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Mesure budgétaire : revenu minimum garanti : aucune assurance quant à l’augmentation de la productivité

La productivité est un élément non négligeable dans la croissance.

Pour un pays qui aspire à croître économiquement, la productivité est l’une des clés les plus importantes. Faut-il s’attendre à ce que le rendement, l’efficacité et l’efficience de l’employé soient boostés par cette mesure budgétaire ? Éléments de réponse. 

85 000 hommes et femmes travaillant à temps plein toucheront un revenu mensuel d'au moins Rs 15 000 dès juillet prochain suite à l’introduction du revenu minimum garanti, mesure annoncée dans le Budget 2023-24. L’objectif, selon le ministre des Finances, est de protéger les citoyens contre l’augmentation des prix mondiaux. « Pour tous ceux qui perçoivent un revenu, y compris la CSG Income Allowance inférieure à Rs 15 000, le gouvernement leur versera un complément allant jusqu’à Rs 1 425 par mois », a précisé Renganaden Padayachy. 

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L’économie mauricienne a enregistré une progression de 8,7 % l’année dernière. Le Grand argentier table sur une croissance de 8 % du produit intérieur brut (PIB) en 2023-24. En sus des facteurs macro-économiques, la productivité devrait être un composant important dans la quête de ces prévisions de croissance. Hubert Gaspard, psychologue du travail, fait observer que cela ne peut qu’être le souhait des employeurs que l’entrée en vigueur du revenu minimum garanti entraîne une augmentation de la productivité. Cependant, il modère ses propos et estime que cela va se mesurer sur le terrain. « C’est une hausse du revenu dont certains salariés bénéficieront sans effort. Toutefois, les employés qui étaient dans l’obligation d’accumuler de petits boulots à côté pour toucher un salaire de Rs 15 000 pourront désormais se consacrer pleinement à leur emploi », ajoute-t-il. 

Se chiffrant à 10,6 % en mai dernier, l'inflation globale est sans aucun doute une véritable préoccupation à Maurice. D’ailleurs, le syndicaliste Narendranath Gopee estime que le dû de l’État à la population en termes de compensation sur l’inflation depuis 2018 est de 14 %. « Il ne faut pas se laisser berner par la manière dont le ministre des Finances a présenté cette mesure. Il y a une catégorie de travailleurs qui ne touchera rien, soit ceux dont le salaire est à Rs 15 000 ou au-delà », souligne le syndicaliste. 

Facteur de démotivation

D’un point de vue psychologique, l’humain a tendance à se comparer à ses semblables selon Areff Salauroo, président de l’Association of Human Ressource Professionals of Mauritius (MAHRP). Il avance que l'argent n'est pas un facteur de motivation. « Au mieux, il est démotivant », dit-il. Les employeurs pourraient se retrouver en face d’une situation de démotivation de la part des salariés qui ne sont pas concernés par le revenu minimum garanti. De l’avis d’Hubert Gaspard, psychologue du travail, c’est là que le sens du collectif devra être mesuré. « Dans le sens du bien commun, tous les employés devront être contents que leurs collègues bénéficient de ce revenu minimum garanti. Cependant, l’individualisation est une autre paire de manches. Cela pourrait entraîner cette question : pourquoi est-ce que mon collègue qui fait le même travail que moi va toucher une augmentation de salaire ? », explique notre interlocuteur. 

Pour sa part, Narendranath Gopee aborde le sujet sous un autre angle. Selon lui, la formule proposée pour le revenu minimum garanti est déjà une source de découragement. Il est d’avis qu’en introduisant cette mesure pour les employés touchant un salaire de Rs 20 000, il y aurait beaucoup plus de bénéficiaires. Le syndicaliste évalue le salaire minimum social aux alentours de Rs 27 000.  

Pression sur les entreprises

Quel sera le destin de cette mesure l'année prochaine et au-delà du mandat du gouvernement actuel ? Narendranath Gopee éprouve des difficultés à se projeter dans l'hypothèse où cette mesure serait supprimée. Selon lui, il n'y aurait aucune raison valable pour cela. Cependant, un employeur, souhaitant préserver son anonymat, suggère aux entreprises de prendre des précautions. Il explique qu'il pourrait être nécessaire d'ajuster les salaires de ceux qui touchent un montant supérieur à Rs 15 000 afin de remotiver les employés. Cela aurait des conséquences sur le coût de production, entraînant ainsi une pression supplémentaire sur les employeurs. « La masse salariale va augmenter. C’est pour cela que certaines entreprises préfèrent faire plus de travail avec moins d’effectifs », fait observer notre source. 

 

 

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