- Avec les nouvelles lois de l’immigration, elle peine à trouver du travail
- Mariée à un Mauricien, après le divorce, elle devra quitter le pays sans sa fille
« Est-ce humain de séparer une enfant de sa mère ? »
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Depuis mars, c’est le drame pour cette Roumaine mariée à un Mauricien qui a fait une demande de divorce. Résultat : une cascade de complications. En effet, la fille de Myriam, née à Maurice, ne peut la suivre en Roumanie sans l’accord de son père. De plus, après son divorce, elle ne pourra rester sur le territoire mauricien. Seules et sans argent, mère et fille sont désormais des sans domicile fixe.
La vie nous réserve bien des surprises et parfois de mauvaises ! Ce n’est pas Myriam (prénom modifié), 43 ans, qui dira le contraire. En instance de divorce, elle est arrivée à Maurice avec sa fille de deux ans le mois dernier pour se présenter en cour. Son mari devait aller les chercher à l’aéroport et les héberger chez sa mère, où il habite, jusqu’à ce que le divorce soit prononcé.
Il est 17 heures lorsque Myriam et sa fille arrivent à Maurice. Trois heures après, elles attendent toujours le mari et père… Elle finit par solliciter l’aide de la police. Puis, elle prend un taxi pour se rendre chez sa belle-mère où réside son époux. « Quand nous sommes arrivées, il n’y avait personne et la porte était cadenassée. » Elle se rend au poste de police le plus proche. « That’s the moment we became homeless ! »
Myriam sait qu’elle devra rester à Maurice pendant plusieurs mois pour le divorce mais elle n’a pas assez d’argent pour louer un appartement ou une chambre d’hôtel. « Les policiers m’ont bien aidée à chercher un refuge et je vis actuellement dans un abri pour femmes. »
« Love is not blind, I was stupid »
Une fois au refuge, elle a du mal à s’intégrer. « Je suis en colère car quand je l’ai connu, je n’ai cessé de lui envoyer de l’argent, confie-t-elle. Nous nous sommes connus sur un bateau de croisière en 2008. J’y travaillais comme serveuse et lui était sous-chef. Je suis venue plusieurs fois en vacances à Maurice et je résidais chez sa mère. Je lui ai acheté une voiture et je lui ai donné beaucoup d’argent. Il voulait supposément investir dans un business à Maurice. Love is not blind, I was so stupid. I made a big mistake. » Ce n’est que bien après qu’elle s’en rendra compte…
Ils se marient en 2015. Myriam explique : « J’étais en Roumanie, il m’a demandée en mariage et les noces ont eu lieu à Maurice. Ensuite, j’ai repris mon poste sur le bateau de croisière mais lorsque je suis tombée enceinte, je suis revenue à Maurice. Entretemps, il s'est blessé sur le bateau et a eu des problèmes à cause de l’alcool. Pendant que j’étais à Maurice, ma mère est décédée et ce n’est que lorsque ma fille a eu 11 mois que j’ai pu l’emmener dans mon pays natal, soit en 2017. »
Myriam et sa fille passent quelques semaines de vacances avec sa famille avant de penser au retour. « Cependant, à chaque fois que j’essayais de retourner à Maurice, mon mari refusait en cherchant des excuses. Je ne comprenais plus rien. Puis, j’ai reçu une lettre me sommant de me présenter en cour. » Elle ne travaille pas. Elle n’a plus d’économies. Elle a tout remis à son mari pour qu’il les investisse. Elle emprunte de l’argent à son père pour retourner ici.
« Je n’ai pas un sou, je dois absolument travailler »
Maintenant qu’elle habite dans un abri pour femmes, elle veut envoyer sa fille à l’école et travailler, sauf que plus rien ne va. « Ma fille ne parle que l’anglais, je dois donc trouver une école où on puisse la comprendre et cela coûte cher. De mon côté, j’essaie de trouver un emploi mais en vain. On me demande un permis de travail. Pour obtenir ce permis, il faut que je trouve un job qui me permette d’avoir un gros salaire. Or, personne ne veut m’employer. Je dois absolument travailler, on n’a plus de sous. Peu importe le travail, je peux cuisiner, je ferais le ménage mais aidez-moi à en trouver», implore-t-elle.
La situation de Myriam est d’autant plus complexe que son mari a coupé toute communication. « Je ne le comprends pas, je ne le reconnais plus. Il n’a plus rien à faire de nous et même pas de son enfant. Je viens d’apprendre que pour que ma fille puisse habiter avec moi en Roumanie, il faut qu’il vienne là-bas avec moi pour les procédures afin qu’elle puisse obtenir la nationalité de mon pays, mais il ne veut rien entendre. »
Éjectée de Maurice après le divorce
Ce qui l’inquiète encore plus, c’est qu’une fois le divorce prononcé, elle ne pourra plus rester sur le territoire mauricien. Elle devra donc rentrer en Roumanie. « Ma fille ne pourra pas y habiter plus de trois mois si elle n’a que la nationalité mauricienne. Que se passera-t-il si, moi, je ne peux plus résider à Maurice? Qu’adviendra-t-il de mon enfant ? Est-ce humain de séparer une enfant de sa mère ? Il est vrai que c’est moi qui ai décidé de quitter mon pays pour épouser un Mauricien mais il doit y avoir des lois pour nous protéger. Ma fille, en tant que Mauricienne, a des droits dont celui d’être avec sa mère. Je me retrouve piégée et je supplie le gouvernement mauricien de me venir en aide. »
Chaque jour qui passe la rapproche de ce moment tant redouté. Myriam veut s’en sortir, mais qui lui viendra en aide ?
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