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Négligence médicale alléguée : un « attendant » de l’hôpital de Flacq décède après 19 jours d’agonie 

Antaraj Ramkhelawan et son épouse.
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Antaraj Ramkhelawan, 50 ans, a-t-il été victime de négligence médicale ? Cet « attendant » de l’hôpital de Flacq est décédé après une chute dans les douches. Est-ce que le manque de professionnalisme est à l’origine de son décès ? Sa famille compte prendre les actions nécessaires pour que justice soit faite.

 Yuvraj Ramkhelawan, 47 ans, vit un véritable cauchemar. Il a l’impression d’être un personnage égaré dans un scénario digne de Franz Kafka, le maître de l’horreur. Son frère aîné, Antaraj, père de trois enfants, est décédé le lundi 5 juillet après 19 jours d’agonie. Il a fait plusieurs allers-retours à l’hôpital Dr Bruno Cheong, à Flacq, où il travaillait comme « attendant ».  Pourtant, si ses proches les médecins avaient fait correctement leur travail, cet  habitant de Mare-La-Chaux aurait pu être encore en vie. 

 Relevé des appels.
 Relevé des appels.

Tout a commencé quand Antaraj a lourdement chuté dans les douches de l’établissement. Un premier examen aux rayons X a révélé qu’il a eu trois côtes fracturées. Après cinq jours d’hospitalisation, il a été autorisé à regagner son domicile et comme c’est souvent le cas, on lui a prescrit du paracétamol et d’autres médicaments.  Une fois à la maison, sa santé ne s’est guère améliorée. Il avait de très grandes difficultés à respirer. « Li ti pe touffer », indique son frère qui est barman sur les bateaux de croisières. La famille a donc pris la décision de le ramener à l’hôpital le 23 juin, mais un deuxième examen aux rayons X n’a rien révélé de suspect aux médecins.  

Sang caillé

Antaraj a été prié de retourner chez lui après avoir reçu de nouveaux médicaments. « Li pe pliss touffer sann coup la ek lin pa ti pe kapav respire. Li pa tipe kapav assize, ek manzey », indique, pour sa part, Amarnath Ramkhalawan, l’oncle paternel de la victime. Après quatre jours, vu que l’état de santé d’Antaraj se détériorait, il a été ramené à l’hôpital de Flacq où un nouveau médecin l’a examiné. Ce dernier n’a rien trouvé de suspect et l’attendant a été prié de retourner chez lui. Ensuite, le 29 juin, la douleur devenant intolérable, il est retourné à l’hôpital. « Quand un autre médecin a ordonné de nouveaux examens aux rayons X, il a découvert qu’en fait, il avait quatre côtes cassées et le foie endommagé », explique son frère. Le lendemain, la victime a subi une intervention chirurgicale, mais au préalable il a fait un test PCR. C’est alors que les docteurs ont découvert qu’il avait du sang caillé dans l’un de ses poumons, d’où sa difficulté de respirer.  

Le 1er juillet, il a été dirigé à l’hôpital du Nord pour des examens radiologiques plus poussés. Verdict : il avait cinq côtes cassées et le tube installé dans son poumon pour drainer le sang caillé s’est déplacé. 24 heures plus tard, il a subi une autre intervention chirurgicale. « Le dimanche 4 juillet, il a appelé notre père, Bhagwant,  pour se plaindre qu’on ne s’occupait pas de lui », relate Yuyraj. « Bhagwant a alors contacté la salle où se trouvait Antaraj et a parlé avec un infirmier qui lui a expliqué qu’un médecin venait de lui faire une injection », relate Amarnath. Tout a basculé vers 23h50 quand l’attendant a perdu connaissance. Aux petites heures du lendemain matin, sa famille apprend qu’il est décédé. 

« Nune pran loto, de swit nune al laba. Kuma nune arriver, ene infirmier dire nu, pas batte mwa, mone fer tout seki bizin, ki li pa en tort, linn fer seki bizin », indique Yuvraj en produisant un relevé des appels passés à la salle du médecin de garde. « J’ai pu faire la photo quand l’infirmier avait le dos tourné », dit-il. 

« L’infirmier ne mentait pas : il a appelé le médecin à plusieurs reprises cette nuit-là. Le docteur nous a parlé, mais nous avons relevé des incohérences entre sa version et le document en notre possession », poursuit le barman. Ce dernier avoue être surpris par la cause du décès de son frère. Celui-ci, selon les docteurs, est décédé d’une insuffisance cardiaque provoquée par le diabète et un problème aux reins. Or, cette maladie n’a jamais été diagnostiquée chez lui.  « Nous étions tellement sous le choc que nous avons préféré ne pas ordonner une autopsie. J’ai quand même porté plainte à la police de Belle-Mare pour négligence médicale. Après la cérémonie de prières pour le repos de son âme, je compte saisir le ministère de la Santé et solliciter des hommes de loi pour intenter un procès au civil contre ledit ministère », déclare Yuraj.  

« Nous prévoyons également d’envoyer une lettre au Premier ministre et au ministre de la Santé pour empêcher que ce drame ne se répète. Mon frère travaillait dans ce  même hôpital et pourtant regardez le traitement qu’il a subi. Qu’en sera-t-il pour les autres ? », se demande-t-il. Antaraj laisse derrière lui une veuve et trois fils âgés de 21, 18 et 17 ans. 

Le ministère de la Santé dit suivre cette affaire de près et a indiqué avoir transmis le dossier au Medical Negligence Standing Committee pour l’ouverture d’une enquête. La police devrait se pencher sur ce cas en parallèle. 

 

 

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