Le Chief Operating Officer d’IBL Seafood et président du Seafood Council de la Mauritius Exports Association, Patrice Robert, est catégorique. Malgré les négociations, l’Union européenne n’a toujours pas répondu à la demande de dérogation exceptionnelle.
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Les bateaux de pêche espagnols arrêteront leurs activités dans l’océan Indien dès le 5 novembre. Qu’est ce que cela représente pour Maurice ?
Les bateaux espagnols ont entrepris, depuis le 1er janvier 2017, une course à la ressource faute d’avoir des consignes individuelles de pêche de leur administration. Il a été décidé que, pour les premiers 70 % de son quota, les bateaux fonctionneraient sur une base de « premier arrivé, premier servi », avec pour résultat qu’en moins de quatre mois, ils avaient déjà dépassé les 40 % du total. Cela représentait une première menace d’approvisionnement pour nos usines, car nous craignions déjà que les bateaux s’arrêteraient trop tôt.
Le 6 octobre dernier, l’administration espagnole a annoncé la fermeture de la pêche dans l’océan Indien pour ses senneurs. Cela a soulevé immédiatement une polémique entre les associations de pêcheurs espagnols, qui viennent étaler au grand jour qu’il y a eu un mauvais suivi des captures, et que certains bateaux avaient encore du quota qu’ils gardaient pour la fin de l’année afin d’approvisionner nos conserveries. Cette décision brutale est un nouveau coup dur pour notre économie, car nous comptions sur ces bateaux qui avaient fait le choix de ralentir la pêche, afin de nous aider à traverser ces moments délicats.
La Mauritius Exports Association (MEXA) tire la sonnette d’alarme concernant une situation de chômage technique. Pourquoi ?
L’industrie thonière, représentée par la MEXA, a tiré la sonnette d’alarme, car nous sommes tributaires de l’approvisionnement des thoniers senneurs européens et affiliés à nos usines. L’absence de matières premières conduit logiquement au fait que les usines ne peuvent tourner, d’où les risques d’arrêt de la production.
Maurice souhaite convaincre l’Union européenne (UE) de la nécessité d’accorder à notre pays une dérogation exceptionnelle pour s’approvisionner en 4 000 tonnes métriques de thon. Qu’en est-il de cette démarche ?
Le gouvernement mauricien a mené de haute lutte des négociations avec Bruxelles afin que nous puissions obtenir une dérogation exceptionnelle. Le ministre Vishnu Lutchmeenaraidoo en personne a défendu nos intérêts. Mais, malgré tous les efforts de nos négociateurs, l’UE n’a toujours pas répondu positivement à notre demande, nous réclamant encore de nouvelles justifications et nous avons malheureusement atteint le point de non retour où cette dérogation ne nous servira plus à rien.
Il faut un délai important pour faire venir du poisson d’ailleurs, le transformer ici et l’exporter vers l’UE où la cargaison doit être obligatoirement arrivée avant le 31 décembre. Afin de pouvoir continuer à fonctionner à tous les niveaux, nous devons acheter du poisson d’autres océans à un prix très élevé et à le faire venir ici à grands frais. Cela entraînera pour nous un manque à gagner important.
Comment empêcher que la même chose ne se passe en 2018 ?
En même temps que nous demandions une dérogation exceptionnelle à l’UE, nous avions aussi demandé la création d’un Joint Technical Coordination Group. Celui-ci servirait de plateforme de discussions entre les représentants des gouvernements et des industries, afin de démontrer les impacts économiques et sociaux que ce type de course à la ressource entraîne pour nos économies insulaires fragiles. Nous espérons ainsi convaincre l’UE de la nécessité urgente de faire une répartition de leurs quotas respectifs entre leurs armements.
Il ne faut pas que 2018 débute de la même façon que cette année et ait des conséquences encore plus graves pour l’économie de Maurice et des autres îles de la région.
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