
À Saint-Pierre, Ouma Poorunsing, 65 ans, incarne la force silencieuse des mères mauriciennes. Après une vie de travail acharné comme machiniste et vendeuse, elle a élevé seule ses deux fils aujourd’hui ingénieurs, façonnant leur destin par son courage et sa persévérance. Portrait d’une héroïne discrète, passionnée par ses chiens et guidée par l’amour inconditionnel.
À 65 ans, Ouma Poorunsing, habitante de l’Avenir, Saint-Pierre, porte sur son visage les traces du temps et du travail acharné. Derrière chaque ride se cache une histoire de courage, de sacrifice et d’amour inconditionnel. Ses deux fils, Kush et Kunal, aujourd’hui devenus ingénieurs, la considèrent comme une véritable héroïne. « Notre maman est notre superwoman », confie Kush, les yeux brillants. « Nous lui devons tout. »
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Née dans une famille modeste, Ouma n’a jamais connu la facilité. Très jeune, elle a travaillé comme machiniste pour subvenir à ses besoins. Plus tard, elle est devenue vendeuse dans un magasin à Orchard, Quatre-Bornes. « Je ne voulais pas que mes enfants ressentent le poids du manque. Même si je devais me priver, je veillais à ce que leurs assiettes soient pleines et leurs cahiers neufs », se souvient-elle.
Elle n’a jamais travaillé le soir, préférant consacrer ce temps à ses enfants, pour vérifier leurs devoirs ou simplement partager un repas en famille. « Elle nous envoyait à l’école avec un sourire, mais derrière ce sourire il y avait des nuits blanches et une fatigue immense », confie Kunal.
L’éducation, priorité absolue
Malgré ses moyens limités, Ouma a toujours fait de l’éducation de ses fils une priorité. Kush, le cadet, a étudié au collège MGI. Kunal, l’aîné, a eu la chance d’intégrer le prestigieux collège Royal de Port-Louis. « Ce n’était pas facile de payer les uniformes, les livres, les transports. Mais je me disais : si mes enfants réussissent, tout ce que j’endure aura un sens », explique-t-elle.
Les deux garçons n’ont pas trahi ce rêve. Kunal s’est orienté vers la filière technique et a décroché son Higher School Certificate avec brio. Il a ensuite étudié la mécatronique à l’université de Maurice. Depuis dix ans, il est technicien aéronautique chez Air Mauritius, où il s’est imposé comme un professionnel respecté. « Travailler sur des avions est une immense responsabilité. Chaque fois que je monte à bord, je pense à maman. C’est elle qui m’a donné des ailes », dit-il avec tendresse.
Kush, lui, a décroché une bourse qui lui a permis de faire des études en génie civil. Diplômé en 2014, il travaille aujourd’hui dans la fonction publique. « Le jour de ma graduation, je n’ai pas vu les professeurs, ni le recteur, ni la foule. Je n’ai vu que maman, assise dans la salle, les yeux embués. C’était le plus beau jour de ma vie », confie-t-il.
Une combattante
Ouma reste modeste face à l’admiration de ses enfants. « Je n’ai fait que mon devoir de mère. Mais je remercie Dieu de m’avoir donné la force de continuer, même quand tout semblait noir. » Elle se souvient des soirs d’hiver où, fatiguée par une longue journée de travail, elle s’asseyait malgré tout à côté de ses garçons pour les encourager. « Je ne comprenais pas toujours leurs leçons, mais je voulais qu’ils sentent que j’étais là, derrière eux. »
Pour Kush et Kunal, ces souvenirs sont gravés dans leur cœur. « Notre mère ne nous a jamais laissés tomber. Elle nous a appris la persévérance, la dignité, et surtout la valeur de l’effort », dit Kush. « Si aujourd’hui nous sommes ingénieurs, mon frère et moi, c’est parce qu’elle, sans diplôme prestigieux, nous a enseigné la plus grande leçon de toutes : ne jamais baisser les bras. »
Aujourd’hui, Ouma consacre une partie de son temps à sa passion : ses chiens. Elle en possède plusieurs. Elle s’occupe d’eux avec tendresse et dévouement. « Ils sont comme mes compagnons de vie, ils me tiennent compagnie et me donnent beaucoup d’amour », dit-elle, avec un sourire radieux.
Ses fils reconnaissent aussi qu’ils n’auraient pas réussi seuls. « Mo ti anvi remersie mo granmer kinn ed nou e osi mo bann tonton, frer mo mama, kinn touzour la kan nou ti bizin soutien », souligne Kush, avec émotion.
La fierté d’une famille
Ouma vit entourée de l’affection et de la reconnaissance de ses fils, qui veillent sur elle comme elle a veillé sur eux. « Chaque réussite que nous avons, nous la lui dédions. Chaque pas que nous faisons, c’est elle qui l’a rendu possible », assure Kunal.
La maison familiale à Saint-Pierre résonne souvent de rires et de souvenirs. Sur les murs, des photos des deux garçons en uniforme d’école, puis en toge universitaire, témoignent du chemin parcouru. « Quand je regarde ces photos, je me dis que tout ce que j’ai vécu en valait la peine », confie Ouma, en souriant.
Pour ses fils, elle reste un modèle intemporel. « Ma mère est la preuve qu’on peut tout surmonter avec de la volonté et de l’amour. Elle n’avait pas de fortune, pas de réseau, mais elle avait un cœur immense. C’est la plus grande richesse qu’elle nous a transmise », confie Kush.
Dans le quartier, tout le monde connaît Ouma comme une femme de courage. Ses voisins la décrivent comme « toujours souriante », malgré les épreuves. « Elle est un exemple pour beaucoup de mamans », affirme une voisine. Mais Ouma, humble, balaie ces compliments. « Je n’ai rien d’exceptionnel. Je voulais juste que mes enfants deviennent des hommes bons et instruits. C’est ma seule fierté. »
Ses fils, eux, n’ont aucun doute : « Elle ne se rend pas compte de la force qu’elle représente. Pour nous, elle est notre héroïne, notre Supermaman. Elle a tout sacrifié pour nous, et aujourd’hui, nous voulons qu’elle se repose et profite enfin de la vie », dit Kunal.
À son âge, Ouma commence doucement à se ménager. Elle aime passer du temps dans son jardin, discuter avec ses voisins, s’occuper de ses chiens et partager ses souvenirs avec ses fils. « Je veux qu’ils sachent d’où ils viennent, qu’ils comprennent que chaque victoire est bâtie sur des sacrifices invisibles », glisse-t-elle.
Ses fils résument son héritage en une phrase : « Notre maman est la preuve vivante que l’amour peut déplacer des montagnes. » Dans ce foyer de Saint-Pierre, l’histoire d’Ouma Poorunsing continuera de briller, comme une leçon d’amour et de résilience, transmise de génération en génération.

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