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Philip Marie-Jeanne : toujours lucide à 102 ans

« Hello, please take a seat. I am always happy to receive visitors. » Nous tombons des nues. Philip Marie-Jeanne a 102 ans. Il parle parfaitement l’anglais et le français. Et il est extrêmement lucide. Une raison de plus qui explique qu’il a décroché son diplôme de l’Université du Troisième âge.

Durant notre conversation, il posera des questions comme « What’s your name? Where do you live? Are you married? Do you have children? What do you do for a living? »

Philip Marie-JeanneC’est sa garde-malade, Sylvie, qui nous accueille. Puis, elle vient s’asseoir à côté de lui et lui prend le menton d’une main. « Il aime ces petites attentions. En fait, toutes les vieilles personnes aiment les contacts physiques. Au cas contraire, elles se sentent négligées », confie-t-elle. Sylvie est là pendant les jours de semaine. Elle l’aide à se baigner, à s’habiller, à manger parfois. Il aime se déplacer pour s’asseoir sur le balcon.

« It’s tough to be a hundred-year-old », fait-il observer. Mais il peut toujours marcher. Comment a-t-il pu vivre si longtemps ? « Exercices », répond-il sans attendre. Sylvie ajoute qu’à son âge, Philip pratique toujours des exercices dans sa chambre. Et deux fois par semaine, il va à la mer pour marcher et nager. La mer, c’est un lieu dont il ne peut se passer. Il a fait une demande pour y aller une troisième fois chaque semaine. D’où vient donc cet engouement pour la mer ?

« Mon enfance, je l’ai passé à Rivière-des-Anguilles. Devant une grande nappe d’eau que formait la rivière. J’y passais le plus clair de mon temps. J’aime la présence de l’eau près de moi », explique-t-il.

« Enn zour, li ti pe fer laplans. Li finn gagn somey. Mo finn bizin tir li », relate Sylvie. Pour elle, cet épisode paraît plus comique que tragique.

La bonne apporte alors son repas de midi. Et il veut du thé. « Si c’était lui, il ne vivrait que sur le thé », fait-elle remarquer en souriant. Qu’aime-t-il manger ? « Enn kreson avek enn rougay pwason snoek, li rant bien. Mo kontan fromaz osi », révèle-t-il.

Une visiteuse s’amène et paraît bien connaître Philip. Elle se met à chanter vraiment fort He’s a jolly good fellow…, parce que Philip est sourd de l’oreille droite. Et il chante avec elle. « Il aime chanter », confie Sylvie.

La dame partie, Philip reprend ses confidences. En anglais, cette fois. « I went to the war. Thank God, I didn’t have to fight. » En effet, le Mauricien s’occupait de la logistique durant la guerre. Sur la table, une photo encadrée. De jeunes mariés. Nous lui demandons : « Est-ce votre fils ? » « Oui, il s’appelle Éric et vit en Australie. C’est un bon pays, vous savez. Là-bas, il n’y a pas de communalisme, pas de division, pas de racisme. Ils sont unis », explique-t-il.

Sautant du coq à l’âne, Philip raconte sa passion pour le cinéma. « Mo finn get bokou fim mye, pwi parlan. Enn seans pou sink sou. Si pena kas, nou ti pe get fim la atraver bann trou sir le kote (rires). Apre mo finn vinn res Curepipe. Camp-Créole, ou kone ? La Ville Lumière. Bann dimoun ris ti pe port enn sapo e zot ti mars avek enn kann », indique-t-il.

Feroz Saumtally

 

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