Quel rôle jouent les caractéristiques géologiques et géomorphologiques de Maurice dans la capacité de stockage des réservoirs ? Comment cette capacité pourrait-elle être optimisée ?
En tant qu’île volcanique, Maurice possède des couches perméables et imperméables à la surface et en subsurface. Avec une pluviosité adéquate par rapport à nos besoins, ces caractéristiques favorisent une bonne infiltration et un écoulement hydrologique qui jouent en notre faveur. Nous comptons 52 cours d’eau et cinq aquifères principaux qui sont rechargés par les eaux de pluie.
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Le paradoxe principal réside dans le fait que, même si nous recevons en moyenne 4 000 mm de pluie par an dans nos zones de captage du plateau central, la CWA n’en capte que 9 %. Chaque année, plus de 100 millions de m³ d’eau douce se perdent en mer.
À cela s’ajoute notre consommation quotidienne de 170 litres d’eau par personne, un chiffre élevé en comparaison avec Singapour ou les pays européens, par exemple. Maurice pourrait s’inspirer de Rodrigues, où le captage de l’eau de pluie est une pratique naturelle. Malheureusement, ici, la collecte des eaux de pluie peine à s’imposer. Une véritable éducation est nécessaire sur ce sujet.
Permettez-moi de citer une remarque du Fonds monétaire international (FMI) à ce sujet : « The Mauritius water problems are largely a crisis of governance rather than climate and geography ». Ainsi, pour équilibrer l’équation entre la demande et l’offre, il est impératif d’augmenter notre capacité de stockage.
Selon le rapport mondial sur les risques 2021, l’île Maurice est classée au 51e rang des pays les plus exposés aux risques naturels. De plus, le rapport de l’ONU SIDS in Numbers 2017 prévoit que nous deviendrons un pays en situation de stress hydrique en 2025. Sommes-nous déjà confrontés à cette situation ? Peut-on encore inverser la tendance ?
En moyenne, Israël reçoit 50 % moins de pluie que nous. Pourtant, sa population bénéficie d’un approvisionnement en eau potable 24/7. Pourquoi pas nous ? Non, je ne suis pas d’accord pour dire que nous sommes ou serons en situation de stress hydrique. Le problème réside tout simplement dans une mauvaise gouvernance, comme l’a justement souligné le FMI.
Certes, nous devons faire face aux changements climatiques et à des aléas météorologiques. Il est question ici de pluies devenant plus sporadiques avec des variations spatiales et temporelles (« spatial and temporal changes »). Cependant, avec une bonne gouvernance, une vision claire et une résilience appropriée, nous pouvons gérer cette situation dès maintenant et pour l’avenir.
Quel est l’impact des changements climatiques sur les modèles de ruissellement et d’infiltration à Maurice. Quelles mesures peut-on adopter pour y faire face ?
Les changements climatiques entraînent des problèmes, comme les pluies torrentielles et les inondations éclair (« flash floods »). Cependant, notre géologie, notre morphologie et notre gradient hydraulique favorisent un écoulement rapide de l’eau excédentaire à la surface, via nos cours d’eau. De plus, cette eau s’infiltre rapidement vers nos nappes souterraines.
Il est impératif de cesser de bétonner Maurice et de privilégier la reforestation au lieu de la déforestation. De nombreuses mesures peuvent être prises pour améliorer la situation. Par exemple, plus de 80 % des eaux usées se déversent en mer. Avec une technologie appropriée, elles pourraient être réutilisées pour des besoins d’irrigation. En parlant d’irrigation, il est également important de noter que plus de 20 % de l’eau utilisée dans ce secteur est perdue.
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