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Patrick Assirvaden : « L’eau 24/7 est la plus grande escroquerie politique du gouvernement MSM »

Quel est le taux de perdition d’eau à Maurice ?

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Le chiffre qui m’a été donné indique une perte de 62 % sur le réseau. Actuellement, 600 m³ d’eau sortent des stations de traitement et entrent dans le réseau, mais seulement 100 m³ cubes sont acheminés jusqu’aux consommateurs. Ce qui veut dire que nous perdons plus de 60 % de l’eau à cause de fuites et de tuyaux cassés dans le réseau. Nous devons produire le double de ce qu’une personne consomme. Le niveau d’eau dans les réservoirs diminue jour après jour et c’est alarmant.

D’où vient ce chiffre de 62 % ?

Le chiffre de 62 % résulte d’une étude de la  Water Resources Unit (WRU), qui gère l’approvisionnement en eau pour la  Central Water Authority (CWA). En un an, nous sommes passés de 40 % à 62 % de pertes, ce qui est très grave. L’ancien gouvernement avait donné un chiffre. Ce que je constate aujourd’hui, c’est que la situation est plus critique qu’on ne le pensait.

Comment expliquer que les pertes aient augmenté malgré les investissements pour remplacer les tuyaux ?

Notre réseau date de cinquante  ans et une grande partie des tuyaux sont en amiante et doivent être remplacés. Le dernier programme de remplacement des tuyaux mis en place par l’ancien gouvernement a été fait dans l’opacité totale. Une somme de Rs 700 millions a été dépensée dans le dernier programme. Mais personne ne peut dire exactement combien de tuyaux ont été remplacés et où cet argent a été investi. Il existe un rapport d’audit interne de la CWA qui note que ce projet de remplacement de tuyaux  a été réalisé de manière illégale et opaque. Une enquête devra être menée  pour déterminer la responsabilité des anciens gestionnaires de la CWA et de l’ancien ministre concerné.

Une enquête de la FCC sur le remplacement des tuyaux est en cours. Y aura-t-il un audit pour déterminer combien de milliards ont été investis ?

Oui, un audit est nécessaire. Mais ce ne sont pas les personnes impliquées dans cette affaire qui doivent mener l’enquête. Nous avons commandé un audit externe et indépendant, par exemple, pour le réservoir de Cluny, car nous ne pouvons pas laisser la CWA enquêter sur elle-même. Il faut un audit externe. Il est essentiel de savoir combien de milliards de roupies ont été dépensés pour le remplacement des tuyaux et quels étaient les résultats réels de ces investissements.   

Avant 2014, des experts disaient qu’il fallait Rs 7 milliards pour refaire le réseau...

Nous avons dépassé les Rs 7 milliards. Le chiffre des pertes est inquiétant. Le travail ne se fera pas en un an. Mais il faut une vision pour le court, moyen et long terme. Il est cependant important de mettre de l’argent et les ressources nécessaires pour arrêter cette perte d’eau. 

Pourquoi y a-t-il autant de retard pour réparer les fuites  ?

L’ancien directeur général ne répondait pas au ministre de tutelle. Il n’était pas redevable. Aujourd’hui, j’ai instauré un comité de crise. J’ai aussi demandé un renforcement des équipes d’opération et du service client. Nous avons augmenté le nombre d’agents au call center et nous avons doublé les équipes d’intervention sur le terrain. Nous avons maintenant dix équipes par zone dans les six zones. Ce qui nous permet de mieux réagir aux urgences.

Certains tuyaux ont été mal placés ou laissés à l’air libre. Y a-t-il un système de surveillance pour vérifier que les travaux sont en bon état ?

Il y a eu un grave manque de supervision. Par exemple, un réservoir qui a coûté Rs 74 millions présente aujourd’hui 26 fissures et il est inutilisable. Il faudra le détruire. Des tuyaux, qui étaient censés être enterrés, ont été posés à même le sol, à Flic-en-Flac et à Cascavelle. Ces erreurs sont inacceptables et nous allons enquêter sur l’utilisation des Rs 700 millions dépensées pour ces projets.

Oui, ceux qui ont mal fait leur travail doivent assumer leurs responsabilités. Nous ne pouvons pas investir des milliards pour ensuite voir ces travaux détériorés en quelques années. Ailleurs dans le monde, on ne voit pas des tuyaux laissés à l’air libre comme ici.

La promesse d’un approvisionnement en eau 24./7 avait été faite en 2014. Où en est-on ?

C’est la plus grande escroquerie politique du gouvernement du Mouvement socialiste militant. Pendant dix ans, ils ont promis 24/7, et aujourd’hui, la population est alimentée en eau durant quatre heures seulement. Avec un taux de perte aussi élevé, il est impossible de garantir un approvisionnement continu.

Quel est votre plan pour améliorer la situation ?

Nous devons avoir une vision à court, moyen et long terme. J’ai déjà demandé une meilleure gestion de la CWA, un audit complet et une augmentation des équipes d’intervention. Nous devons aussi sensibiliser la population. Si nos réservoirs sont vides d’ici mars-avril, la situation sera extrêmement grave. Je ne vais pas promettre le 24/7 comme certains, mais je vais tout faire pour améliorer la distribution. Serrons-nous les coudes pour passer cette crise hydrique. 

Les autres cas signalés durant l’émission

  • Fuites au réservoir de Pailles : Plusieurs fuites signalées au réservoir de Pailles causent sa vidange rapide et des dommages aux maisons proches. Ces problèmes existent depuis plus de 15 ans, malgré plusieurs interventions de la CWA. 
  • Problèmes de gardiennage : Le réservoir de Pailles souffre d’une gestion inefficace. De plus. les conditions de travail du gardien sont précaires. 
  • « Overflow » à Soreze : Un problème d’« overflow » dégrade l’espace public et nuit aux piétons. Ce problème persiste et nécessite une intervention immédiate.
  • Manque d’eau à Baie-du-Tombeau : L’eau ne coule pas depuis trois semaines et demi. Après plusieurs appels à la CWA, une citerne a été fournie, mais l’eau était sale, bloquant la pompe. Veemal Mohungoo enverra une équipe pour vérifier la situation.
  • Tuyaux vieillissants à Coromandel : Un tuyau de 50 ans est toujours en mauvais état après trois mois sans remplacement. 
  • Manque d’eau à Rivière-des-Anguilles : Depuis trois ans, l’approvisionnement en eau est irrégulier. Une plainte récente n’a pas abouti.  
 

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