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Mise en demeure servie : le fils d’un prêtre réclame Rs 5 M à l’Église catholique

Cour suprême Le fils du prêtre réclame justice. Il a fait servir une mise en demeure au diocèse de Port-Louis. (Illustration

Un homme, qui dit être né d’une relation entre un homme d’église et sa mère à la fin des années 50, a servi une mise en demeure au diocèse de Port-Louis. Il lui reproche de l’avoir privé d’une enfance heureuse et de porter le nom de son père, qui aurait été contraint par la hiérarchie de l’église à officier à La Réunion.

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Il accuse l’Église catholique mauricienne de lui avoir enlevé son père biologique, ce qui l’a privé d’une enfance heureuse. Un homme, qui dit être le fruit d’une liaison entre sa mère et un prêtre ayant officié dans une paroisse d’un faubourg de Port-Louis à la fin des années 50, vient de servir une mise en demeure au diocèse de Port-Louis. Il lui réclame des dommages de l’ordre de Rs 5 millions pour le préjudice subi.

Fort d’une lettre d’excuse signée en début d’année par le cardinal Piat quant aux « conséquences » des actes d’un homme d’église sur son enfance et son adolescence, le plaignant considère que le diocèse a le devoir de le dédommager pour le calvaire qu’il a vécu durant les premières années de sa vie. Il raconte comment les autres enfants s’en prenaient à lui, le traitant de « bâtard » et de « piti monper ». Il explique aussi comment les parents de sa petite amie lui avaient refusé sa demande en mariage à cause de cette filiation.

Dans la plainte rédigée par l’avoué Pazhany Rangasamy, l’homme indique que ce n’est qu’à sa première communion qu’il a su la vérité sur l’identité de ce père absent. Sa tante, qui s’occupait de lui, car sa mère a préféré émigrer, lui avait alors tout avoué. La tante ayant alors neuf enfants à sa charge, il explique n’avoir pas connu l’amour maternel, ni reçu l’affection nécessaire durant son enfance.

Il accuse l’Église d’avoir imposé le secret autour de sa naissance afin de ne pas être éclaboussée par le scandale. Ce qui l’a, dit-il, empêché de porter le nom de son père biologique, ce dernier ayant été forcé par sa hiérarchie de quitter Maurice pour exercer à La Réunion.

Il ajoute que c’est dans une tentative d’acheter le silence de sa mère que le diocèse lui versait une pension mensuelle de Rs 200, jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de 14 ans. Il souligne qu’un ancien responsable de l’Église a décidé de lui couper les vivres, car il estimait qu’il était alors en âge de travailler. Malgré ses supplications, il a été contraint d’abandonner ses études secondaires, faute de moyens.

Forcé de gagner sa vie comme maçon, puis mécanicien, il s’est réfugié dans la prière. C’est ainsi qu’il a appris, par le plus pur des hasards, à la fin des années 90, que son père officiait à l’île sœur. Il est parti à sa rencontre et sa mère les a rejoints sur place. Cette dernière a admis que le prêtre était le géniteur et qu’elle avait dû avorter d’un deuxième enfant en 1962.

Des années plus tard, le plaignant a appris que son père était mourant au Thabor. Il a fait en sorte de l’accompagner jusqu’à son dernier souffle et celui-ci, dit-il, lui a parlé des pressions exercées par l’Église pour qu’il ne le reconnaisse pas.

Le plaignant évoque sa rencontre avec la cardinal Piat en début d’année et son vœu à l’aider afin que le nom de son père figure enfin sur son acte de naissance. Nous avons contacté le diocèse en avril dernier pour une réaction quant à la lettre d’excuse du cardinal Piat. Nous avons toutefois préféré attendre qu’une mise en demeure lui soit servie pour publier cet article.

« À l’évêché, on reconnaît que, vers la fin des années 50, un prêtre mauricien aurait eu un enfant alors qu’il était prêtre. En cette année 2018, le fils du prêtre a pris contact avec le Cardinal Maurice E. Piat, qui l’a reçu à plusieurs reprises. Le Cardinal l’a longuement écouté et lui a présenté les excuses de l’Église pour cette erreur commise par un homme d’église qui a eu pour conséquence tant de souffrances, telles la séparation d’avec son père et le traumatisme émotionnel que cela peut entraîner pour des innocents », nous a répondu le diocèse.

 

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