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Projet de loi : vers une approche plus cohérente de la lutte contre la drogue

Les parties prenantes insistent sur la nécessité de renforcer la prévention, la réhabilitation et le rôle de la société civile dans le combat contre la drogue.

Le National Agency for Drug Control Bill de 2025 marque une avancée notable. Toutefois, ce projet de loi nécessite des ajustements pour renforcer la prévention, la réhabilitation et l’inclusion de la société civile, estiment des experts du domaine.

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Le National Agency for Drug Control Bill No. VI of 2025 représente une avancée importante dans la lutte contre la drogue à Maurice, selon Kunal Naïk, psychologue et addictologue. Il considère que ce projet de loi offre une approche plus coordonnée et centrée sur la santé en mettant l’accent sur la prévention, le traitement et la réinsertion, tout en impliquant divers acteurs multisectoriels. 

Cependant, il souligne certaines lacunes : « Il y a un manque de clarté sur la réduction des risques, l’absence de garanties en matière de droits humains, et une gouvernance peu transparente ». Pour renforcer l’efficacité de cette loi, Kunal Naïk recommande l’intégration de mécanismes de contrôle indépendants, des réformes juridiques plus progressistes, ainsi qu’une reconnaissance explicite du rôle de la société civile.

Vide administratif

Pour sa part, Imran Dhannoo, du Centre Dr Idrice Goomany, parle des effets néfastes de la fermeture de la NATReSA en 2016. Selon lui, cette décision a créé un vide administratif et juridique dans la lutte contre la dépendance, même si ce dernier a été partiellement comblé par le National Drug Secretariat Office, malgré des ressources limitées. « Il est clairement évident en parcourant les provisions du ‘National Agency for Drug Control Bill’, que l’approche préconisée maintenant est beaucoup plus aérée et englobante. Elle inclut les différentes composantes majeures dans la lutte contre l’abus et le trafic illicite des stupéfiants », indique-t-il.

Imran Dhannoo souligne aussi que le fait que l’agence soit placée sous le Bureau du Premier ministre est une décision judicieuse, étant donné l’ampleur nationale du problème de la drogue. « Il est rassurant de savoir que la nouvelle agence sera dirigée par un professionnel mauricien ayant travaillé récemment pour le bureau de l’United Office for Drug and Crime (UNODC) », ajoute-t-il. 

Imran Dhannoo plaide pour une approche professionnelle et coordonnée, avec des experts à la tête des divisions et comités. Il espère que le gouvernement présentera bientôt un plan directeur pour lutter contre ce fléau, et qu’un état des lieux de la consommation, en particulier de nouvelles substances de synthèse, sera réalisé.

En sus, Imran Dhannoo souligne que la coordination et l’évaluation seront essentielles pour mener à bien cette mission. Selon lui, il est impératif que des professionnels qualifiés soient nommés dans les rôles clés. « Il est impératif que des professionnels dans leur domaine respectif soient nommés, et non des personnes catapultées », fait-il ressortir.

Imran Dhannoo réitère également son soutien à la nouvelle agence, en soulignant que la collaboration de toutes les parties prenantes – institutions étatiques, privées, politiciens, société civile, et citoyens – est indispensable pour réussir ce combat. Il cite Antoine de Saint-Exupéry : « Il faut qu’on regarde ensemble dans la même direction » pour protéger la société mauricienne des conséquences du fléau de la drogue.

Réhabilitation

Pour Teeven Roussety, Programme Manager au Centre d’Accueil de Terre-Rouge (CATR), le projet de loi représente un pas dans la bonne direction pour prévenir la rechute des usagers de drogues. Toutefois, il plaide pour des mesures supplémentaires pour la réhabilitation et la réinsertion. « Les ONG n’ont pas les ressources nécessaires pour accueillir un grand nombre de bénéficiaires des programmes de réhabilitation. Il faut plus de structures solides pour cela », indique-t-il. 

En outre, il rappelle l’importance de la qualité humaine des intervenants. « Une bonne partie de nos animateurs sont d’anciens usagers de drogues qui savent comment établir un climat de confiance. Si nous n’avons pas des personnes bienveillantes et sans préjugés, le programme ne pourra pas réussir », avertit-il.

Pour conclure, il appelle à une meilleure coordination entre les ONG, même si leurs approches varient. « Il faut vraiment avoir une bonne coordination et concertation pour gagner la bataille en mettant l’accent sur la réhabilitation et la réinsertion », dit-il.

Le National Agency for Drug Control Bill dans les grandes lignes

Le National Agency for Drug Control Bill, présenté au Parlement le mardi 8 avril, vise à établir une nouvelle entité, la National Agency for Drug Control (NADC). Celle-ci sera l’organe principal chargé de traiter les problèmes liés à la prévention de la consommation et au contrôle des drogues à Maurice.

La NADC aura des responsabilités plus larges que celles de l’ancienne National Agency for the Treatment and Rehabilitation of Substance Abusers (NATReSA) et sera chargée de la réduction de la demande de drogues et la prévention de la consommation de drogues.

La nouvelle agence va aussi assurer la coordination et le suivi du traitement et de la réhabilitation des consommateurs de drogues, ainsi que de leur réinsertion sociale. Elle s’occupera aussi de la réduction des risques associés à l’usage de drogues, en minimisant les conséquences négatives sur la santé et la société, et en réduisant la transmission du VIH, du sida et de l’hépatite C parmi les usagers de drogues.

La NADC aura aussi pour mission de réduire l’offre des drogues et établira des mesures pour prévenir, réduire ou perturber l’entrée, la production et la disponibilité des drogues.

L’agence sera administrée par le Drug Control Board, responsable des décisions politiques sur son fonctionnement. Elle comprendra plusieurs divisions pour soutenir sa mission telle qu’une division de politique, recherche et stratégie ; une division de services de traitement et de réhabilitation ; une division de prévention et de sensibilisation du public. Il y aura aussi une division de prévention et de soins relatifs au VIH/SIDA, ainsi qu’une division de coordination de la réduction de l’offre de drogues. La NADC devrait jouer un rôle clé dans la lutte contre l’abus de drogues à Maurice.

Le projet de loi prévoit également la création de la National Drug Control Commission, composée du Premier ministre, du Premier ministre adjoint et d’autres ministres. Elle aura pour responsabilités de déterminer les objectifs, les politiques et les priorités en matière de contrôle des drogues à Maurice. La commission va aussi superviser la coordination globale de toutes les activités de contrôle des drogues dans le pays, afin de favoriser une plus grande collaboration et synergie entre les parties prenantes.

Un suivi et l’évaluation de la mise en œuvre du National Drug Control Master Plan, ainsi que du National Action Plan for HIV and AIDS est également prévu. 

Selon le projet de loi, cette commission jouera un rôle crucial dans l’élaboration des politiques nationales et dans la supervision de l’ensemble des initiatives liées au contrôle des drogues et à la lutte contre le VIH/SIDA.

 

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