Ravi Tarah serait du genre à vivre aux crochets des femmes avec lesquelles il se met en ménage, à en croire son ex-épouse qui lui a d’ailleurs demandé le divorce en 2009 à cause de ce défaut. Selon elle, l’homme, qui a avoué avoir prémédité le meurtre de Reena Devi Rookhee, rechignait à travailler.
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« Zame li finn kontan travay, me zame linn violan ek mwa », confie Camille (prénom modifié), la première épouse de Ravi Tarah. Elle n’arrive toujours pas à assimiler le fait que l’homme qui lui a donné un enfant, aujourd’hui adolescente, ait pu assassiner Reena Devi Rookhee, aussi dit Kajal, dimanche dernier. Armé d’un couteau, il s’est acharné sur l’employée de supermarché avant d’abandonner son corps sur un terrain en friche à Triolet.
« Kan radio finn donn so nom, mo tifi pann kapav tini. Linn plore », glisse Camille. Elle était à peine majeure lorsqu’elle a rencontré l’habitant de Poste-de-Flacq. Ils sont tombés amoureux lorsqu’il venait rendre visite à des proches dans le Sud-Est de l’île d’où elle est originaire. Ils se sont mariés un an après la naissance de leur fille.
Dès le départ, elle avait été mise en garde. « So bann fami ti dir mwa : ‘To pou gagn problem ar li parski li pa kontan travay’ », se souvient-elle. Ils habitaient alors une maison de location dans l’Est. Après avoir travaillé dans une usine, il avait été embauché comme jardinier dans une entreprise de paysagisme de la région, alors qu’elle avait trouvé un emploi dans un restaurant.
Leur fille avait à peine trois ans lorsqu’il a commencé à s’absenter régulièrement du travail, disant souffrir de son dos. « Li ti dir li pa kapav travay. Li ti dir so lerin pa bon, me dokter pa ti pe trouv nanie », se désole-t-elle.
Ravi Tarah passait son temps à boire et à fumer. Les dettes commençaient à s’accumuler. Il ne parvenait pas à payer le loyer. Camille devait souvent se résoudre à emmener leur fille au travail et de réclamer de l’aide à sa famille pour pouvoir faire bouillir la marmite. « Li ti dir mwa ki bizin travay. Mo finn bizin al kot mo fami », fait-elle ressortir.
Dès lors, elle a pris la décision de divorcer et de réclamer la garde de leur enfant, invoquant le fait qu’il passait son temps à picoler. En douze ans, Camille l’a fait condamner à deux reprises pour ne pas avoir versé de pension alimentaire à leur fille. « Enn kout li reve li donn kas. Desam so rev kase. Avan li sone, li dir ki li pe vinn get so tifi. Apre enn sel ale », ressasse-t-elle.
Ravi Tarah s’est ensuite mis en ménage avec une femme plus âgée que lui à Bel-Air, village où il a été débusqué par la Major Crime Investigation Team et la Criminal Investigation Division de la localité aux petites heures le mercredi 4 août 2021. « Li finn marie relizion. Madam la ti amenn li Lind. Madam la inn get li ziska li desede. Lerla linn al res kot enn lot madam Rempart », poursuit Camille.
C’est à partir de là qu’un changement s’est opéré en lui. Il a commencé à être violent. « Kan monn konn li, li ti koz bien. Li pa ti move. Zis manze li pa ti pe kapav done akoz li pa kontan travay. Lerla li strese. Li bwar ek li fume bokou », souligne Camille.
Désormais, elle doit faire comprendre à sa fille qu’il faut qu’elle passe un nouveau cap. « Monn dir li to papa mem sa, me li pann pran twa kont ziska to grandi. Monn konsey li aprann pou ki li kapav resi dan lavi », confie Camille.
À Poste-de-Flacq, chez les Tarah, on indique qu’il a toujours été « différent ». Issu d’une fratrie de sept frères, il était comme un étranger au domicile parental. Depuis son mariage, il ne fréquentait plus personne. « Kan linn sorti linn ale, tou inn fini. Tou letan li ti apar », déclare un frère. « Li pa ti res laem. Linn ne Grand-Port kot so nani », déclare son père de 88 ans.
C’est en 2018 que Ravi Tarah a rencontré Reena Rookhee, alors séparée de son époux. Elle a emmené ses deux fils avec elle lorsqu’ils se sont mis en ménage. Mais le suspect passait son temps à boire, au lieu de chercher du travail. D’où les incessantes disputes qui ont fini par la pousser à rompre avec lui après quatre ans de vie commune.
Cela fait des jours qu’il s’est créé un scénario dans sa tête : Reena Rookhee a dû rencontrer un autre homme, ce qui expliquerait pourquoi elle ne voulait pas revenir à de meilleurs sentiments. Cette thèse tournait en boucle dans sa tête vu qu’elle dissimulait son téléphone et qu’elle refusait de lui dire avec qui elle communiquait, tout en lui lançant un « pa bizin to kone » lorsqu’il lui posait la question.
En fait, Reena Rookhee en avait assez de cette vie faite de disputes. Son fils cadet confie que Ravi Tarah n’hésitait pas à la gifler lorsqu’elle se rangeait du côté de son aîné. La mère de famille espérait se donner un nouveau départ en trouvant une autre maison à louer où elle pourrait héberger ses deux fils, dont l’aîné est en ménage avec sa petite amie.
Dimanche, elle était censée en visiter une, mais elle avait accepté le rendez-vous que Ravi Tarah espérait être celui de la dernière chance. Quand elle est descendue du minibus à Triolet, il l’a entraînée au fin fond de la Rampersand Aumeer Lane, ayant déjà prévu de la tuer.
« Mo finn pran kouto dan lakwizinn. Mo finn dir si li pa konpran zordi, mo pou touy li », a-t-il avoué à l’équipe de l’assistant surintendant de police Vikash Seebaruth. Au cours de leur dispute, il s’est emparé du couteau et l’a frappée plusieurs fois à la tête, lui sectionnant une oreille et lui tailladant la joue. « Mo kone ki fason mo finn bat li kout kouto sinwa lor so latet e figir pou li mor », a-t-il indiqué mercredi.
Sa version confirme le constat du chef du service médico-légal de la police, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, qui a conclu que la victime, 42 ans, est décédée de « chop wounds » à la tête. « Mo satan finn mont lor mo latet. Mo finn desid pou touy li. Kan linn tombe, mo pa finn get li. Mo finn sove », a déclaré Ravi aux enquêteurs avant de participer à une reconstitution mercredi. La mère de Reena Rookhee et Teja, l’ex-époux de cette dernière, ne peuvent, eux, dissimuler leur tristesse.
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