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Post-Budget Breakfast Show sur Radio Plus et TéléPlus - Renganaden Padayachy : « La priorité est de générer de la croissance pour rembourser la dette » 

Renganaden Padayachy a répondu aux questions de Nawaz Noorbux, Jugdish Joypaul, Jean-Luc Emile et Kamlesh Bhuckory lors du Post-Budget Breakfast Show sur Radio Plus et TéléPlus.

Lors du Post-Budget Breakfast Show sur Radio Plus et TéléPlus, organisé par Le Défi Media Group, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a passé en revue les mesures phares du Budget. Il a répondu aux questions de Nawaz Noorbux, Jugdish Joypaul, Jean-Luc Emile et Kamlesh Bhuckory pendant plus de deux heures et trente minutes.  

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Croissance de 9 % : les moyens d’y parvenir

« Le Produit intérieur brut (PIB) est tombé à son niveau de 2015. C’est une perte de cinq ans de création de la richesse. Nous pouvons rebondir fortement et nous allons nous appuyer sur le rebond technique », a déclaré Renganaden Padayachy. Le ministre des Finances table sur un PIB de Rs 500 milliards à juin 2022. 

Pour y parvenir, il mise d’abord sur la réouverture des frontières. « Le fait que nous ayons démarré une campagne de réouverture changera la donne. Nous avons accueilli moins de 10 000 touristes en 2020-21. Nous ciblons 650 000 touristes au cours des 12 prochains mois. C’est une croissance énorme », a-t-il affirmé.  

Pour Renganaden Padayachy, l’autre moyen de rebooster la croissance sera à travers l’investissement public dans les infrastructures, notamment dans la construction de drains qu’il considère comme une mesure-phare du Budget, avec un investissement de Rs 11,7 milliards et 1 500 projets de tout-à-l’égout d’ici trois ans. À cela, il faudra ajouter la construction de 12 000 maisons, qui nécessitera un investissement de Rs 12 milliards sur trois ans. 

Outre l’investissement public – de l’ordre de Rs 65 milliards d’ici trois ans –, le gouvernement s’appuiera sur les investissements privés (Rs 8 milliards dans les « Hubs and Terminals » ; Rs 27 milliards par rapport à d’autres projets, dont l’énergie verte). 
Le troisième axe de création de la richesse est l’énergie verte, qu’il considère comme un futur pilier. « Nous sortirons d’une énergie importée avec une facture de plus de Rs 20 milliards tous les ans pour produire de l’énergie renouvelable par le biais de la biomasse, de l’éolien, des panneaux solaires et de l’énergie des vagues. De plus, le Central Electricity Board augmentera son prix d’achat de l’énergie, une demande qui date de plus de 10 ans », a-t-il fait ressortir. 

« Notre objectif est d’avoir une croissance économique avec des investissements publics et privés », a-t-il soutenu. Parmi les autres mesures importantes, il a cité le Regulatory Impact Assessment qui apportera une confiance supplémentaire aux investisseurs ou encore la mesure consistant à verser un cash-back de 5 % sur l’acquisition ou la construction d’un logement et ce jusqu’à un maximum de Rs 500 000. « Nous investissons Rs 2 milliards dans cette mesure. Si elle fonctionne à 100 %, cela voudra dire que les Mauriciens auront investi Rs 40 milliards dans l’achat et la construction de logements », a-t-il précisé. 

Ces chiffres à retenir
2019-20 2020-21 2021-22
Contraction de
7,5 %
Contraction d’environ
6 % 
Croissance de
9 %

 

Padayachy sort ses griffes 

Interrogé sur le One-Off Grant de Rs 60 milliards de la Banque de Maurice – mesure fortement décriée par l’opposition parlementaire –, Renganaden Padayachy a dit qu’il n’est nullement embarrassé d’avoir eu recours à cette mesure. « Sans cette mesure, nous nous serions retrouvés avec un énorme déficit. En période de guerre, nous mettons en œuvre toute l’ingénierie financière qu’il faut pour ne pas sombrer. Le choix est simple : si nous n’avions pas aidé les employés et les entreprises, nous nous serions retrouvés avec 50 000 chômeurs de plus. Cela aurait été le chaos économique et l’écroulement de notre système bancaire », a-t-il répondu. 

Il a précisé, dans la foulée, que l’Inde, les États-Unis et l’Europe ont eu recours à cette « unconventional policy ». Les experts, qui sont montés au créneau quand il y a eu une hausse de la taxe l’an dernier, en ont pris pour leur grade. Pour le ministre des Finances, ils ne défendent que leurs intérêts. 

Financement du Budget 

Le ministre des Finances a fait comprendre que dans la conjoncture actuelle, le niveau de la dette publique est secondaire. Il a cité l’exemple de Singapour et du Japon où le taux est respectivement de 130 % et 200 % du PIB, alors que celui de Maurice est de 95 %. « Nous devons nous appuyer sur un certain niveau d’endettement », a ajouté le ministre. Dans la foulée, il a précisé que le Budget est notamment financé par les emprunts sur le marché local. 

Il a précisé que sur le marché international, il est possible d’emprunter à un taux très faible en ce moment, soit aussi bas que 0,01 %. Selon lui, ces prêts sont assortis de conditionnalités avantageuses, comme des moratoires, et le gouvernement étudie toutes les options pour lever des fonds. 
Citant l’ancien chef économiste du Fonds monétaire international, Olivier Blanchard, il a soutenu qu’aujourd’hui, la crise a rebattu toutes les cartes et qu’il faut envisager autrement l’utilisation des ressources publiques. Le plus important, a-t-il dit, est de générer un taux de croissance supérieur au coût de la dette. « La priorité est de générer de la croissance pour rembourser la dette et sortir de la crise », a-t-il insisté. 

De même, il a fait ressortir qu’il fallait emprunter pour financer la relance sinon on aurait pu se retrouver avec une situation où la croissance serait de 0 %. « Après quoi, on pourra envisager une stratégie de consolidation fiscale qui permettra de rabaisser le taux de la dette. » 

Il a aussi souligné l’importance de toujours garder une certaine marge de manœuvre pour parer à toute éventualité. Il a également fait remarquer que Maurice jouit d’une bonne réputation auprès des institutions multilatérales vu que le pays n’a jamais manqué à ses engagements. Justifiant sa posture de présenter un Budget où le gouvernement investit massivement dans la relance, Renganaden Padayachy a expliqué qu’en période de récession, on ne peut pas présenter un Budget d’austérité, à moins qu’un pays ne soit dans une situation de faillite, ce qui est loin d’être le cas pour Maurice. 

Chômage : revenir au niveau d’avant la crise 

Le chômage est en hausse. Renganaden Padayachy en est conscient. Le taux est passé de 6,9 % au 9,2 %. « Notre objectif est que le pays retrouve le niveau de chômage d’avant la crise, soit en dessous de 7 %. En misant sur une croissance inclusive, les entreprises embaucheront automatiquement des gens », a avancé le ministre. 

Il compte aussi sur plusieurs mesures : la formation de 10 000 personnes pour augmenter leur degré d’employabilité et la création de 4 500 emplois dans le secteur public. « Les emplois sont garantis. On viendra avec des mesures spécifiques pour venir en aide aux entreprises. Les aides perdureront jusqu’à septembre. Notre but est d’apporter des solutions aux entreprises pour qu’elles ne licencient pas », a-t-il dit. 

Taxe de Rs 2 : la pérennité de l’approvisionnement des vaccins avant tout 

Face aux critiques sur la taxe de Rs 2 sur l’essence et le diesel, le ministre a expliqué que cette mesure vise à assurer la pérennité de l’approvisionnement des vaccins anti-COVID-19. Il a longuement fait comprendre que quelque part, il n’avait pas le choix et qu’il devait trouver des fonds nécessaires. « Tout est une question de choix », a-t-il dit. Selon lui, s’il n’avait pas imposé cette taxe, il aurait dû couper ses dépenses sur d’autres projets, sacrifiant peut-être au passage des mesures sociales essentielles. 

Air Mauritius : les montants décaissés jusqu’ici  

Interrogé sur l’avenir d’Air Mauritius, le ministre a indiqué qu’avec la relance du secteur touristique, le pays aura besoin d’un avionneur national, sachant que plus de 50 % des touristes voyagent par Air Mauritius. Sur l’état financier de la compagnie nationale d’aviation, il dira que sur l’enveloppe d’aide de Rs 9 milliards, à ce jour, Rs 2 milliards ont été versées à IATA, à titre de garantie et que Rs 1 milliard ont été débloquées pour financer des dépenses opérationnelles. À la question de savoir si les administrateurs d’Air Mauritius ont réclamé Rs 100 millions comme frais, le ministre a dit ne pas être au courant. 

PRB : le quantum pas dévoilé  

Au sujet des recommandations du Pay Research Bureau (PRB), il a déclaré que le décaissement se fera par le biais des dépenses courantes prévues depuis l’an dernier. Mais il n’a pas dévoilé le quantum, arguant que le rapport est toujours en cours de finalisation.

 

Il a dit… 

« Nous ne devons pas adopter une logique de fermeture car nous avons besoin des compétences étrangères. Nous ne pouvons pas obliger les Mauriciens à travailler dans des secteurs qu’ils ne veulent pas. »

« L’économie s’appuie sur la confiance et la circulation. »

« Notre plus grand défi est l’implémentation des projets. C’est pourquoi nous allons mettre en place une Project Monitoring Agency, présidée par le secrétaire financier Dev Manraj. Nous aurons aussi une réunion tous les mois avec le Premier ministre pour un suivi de ces projets.  »

Industrie pharmaceutique : l’intérêt d’un investisseur sud-africain 

Concernant la décision du gouvernement d’investir dans la filière biotechnologique, notamment dans la fabrication de vaccins, Renganaden Padayachy a indiqué que ce projet a été mûrement réfléchi. Selon lui, celui-ci se justifie par le fait qu’on ne sait pas encore – malgré les avancées dans le domaine de la recherche pour améliorer l’efficacité des vaccins – jusqu’à quand la COVID-19 sévira et qu’on aura besoin de vaccins.  
Depuis un certain temps déjà, l’État est en consultation avec le groupe Aspen, implanté à Maurice, et il étudie comment on pourrait développer une telle industrie. Dans le même ordre d’idées, le ministre a annoncé qu’un investisseur sud-africain se montre intéressé par la perspective d’investir dans ce projet de fabrication de vaccins et qu’il a déjà approché la Banque européenne d’investissement pour obtenir un prêt d’environ 300 millions de dollars ou d’euros. 

Valeur du jour, le gouvernement a déjà injecté Rs 1 milliard dans la mise sur pied d’une unité de production qui tombera sous la houlette du Mauritius Institute of Biotechnology. Selon le ministre, il n’est pas exclu que la Mauritius Investment Corporation (MIC) entre dans ce projet, car l’une de ses missions est d’apporter son soutien aux secteurs émergents. 

Il a précisé, au passage, que la MIC a jusqu’ici conclu des accords pour une participation au capital des entreprises pour un montant qu’il situe autour de Rs 20 milliards et Rs 25 milliards. Il a rappelé que la MIC est un investisseur totalement autonome du Trésor public et que sa création s’inscrit dans une démarche de politique de volontarisme.

Industrie pharmaceutique : l’intérêt d’un investisseur sud-africain

Pension à Rs 13 500 : Padayachy ne s’engage pas 

Interrogé sur la recommandation de la Banque mondiale qui, dans son dernier rapport sur Maurice, préconise que l’État réforme le système de pension et augmente l’âge d’éligibilité de la pension de vieillesse de 60 ans à 65 ans, le ministre est sorti de ses gonds. Il a soutenu qu’il est hors de question qu’on touche à un tel acquis. 

Précisant que 80 % de la population du troisième âge touche moins de Rs 25 000 par mois, il a insisté qu’il est du devoir du gouvernement de veiller aux intérêts de nos aînés et de garantir leur bien-être. Il a par ailleurs fait ressortir que la Banque mondiale a un agenda et que l’institution pourrait se servir du cas mauricien pour aller appliquer sa politique de réformes en Afrique. 

S’agissant de la capacité de l’État à honorer sa promesse électorale à l’effet qu’il augmenterait la pension à Rs 13 500 malgré l’ampleur de la crise, Renganaden Padayachy a soutenu que « c’est l’ambition » du gouvernement. Il a ajouté qu’il n’a malheureusement pas toutes les cartes en main et que par conséquent, il ne pouvait pas prendre d’engagement. « Le plus important est d’avancer pas à pas », a-t-il souligné.  

Hausse des prix : la STC interviendra si besoin est 

En ce qui concerne la cherté du coût de la vie et l’affaiblissement du pouvoir d’achat, le Grand argentier a argué qu’il est compliqué d’imposer un contrôle sur les prix des produits importés. Selon lui, si on engage dans cette voie, il faudra alors s’attendre à ce que certains fournisseurs ne fassent plus de commerce avec Maurice. Certains produits pourraient ainsi ne plus être disponibles sur le marché. 

Il a précisé que l’augmentation du coût de la vie – l’inflation sera de 4 % pour l’année financière 2021-22 – est la conséquence directe de la dépréciation de la roupie de l’ordre de 15 % vis-à-vis des principales devises. Cette faiblesse de la monnaie locale est, à son tour, liée à l’inactivité dans le secteur touristique qui a occasionné une pénurie de devises et une pression sur la roupie. 

Donc, a expliqué Renganaden Padayachy, la relance du secteur touristique devrait permettre de rebalancer la valeur de la roupie et d’alléger la pression sur les prix des produits de consommation. Il a aussi déclaré que la State Trading Corporation interviendra si besoin est. Le ministre du Travail s’est penché sur ce dossier et les annonces seront faites en temps et lieu. 

 

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