À moins d’un mois de l’expiration de son mandat à la direction de l’ONG Porteurs d’Images, dont la mission est de former des Mauriciens aux métiers de l’image, Ophélie Belin fait son bilan. Au moment où se tient « Ile Courts », le festival international du court-métrage de Maurice, la Réunionnaise souhaite aussi ouvrir le festival aux influences extérieures.
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« Non, Porteurs d’Images ne sert pas de relais à la promotion de la culture française. » Ophélie Belin, la trentaine, mariée à un Mauricien, veut résolument dissiper tout amalgame que pourrait faire naître sa présence à la tête de l’association qu’elle préside depuis 2016. Avant elle, il y au eu Élise Mignot et David Constantin, tous deux francophones. « Cette année et entre autres, nous avons programmé, un manga, un long-métrage du cinéaste mozambicain Licinio Azevedo et c’est une véritable volonté d’ouverture », fait observer la jeune femme.
Même si dans cette perspective, dit-elle, Ophélie Belin s’est heurtée à « l’omerta » du ministère de l’Éducation lorsqu’elle a essayé d’obtenir que des courts-métrages pour les jeunes puissent être diffusés dans des établissements préscolaires publics. « Je n’ai jamais pu connaître les critères du ministère. » Heureusement, ce « blocage » n’a pas cours à Réduit où l’Université de Maurice a passé un Memorandum of Understanding avec Porteurs d’Images. C’est ce qui a permis d’organiser deux activités, la projection de films et de documentaires et des ateliers de rencontre.
Passé commun
L’ouverture qu’elle souhaite pour l’ONG tient aussi à sa propre expérience culturelle, après deux années vécues à Madagascar et deux autres au Népal, auxquelles elle conjugue son ambition de mettre en valeur le passé commun de Maurice et celui La Réunion dans le cadre d’un projet cinématographique élargi à la région du sud de l’océan Indien. « Trois caractéristiques de Maurice peuvent faire l’objet de ce projet, le patrimoine, l’aspect sociétal et la diversité culturelle-vivre ensemble. Les sujets mauriciens ne manquent pas, ce sont les soutiens qu’il faut », fait-elle valoir.
Pour y arriver, Ophélie Belin concède qu’il faut passer par une étape de professionnalisation, surtout au moment où le festival célèbre ses 10 ans. « Ma mission à l’association, c’est de poursuivre la consolidation de l’aspect gestion et la stratégie de développement, de logistique et de programmation tout en restant accessible », confie Ophelie Belin.
C’est dans ce cadre qu’il faut situer la volonté du festival de se ruraliser, tantôt à Poste-de-Flacq, tantôt à L’Aventure du Sucre. « Nous essayons d’être présents là où la densité du public permet une bonne interaction, dit-elle. Il faut faire tourner le festival et c’est en ligne avec notre objectif. »
Même si l’accès aux soutiens en termes de sponsoring reste un défi majeur pour les organisateurs du festival, ces derniers jugent tout aussi important qu’un large éventail de la population puisse voir les projections. À ce titre, le partenariat avec la MBC n’est pas des moindres. « À ce jour, nous n’avons pas encore de réponse de la MBC car la station nationale passe par une période d’instabilité. Je sais que dans le passé, un accord entre la MFDC et la MBC avait permis de dédier une chaîne aux courts-métrages mauriciens. Il faudra rechercher ce type de formule. Nous voyons déjà une bonne réaction du public parce qu’il est sensible aux sujets mauriciens », estime-t-elle.
Si d’une manière générale, le secteur privé délie parfois les bourses pour soutenir la production locale, le gouvernement reste, lui, peu généreux. « Le Film Rebate Scheme est une bonne idée mais il s’adresse aux étrangers, pas à la production locale. On pourrait s’inspirer de la France où une taxe prélevée par l’État va aux productions françaises. J’ai le sentiment que tout manque ici pour soutenir les productions locales. Pourtant, les jeunes sont passionnés par les métiers liés à la production d’images, mais leur seul débouché reste le secteur de la pub », se désole Ophélie Belin.
Le parent pauvre…
D’un gouvernement à l’autre, la culture est toujours restée le parent pauvre du développement. En raison du budget dérisoire alloué au ministère de la Culture, celui-ci se satisfait de son degré inférieur auquel le ravalent les autres ministères. Celui de l’Éducation participe à cette démarche qui conçoit le développement culturel dans une perspective où la religion n’est jamais bien loin, excluant ainsi la libre pensée dans la création artistique. Dès lors, on peut comprendre pourquoi les jeunes Mauriciens inscrits dans les institutions éducatives publiques, de la maternelle au secondaire, sont incapables de développer leurs potentiels créatifs, aussi infimes fussent-ils.
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