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Pandémie : une catastrophe nommée Covid-19

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Le 18 mars, cela a fait deux ans, jour pour jour, depuis que les premiers cas de la Covid-19 ont été annoncés à Maurice. Au début, en 2020, le pays a pu « endiguer » le virus en seulement quelques semaines.

Pendant une dizaine de mois, le pays était « Covid free » et la vie avait presque repris son cours normal. Or, à l’arrivée de la seconde vague en mars 2021, la donne a complètement changé.  La situation est devenue vite hors de contrôle. Depuis, les cas positifs ainsi que les décès augmentent et de nouveaux variants font leur apparition. Les personnes qui ont contracté le virus et celles qui ont perdu des proches se souviennent encore de cette période sombre de leur vie.

Témoignages


Le premier membre du corps médical  qui a succombé à la Covid-19.
Le premier membre du corps médical qui a succombé à la Covid-19.

La veuve du Dr  Bruno Cheong : « Si le vaccin était disponible à cette époque, il serait sans doute en vie »

Le 27 avril 2020, Dr Bruno Cheong, chef de service en médecine interne à l’hôpital de Flacq, est décédé. Il avait été infecté par la Covid-19 après avoir consulté un patient qui est revenu de l’Angleterre, mais qui a nié au départ avoir voyagé. Contaminé à son tour, il avait passé presque 25 jours sous respiration artificielle au New ENT Hospital. Il avait été placé dans le coma le 3 avril, pourtant de folles rumeurs au sujet de sa mort avaient circulé dès le lendemain. Sa veuve revient sur cette époque douloureuse.

Une situation qui a été pénible à vivre pour sa famille. « Cela a été les moments les plus durs que nous avons vécu de notre vie. Il y avait beaucoup d’incertitudes à cette époque. On ne savait pas s’il allait s’en sortir. Voilà que certains membres du public l’avaient déjà condamné. Ils étaient pressés de l’enterrer », déplore son épouse. Cette dernière a accepté de parler de ces moments douloureux. Le départ de son mari a laissé un immense vide derrière lui. 

Outre les rumeurs, la famille a dû aussi faire face à la curiosité mal placée de la part des membres du public à travers leurs messages. « Nous étions en plein désarroi face à ces messages. Il y a des personnes qui ont totalement manqué de retenue en se renseignant sur l’état de santé de mon époux. Certes, les Mauriciens savent témoigner de la sympathie, mais certains sont incapables de faire preuve d’empathie pour essayer de comprendre ce que l’autre endure », relate-t-elle. 

Malheureusement, elle constate que le pays n’est pas encore sorti d’affaire. Ainsi, en sus de devoir vivre avec le virus, la famille doit aussi apprendre à vivre sans le docteur. « La Covid-19 est la catastrophe qui a chamboulé notre vie », ajoute notre interlocutrice. Cette dernière indique que sa famille n’a pas peur du virus, mais elle ne le prend pas à la légère. « Nous prenons toutes les précautions nécessaires pour ne pas l’attraper. Nous respectons scrupuleusement les gestes barrières malgré l’assouplissement des mesures. Nous portons systématiquement le masque sanitaire à l’extérieur », dit-elle. 

Sa veuve explique que si le vaccin anti-Covid était disponible à cette époque, il serait sans doute en vie aujourd’hui. Une pensée omniprésente quand la famille est allée se vacciner en 2021. Dr Cheong était un passionné de la médecine et vivait sa profession comme un sacerdoce. L’ironie du sort a voulu que la médecine et la science n'aient pas pu sauver le docteur au moment où il a été infecté par la Covid-19, regrette son épouse. « C’est un traumatisme que nous ne pouvons pas oublier. Nous essayons de vivre normalement, mais rien ne sera plus comme avant », conclut-elle.

L’enterrement des personnes décédées de la Covid-19 dans des conditions sanitaires strictes.
L’enterrement des personnes décédées de la Covid-19 dans des conditions sanitaires strictes.
Anil Jeetoo fait partie des premiers patients infectés et guéris de la Covid-19.
Anil Jeetoo fait partie des premiers patients infectés et guéris de la Covid-19.

Anil Jeetoo : « Avan dimoun ti per pou koste ar mwa »

C’est en mars 2019 qu’Anil Jeetoo a été infecté par la Covid-19. Conscient d’avoir frôlé la mort de près, il voit aujourd’hui la vie sous un autre angle. Il tente aussi de casser les tabous autour du virus en soutenant les malades positifs.

Anil Jeetoo, faisant partie des premiers patients contaminés par la Covid-19, a  été témoin de la « frayeur » de certains individus pour approcher les malades. Deux ans après, c’est avec un réel soulagement qu’il a noté un changement d’attitude. « Le regard de la société a bien changé sur la maladie. Nombreux sont ceux qui se tenaient loin des personnes malades. Maintenant, il y a moins d’hésitation pour les rencontres sociales en groupe », indique-t-il. Anil Jeetoo parle d’expérience. « Avan dimoun ti per pou koste ar mwa », avoue-t-il.  

D’où sa décision de se mettre au service des malades contaminés par le virus. Il le fait pour aider à briser les tabous. Il explique aux personnes qu’en prenant toutes les précautions nécessaires, le risque d’infection est minime. Ensuite, il fait régulièrement don de plasmaphérèse (plasma prélevé chez un donneur de sang sain pour le traitement de diverses pathologies). « Après ma guérison j’ai tenu à faire quelque chose pour les autres. C’est un acte volontaire pour exprimer ma gratitude envers ceux qui m’ont soigné », relate-t-il.  Anil Jeetoo explique qu’il a moins peur de la maladie aujourd’hui. « Auparavant, il y avait peu d’informations. De nombreuses personnes ne savaient pas quoi faire », fait-il ressortir. 

Quid de sa santé ? Il se sent nettement mieux depuis sa guérison. Toutefois, il a maigri et a perdu l’intérêt pour faire certaines choses même s’il regorge d’énergie. Il n’a pas rattrapé la Covid-19 et s’est fait vacciner avec trois doses. Mais, au vu de la situation actuelle, il éprouve une certaine inquiétude et craint que le nombre de cas continue d’augmenter.

Asocksing Dip : « Ce n’est pas facile de perdre son enfant »

Asocksing Dip est tourmenté depuis le départ de sa fille, Sonia le 1er avril 2020. Son décès a été attribué à la Covid-19. Elle avait 20 ans. Le Medical Negligence Standing Committee a soumis son rapport au ministère de la Santé il y a quelques semaines. La famille n’a toujours pas reçu le document.

Le 1er avril prochain, cela fera deux ans que Sonia est morte dans des circonstances qui demeurent floues pour son père, Asocksing Dip. Il avoue : « Je suis fatigué. J’ai appelé plusieurs fois pour avoir une copie du rapport du Medical Negligence Standing Committee, mais en vain ». Il est doublement tourmenté. D’une part, à cause du départ prématuré de sa fille et d’autre part, suite à l’attitude des autorités. « Après avoir déposé devant un comité, la moindre des choses est d’avoir une réponse à la fin des travaux », fait-il remarquer. De plus, il déplore que ce soit à travers des proches qu’il ait appris le décès de sa fille, alors ce sont ses parents qui auraient dû être informés en premier. Las de cette situation, il dit ne plus rien attendre des autorités. 

Malgré le temps passé, la douleur est toujours vive. « Li pa fasil perdi enn zanfan. Se bwin difisil. Ziska mo tomb mo pou kontigne souffer », avoue-t-il. Pour lui, il y a que ceux qui ont traversé ce genre d’épreuve qui peuvent comprendre ce qu’il ressent. Asocksing Dip explique que sa fille ne sortait presque pas et qu’il y a « beaucoup de faussetés » qui ont été colportées sur elle. « Elle n’a pas pu être infectée dans un supermarché », fait-il comprendre.

Il explique que Sonia a commencé à avoir des palpitations. Elle a été emmenée  dans une clinique privée. Par la suite, quand sa température a grimpé, elle a été conduite au New Souillac Hospital, car le personnel soignant soupçonnait qu’elle était positive à la Covid-19. Placée en isolement, elle n’aurait pas eu les soins escomptés selon le père. Se basant sur les dires d’un membre du personnel, il a indiqué dans sa déposition devant le Medical Negligence Standing Committee qu’il soupçonne une négligence médicale.

Le New ENT Hospital est devenu le centre de traitement des cas graves de la Covid-19.
Le New ENT Hospital est devenu le centre de traitement des cas graves de la Covid-19. 

18 décès au cours de la semaine

La vaccination est un élément clé pour lutter contre le virus.
La vaccination est un élément clé pour lutter contre le virus.

Malheureusement, la Covid-19 continue de tuer à Maurice. Durant la semaine écoulée, 18 personnes ont succombé au virus. L’hôpital ENT a accueilli 11 nouveaux patients, dont cinq ont été placés sous respiration artificielle. Parmi, ces derniers, trois personnes ne sont pas vaccinées et les deux autres partiellement vaccinées. Six autres patients sont sous oxygène, dont cinq n'ont pas fait le vaccin et un autre partiellement vacciné. En quarantaine, on dénombre 53 personnes, tandis que 196 patients ont été admis dans les hôpitaux. 

Toujours durant la semaine écoulée, 1 394 cas positifs ont été détectés localement suite à un test PCR. Les cas importés sont de 11. C’est ce qui ressort d’un communiqué émis par le ministère de la Santé vendredi après-midi.

Au cours de ces dernières 24 h, 153 personnes ont été testées positives à la Covid-19. En ce qui concerne les admissions, on en compte trois à l’hôpital ENT et 60 personnes dans les établissements régionaux. 22 patients ont été autorisés à regagner leur domicile.  

Depuis mars 2021, 35 043 personnes ont été testées positives à la Covid-19 et 31 648 ont été guéries. 1 002 658 personnes ont eu leur première dose de vaccin, 967 015 sont « fully vaccinated » et 564 226 ont reçu leur « booster dose ».


Regions covid

181 362

C’est le nombre de cas confirmés de la Covid-19 que le pays a enregistrés depuis 2020 à ce jour selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le virus a aussi provoqué le décès de 934 patients. Tel est le bilan de la pandémie à Maurice depuis le 18 mars 2020. 

En 2020, 356 personnes ont été infectées par la Covid-19. De ce nombre, le pays a enregistré 10 décès. Alors que le pays se croyait tiré d’affaire, il a vite déchanté avec de nouveaux cas recensés le 5 mars 2021. Ce qui a donné lieu à un autre confinement national le 9 mars. Les autorités ont aussi mis en place divers confinements partiels avec des régions décrétées zones rouges de par le grand nombre de cas positifs. Ce sont :

  • Batimarais 
  • Bénarès 
  • Bonne-Terre 
  • Camp Diable 
  • Canot
  • Chamarel 
  • Chamouny 
  • Chemin-Grenier 
  • Highlands
  • La Valette (Bambous) 
  • Plaine-Verte
  • Riambel 
  • Rivière-des-Anguilles
  • Rivière-des-Galets 
  • Saint-Aubin 
  • Surinam
  • Terre-Rouge
  • Tyack 
  • Vallée-Pitot 
  • Vallée-des-Prêtres
  • Les circonscriptions 15, 16 et 17 se sont retrouvées dans la zone rouge en raison du cluster de Curepipe, Wooton et Forest-Side.
Lors du confinement, des barrages ont été installés pour contrôler l’accès à certaines localités.
Lors du confinement, des barrages ont été installés pour contrôler l’accès à certaines localités.

Par la suite, avec l’avènement de la vaccination, dont la campagne a débuté le 27 janvier 2021, d’autres formes de mesures sanitaires. Ce sont, notamment la fermeture de certains lieux publics ou encore un accès restreint. Au 17 mars 2022, 1 002 578 personnes avaient fait leur première dose de vaccin ; 966 778 ont reçu leur deuxième dose et 559 646 ont fait leur « booster dose ».

 

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