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Questions à Suttyhudeo Tengur, président de l’APEC : «L’Inde n’installera jamais de base militaire à Agalega»

Suttyhudeo Tengur

Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (Apec), soutient que l’Inde n’installera pas de base militaire à Agalega.

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Aussi, dit-il, injecter la nouvelle ligne de crédit offerte par l’Inde, samedi, pour rembourser les clients du Super Cash Back Gold n’est pas une bonne solution.

Maurice a obtenu une nouvelle ligne de crédit de la Grande péninsule samedi. On parle ici de USD 500 millions (environ Rs 17 Md). Ne risque-t-on pas d’être redevable
à l’Inde ?
Maurice n’est pas un pays en voie de développement et est dans la ligue des pays à revenus moyens. À ce titre, nous ne sommes plus éligibles à recevoir des dons de l’Europe et autres. Nous devons donc nous tourner vers des pays amis, comme la Chine et l’Inde. La Grande péninsule aide d’autres pays de la région, dont les Seychelles. L’Inde nous aide que par pure amitié.

Qu’en est-il d’Agalega, pour lequel l’Inde porte une attention particulière ?
L’Inde n’a jamais colonisé un quelconque pays. Elle veut vivre en bon voisinage et souhaite la stabilité dans l’océan Indien. On se trompe si on pense que l’Inde s’intéresse à Agalega pour y implanter une base militaire. En fait, c’est Maurice, et cela remonte à l’ancien gouvernement, qui a démarché l’Inde pour développer cet archipel.

Mais une base au milieu de l’océan Indien serait-elle utile à l’Inde ?
La Grande Péninsule compte plusieurs îles dans l’océan Indien. Pourquoi aller chercher ailleurs ? Elle n’utilisera jamais Agalega comme point stratégique. Le problème de l’Inde, c’est le Pakistan et, dans une moindre mesure, la Chine. Il n’y a aucune raison politique, économique ou militaire pour aller à Agalega. Puis, la technologie étant tellement avancée, ce sont des bateaux et porte-avions qui sont utilisés comme bases militaires aujourd’hui. L’Inde n’a de base dans aucun pays au monde… Alors pensez-vous vraiment qu’il fera une exception pour Agalega ?

En tant que président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (Apec), vous avez écrit aux parlementaires pour les avertir d’une tentative de rachat de la MauBank pour Rs 19 milliards. Pourquoi ?
Pendant la récente grève de la faim des souscripteurs au plan Super Cash Back Gold (SCBG) et à Bramer Asset Management, il a été question d’un homme d’affaires qui voulait racheter la MauBank pour Rs 19 milliards. Avec cet argent, le gouvernement aurait pu rembourser tout le monde tout de suite, mais il a imposé des conditions qui ne sont pas acceptables.

Qui est cet homme ?
C’est un businessman indien qui a déjà fait des investissements à Maurice, notamment dans l’hôtellerie. Je précise qu’il n’a rien à faire avec le gouvernement indien. Il a proposé de racheter la MauBank, évaluée à Rs 4 milliards, pour une somme de Rs 19 milliards. Or, il paraît que certaines conditions y sont attachées.

J’ai pu comprendre que cet homme veut que le gouvernement mauricien s’engage à passer toutes les aides reçues par l’Inde par la MauBank, tout comme les aides financières offertes aux Petites et moyennes entreprises. Il souhaiterait aussi que le gouvernement continue à renflouer les caisses de la banque et que toutes les transactions financières de l’État soient canalisées par cette entité financière. Pour moi, c’est plus grave que ce qui s’est passé avec la BAI.

Et c’est inacceptable, pour vous ?
Bien entendu. Quand l’État s’engage auprès d’une banque, celle-ci peut imposer les taux qu’elle souhaite auprès de l’État et cela au détriment des citoyens. C’est quelque part leur argent qui est concerné. Aujourd’hui, le gouvernement va - ou est censé aller - vers la banque qui offre les meilleures conditions pour ses transactions.

Vous parlez d’un lobby, dans votre lettre aux parlementaires…
L’annonce de l’intérêt de ce businessman, dont je tairai le nom, a été faite durant la grève de la faim. Je ne crois pas que ce soit un lobby politique. Quoiqu’il en soit, cela flaire l’affairisme.

Rs 19 milliards, c’est quand-même une somme considérable…

J’applique ma logique et n’importe qui peut le faire. Si quelqu’un veut débourser autant d’argent pour quelque chose qui vaut Rs 4 milliards, cela veut dire qu’il est convaincu qu’il peut gagner beaucoup plus en retour. Il a dû penser avoir trouvé la poule aux œufs d’or. Il y a quelque chose de louche quelque part. Mais, ce qui est rassurant, c’est qu’a priori, le gouvernement a rejeté cette offre, du moins pour le moment. Sinon, le Premier ministre Pravind Jugnauth ne serait pas parti en Inde pour demander une ligne de crédit de USD 500 millions.

Est-ce que ce serait une bonne chose de rembourser les souscripteurs au SCBG et à BAM avec cet argent, comme Pravind Jugnauth l’avait promis ?
On utilise l’argent prêté par un autre pays pour des développements. Il faut penser dans l’intérêt du pays et du peuple, car c’est ce dernier qui devra rembourser l’emprunt au final. L’argent d’une ligne de crédit ne peut servir à rembourser une transaction privée entre une personne et une banque ou une compagnie d’assurances.

 

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