotage. »
Plus de 40 années à remettre le couvert à chaque nouvelle configuration politique n’usent-t-ils pas le fonctionnaire rompu aux procédures administratives routinières ? « Non, au contraire, s’empresse de répondre Rajeshwar Duva Pentiah. Il y a une part d’excitation à l’idée de découvrir le programme gouvernemental d’un parti arrivé au pouvoir. On veut connaître ses projets, ses ambitions et quels moyens compte-t-il mobiliser pour y arriver. » À un tel niveau de responsabilités, où il a le privilège de prendre connaissance des dossiers sensibles, le PS est véritablement aux premières loges, mais dont l’obligation de réserve tempère toute velléité de communication avec la presse.
Le fait d’avoir servi sous 16 différents ministres lui donne aussi le privilège de connaître les petits travers des uns et des autres. « Il y a les vieux routiers et les jeunes qui en sont à leur premier ministère. Ceux-là avancent à tâtons et parfois ils viennent nous demander conseil. Les ‘anciens’ aussi peuvent être humbles pour rechercher un avis », explique notre intervenant. Mais une règle généralement apprise et admise pendant les stages des fonctionnaires revient constamment dans la vie du haut commis de l’État. « Je n’ai jamais franchi la ligne rouge qui me séparait du politicien. Ce qui signifie que nos relations restent strictement professionnelles. Ni l’un ni l’autre ne s’autorise de parler politique. »
Que faire lorsque le courant ne passe pas entre un ministre et son PS ? « Cela est déjà arrivé. Le PS a mis le Prime Minister’s Office (PMO) au courant, lequel a recadré le ministre. Lorsque l’affaire semble sans issue, le PS ou le Permanent Assistant Secretary (PAS) est muté. C’est l’une des explications de leurs mutations. »
Y a-t-il une vie après presque un demi-siècle passé dans la Fonction publique ? « Il y a même plusieurs vies, plaisante Rajeshwar Duva Pentiah. Après ma retraite en 2013, deux ans plus tard, mon épouse et moi sommes partis à Bali, puis à Lille en France, où vit ma fille. Je lis en ce moment une biographie de Winston Churchill. Je suis inscrit au Writers Bureau de Manchester, je fais du yoga et je joue au violon. Sans oublier mon poste à l’Open University. En fait, le temps me manque. » À Moka où il habite, l’endroit s'y prête : le climat, une nature abondante et loin de la foule déchaînée. « Toutes les conditions sont réunies pour écrire un livre dans quelques années. »
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