Les animateurs de Democracy Watch se penchent sur la nécessité pour un ministre de faire reposer ses décisions sur l’opinion d’experts compétents dans le domaine dont il est responsable. Ils reviennent également sur la récente décision de la Mauritius Sugar Producers’ Association de mettre fin à ses activités.
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Un ministre d’un secteur spécialisé […] reste le décideur et le planificateur stratégique en chef de son ministère. En s’appuyant évidemment sur les meilleures compétences dans le domaine qui lui a été alloué par le Premier ministre. En aucune façon, il ou elle ne peut se déclarer spécialiste en médecine, en agriculture ou en communication, pour ne citer que ces trois exemples. La prise de position […] du ministre Gayan sur la méthadone comme substitut des drogues dures est-elle une décision médicale de la part de ce responsable politique ? Heureux dénouement si, comme rapporté par le Défi du 14 décembre, le ministre Gayan commande une étude médicale et remet toute décision sur l’arrêt du programme de distribution de méthadone sur le résultat de cet exercice d’évaluation. La bonne gestion de ces drames humains liés à l’abus de drogues est un test de l’humanisme de nos dirigeants et de ce gouvernement. […] Il y a bien d’autres cas à examiner. Democracy Watch suit ces cas de bonne gouvernance (ou d’absence de cela) que ce soit des erreurs sous l’ancien régime, à ne pas répéter, que ce soit de nouvelles, donc à dénoncer et corriger.
Avons-nous besoin d’associations patronales comme la MSPA ?
La Mauritius Sugar Producers’ Association (MSPA) fermera ses portes le 10 novembre 2015, peut-on lire dans Le Mauricien du 10 octobre. Le même jour, l’express titre « La fin d’une époque » évoquant le même sujet. […] Pour une juste analyse, tâchons de voir d’abord les facteurs entraînant cette décision. […] Les associations patronales voient officiellement le jour à l’aube des années 1940, curieusement dans le sillage de nouvelles lois, en faveur de la création du… syndicalisme à Maurice. On ne le dit pas assez, mais les associations patronales, capitalistes, professionnelles, s’engouffrent dans la brèche juridique, ouverte alors, en faveur des associations syndicales. Non seulement elles le font avec un savoir-faire, et une compétence technique contre laquelle peine à rivaliser et même à combattre l’amateurisme des efforts syndicaux de travailleurs, employés et cadres moyens, pour ne rien dire des moyens financiers et des ressources humaines alors utilisés. Les patrons ne sont jamais à court d’argent pour s’offrir les services des techniciens les plus compétents même s’ils sont très onéreux. Ils disposent, en outre, de tous les outils structurels, de tous les équipements et accessoires requis, à commencer par bureau, secrétariat, voiture de fonction, pour opérer de manière optimale. Les associations syndicales patronales doivent surtout combattre leurs homologues de la masse des travailleurs au bas de l’échelle sociale. Ces derniers n’ont que leur dévouement, mais aussi beaucoup d’amateurisme, pour affronter la puissance patronale que renforce une structure de rassemblement que lui offre une loi prétendant protéger les travailleurs et autres opprimés de la société mauricienne. Les statistiques sont là pour prouver que dès le début et à ce jour, la puissance patronale et des couches les plus aisées profitent le mieux de notre législation syndicale. Pire encore, elle use et abuse des pouvoirs syndicaux que lui offre la loi pour empêcher les classes laborieuses d’atteindre son efficacité et sa force pragmatique.
L’union fait la force ?
Elles n’ont que leur nombre et masse critique à opposer à cette nouvelle puissance syndicale patronale. À condition, toutefois, de pouvoir mobiliser efficacement ce nombre et cette masse. On peut compter sur les associations patronales pour empêcher la réussite de cette mobilisation. Tous les moyens sont alors bons. Ils vont des séductions les plus alléchantes aux pires menaces et même à certaines sanctions dont le licenciement prioritaire des meilleurs meneurs d’homme, issus des classes laborieuses, des délégués syndicaux, par exemple. La MSPA est une nécessité évidente quand notre industrie sucrière compte d’abord une trentaine d’usines, puis une vingtaine jusqu’aux années 1990. Il est alors plus facile qu’un syndicat patronal, la MSPA, se charge de l’ensemble des problèmes de relations industrielles […] Fermer officiellement la MSPA, c’est surtout empêcher nos syndicats de travailleurs de s’appuyer plus longtemps sur les concessions arrachées à la défunte MSPA. La fermeture de cette dernière est le dernier symptôme d’un nouveau secteur privé, refusant de réfléchir et de réagir à la manière de la précédente génération patronale, prônant encore que l’union fait la force. Farce que tout ceci. Dans le nouveau secteur privé désormais aux commandes, c’est dorénavant le chacun pour soi, la compétitivité à outrance et la survie du plus résistant. D’ailleurs, avant de mourir de sa belle mort, la MSPA a subi par moments la désertion d’un de ses membres, d’ailleurs le plus puissant. Plus d’une fois, par exemple, FUEL fait bande à part. Cette usine sucrière dispose alors des moyens pour le faire. Nous notons le même phénomène prophétique au sein de l’hôtellerie, avec le groupe Beachcomber refusant, jusqu’à tout récemment, de faire partie de l’AHRIM, préférant assurer seul sa propre promotion touristique. Le côté positif à considérer dans la fermeture programmée de la MSPA est certainement un nouvel esprit d’initiatives et même d’aventurisme qui anime le secteur sucrier, mais aussi d’autres secteurs d’activités économiques et industrielles. Il les pousse, entre autres, à penser davantage en termes de globalisation et même d’ouverture vers le monde extérieur, au lieu de se concentrer jusqu’à l’obsession sur le nombril du monde prétendument enraciné dans notre terre mauricienne. Il va de soi que lorsqu’on se bat avec les concurrents du monde entier, ne connaissant aucun état d’âme, on n’a plus de temps à perdre avec des syndicats de travailleurs, fonctionnant encore comme en 1980 sinon avant. Il est, toutefois, dommage que le nouveau secteur privé de 2015, tellement plus diversifié que celui de nos glorieuses années 1970, ne trouve plus en son sein de nouveaux Maurice Paturau, Mohamad Vayid, René Noël, Jagdish Manrakhan, Freddy Appasamy, Pierre Dinan, Pierre Yin et autres, capables de faire réfléchir l’ensemble de nos professionnels et cadres, sur les bons et mauvais côtés de tout ce que notre village de plus en plus global nous offre jour après jour. À qui fera-t-on croire que nous n’avons plus besoin de phares, d’excellents navigateurs, de visionnaires, alors que nous vivons sur une planète tellement menacée sur le plan écologique ?
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