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Pandémie de Covid-19 : le scénario catastrophe de l’industrie du cinéma

Les sorties des films sont en suspens depuis la pandémie de Covid-19.
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Depuis le début de la pandémie de Covid-19, le cinéma broie du noir. Des sorties de films retardées, des salles qui peinent à se remplir... autant de facteurs qui pourraient, cependant, profiter à l'industrie cinématographique locale. Gros plan sur la situation des salles de cinéma à Maurice.

Rajesh Callicharan, directeur de MCine, a été contraint de fermer trois cinémas sur quatre.
Rajesh Callicharan, directeur de MCine, a été contraint de fermer trois cinémas sur quatre. 

Elles subissent les conséquences désastreuses de la pandémie presque au même degré que le secteur touristique. Les salles de cinéma vivent une période difficile depuis un an. « Avant le confinement, nous remplissions nos salles à 80 % », explique Rajesh Callicharan, directeur de MCine et Mont Ida Films. Aujourd’hui, trois cinémas sur quatre sont fermés temporairement, en l’occurrence ceux de Flacq, Port-Louis Waterfront et Novelty, à Curepipe, en attendant que la situation s'améliore.  « Nous avons des frais d'électricité, de maintenance et de location. Ce n’est pas évident de joindre les deux bouts ».

« À Maurice, nous dépendons des fournisseurs américains et indiens, mais ils se trouvent eux-mêmes en difficulté. Conséquences : le renvoi des sorties des films tant attendus par les cinéphiles. Par exemple, Mourir peut attendre, le 25e volet de la saga James Bond a été repoussé pour le deuxième trimestre de 2021, ou encore Fast and Furious », explique le directeur de MCine.  Les sorties repoussées de ces blockbusters constituent un énorme problème, car les Mauriciens en sont fans. Ils se déplacent au cinéma surtout pour  voir les blockbusters.  Si en temps normal, les salles de MCine accueillaient jusqu'à 160 blockbusters en un an, avec la crise, seuls deux sont sortis. Il cite notamment Wonder Woman 1984 sorti à la fin de 2020 en version originale uniquement. 

Eric Mallac Koenig, directeur des cinémas Star, a constaté une baisse de 40 % du taux de remplissage des salles.
Eric Mallac Koenig, directeur des cinémas Star, a constaté une baisse de 40 % du taux de remplissage des salles.

Quel avenir ?

Rajesh Callicharan souhaite, néanmoins, rester optimiste quant à la suite des événements. « Je suis confiant que la situation s'améliorera, car le cinéma fait partie de la culture des Mauriciens ». MCine mise sur la sortie de films de Bollywood pour avril. En attendant, le directeur de MCine souhaite donner la chance aux cinéastes locaux et régionaux. En effet, leurs salles accueillent au moins une production locale par mois. « Toutefois, les cinéphiles mauriciens n’ont pas encore eu le déclic pour les films locaux. Cela prendra du temps. Pour notre part, nous allons aussi miser sur des films tamouls et japonais », souligne-t-il.
Au niveau des cinémas Star, la direction a choisi de ne pas fermer leurs salles malgré les difficultés. « Nous essayons de proposer un nouveau film par semaine depuis août 2020, même si ce n’est pas des blockbusters », indique Eric Mallac Koenig, directeur des Cinémas Star. Lui aussi a constaté une baisse de 40 % du taux de remplissage des salles. Pour pallier à tout cela, des festivals ont été organisés afin de ramener les Mauriciens dans les salles après le confinement.

« Certains malls jouent le jeu au niveau des loyers, mais le plus gros problème reste celui de l'électricité qui coûte extrêmement cher. Le gouvernement aurait dû faire un effort dans ces moments difficiles pour aider l'industrie. Pour moi, la solution ce n'est pas de fermer les salles. Il faut protéger l’industrie locale qui projette ces films », explique-t-il.

Selon lui, le cinéma ne va pas mourir, car les films comme les blockbusters sont faits pour être vus au cinéma de par leurs effets spéciaux. « Depuis sa création, les salles de cinéma Star ont accueilli une trentaine de films locaux, dont certains qui sont restés à l'affiche pendant trois semaines. Nous voulons protéger l'industrie locale. D'ailleurs nous accueillerons prochainement un long-métrage d'Ananda Devi ».

46 tournages internationaux 

Durant ces cinq dernières années, plus de 450 projets de courts-métrages ont été réalisés. Entre 2019 et 2020, la MFDC a assisté à 46 tournages internationaux alors qu'en 2020/2021, on dénombre à ce jour seulement neuf tournages. « Il est certain que cela affecte notre produit intérieur brut. Mais quand il s'agit de la production locale, le nombre de tournages reste pratiquement le même que les années précédentes », souligne Vikram Jootun.


 Vikram Jootun souhaite que la MFDC continue à produire des films locaux.
 Vikram Jootun souhaite que la MFDC continue à produire des films locaux.

Vikram Jootun : « Depuis cinq ans, la MFDC n’a de cesse de soutenir les  projets audiovisuels mauriciens »

À Maurice, le gouvernement a renforcé les mesures préventives et les demandes de tournage de l'étranger ont diminué en comparaison aux années précédentes. Vikram Jootun, directeur de la Mauritius Film Development Corporation (MFDC), indique qu'ils restent sélectifs concernant les demandes. « Une équipe d’une série bollywoodienne est actuellement en quarantaine en ce moment », a-t-il indiqué.

Vu le nombre limité des sorties internationales pour la MFDC, c’est le moment propice pour les productions locales de se lancer. « Depuis cinq ans, la MFDC n’a de cesse de soutenir les  projets audiovisuels mauriciens. Le gouvernement offre des facilités aux producteurs locaux par le biais du Film Rebate Scheme et le NAF (National Art Fund). Nous apportons le soutien technique et logistique aux réalisateurs mauriciens », précise Vikram Jootun. Ce dernier rappelle  que certains films produits par des réalisateurs mauriciens chevronnés ont même été sélectionnés au niveau international. 

« Au niveau de la MFDC, nous avons fait une requête au ministère des Finances par le biais du ministère des Arts et du Patrimoine culturel pour la création d’un fonds d’aide aux réalisateurs mauriciens. L'objectif est de soutenir les projets de film d’une durée de 13, 26 et 60 minutes. Ce fonds permettra d'alléger le fardeau des réalisateurs locaux en quête de financement », informe-t-il.

 

 

 

 

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