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Matériaux, médicaments, aliments…vers une hausse de prix inévitable de certains produits

Le secteur de la construction sera frappé de plein fouet avec une série d’augmentation de prix bientôt.
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  • Limitation délibérée des stocks 

Qu’il soit question de produits alimentaires, de matériaux de construction ou de médicaments, de nombreuses entreprises ne dispose pas de grands stocks. Et c’est voulu. Ces sociétés les limitent délibérément. Aucune ne veut prendre de risque face à l’incertitude qui règne à Maurice comme dans le monde à cause de la pandémie de COVID-19. 

Cela signifie donc que les prix de ces produits prendront l’ascenseur. Ce que confirme des opérateurs, à l’instar de Bhooshan Ramloll, Chief Executive Officer (CEO) de RBRB Construction Ltd. « Le prix de la barre de fer a augmenté. Celui du ciment grimpera lui aussi de même que ceux d’autres matériaux », prévoit-il. 

Lui parle carrément de pénurie de matériaux de construction sur le marché. « Exemple : le bois, les vis et autres matériaux spécialisés. Ce n’est pas seulement à Maurice qu’il n’y a pas de stock mais aussi à l’étranger », explique-t-il.

Bhooshan Ramloll évoque la hausse du coût du fret comme facteur motivant la décision de plusieurs entreprises de limiter leurs stocks. « Cela ne les incite pas à investir. On ne peut pas importer des produits en grande quantité car l’avenir est encore incertain. »

Ce n’est pas Afzal Delbar, directeur de Silver Line Services Ltd, qui dira le contraire. Il indique que le volume des importations chute drastiquement depuis janvier. Raison qu’il invoque : « Le coût du fret a triplé. »

Dysfonctionnement  

Sans compter, dit-il, la durée allongée de l’acheminement des marchandises et une baisse des ventes. « L’impact de la COVID-19 est une chose. La hausse considérable du coût du fret sur le marché mondial en est une autre. C’est la principale raison qui pousse les importateurs à ralentir leurs opérations », estime Afzal Delbar. 

Avis partagé par Lawrence Wong, directeur de La Trobe Ltd, une société spécialisée dans les produits alimentaires. « Le coût du fret a beaucoup augmenté sur toutes les importations, mais nous ajustons les choses en conséquence. »

Il concède qu’il y a pas mal de dysfonctionnement par rapport à la chaîne d’approvisionnement. « Certaines marchandises sont en rupture de stock et d’autres  en stock limité », fait-il comprendre. 

Retard des navires : deux mois au lieu de trois semaines 

Lawrence Wong rappelle que chaque commerçant importe des produits en fonction de la demande sur le marché. « Mais pour les commodités de base, on ne prévoit aucune contraction. Au contraire, le marché est stable », rassure-t-il pour sa part.  Altaaf Damree, directeur de la société Ashfaaq & Co Ltd spécialisée dans l’alimentation, confie qu’il « importe normalement ». Son entreprise, poursuit-il, dispose des marchandises nécessaires. « Le seul souci est le retard des bateaux », reconnaît-il. « Heureusement que la société MSC facilite les choses », nuance-t-il.

Bavin Bangaroo, directeur d’Active Decor, met lui aussi en exergue le fait que les marchandises tardent à arriver à Maurice. « Auparavant, cela prenait entre deux et trois semaines. Aujourd’hui, il faut compter deux mois, si ce n’est plus », déplore l’importateur de produits de construction.

« La situation n’est guère luisante. Avec la dépréciation de la roupie et la hausse du coût du fret à hauteur de 200 %, nous devons faire face à de nombreuses répercussions, dont la majoration des prix. A chaque nouveau stock, le prix augmente. Sauf qu’on ne peut pas garder un prix fixe », explique le directeur.

Il ajoute que la plupart des entreprises sont prudentes, car avec la pandémie, le pouvoir d’achat des consommateurs a baissé. « Les sociétés ne veulent pas s’endetter pour importer de grandes cargaisons au risque de ne pas pouvoir rembourser leurs emprunts puisque les gens achètent peu », conclut Bavin Bangaroo.

La présidente de la Pharmaceutical Association : « Pas de pénurie à prévoir » 

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Yamini Moothoosamy Murugesan et Siddique Khodabocus.

Comme Maurice importe ses médicaments essentiellement de l’Inde et de l’Europe, doit-on s’attendre à une rupture de stock au vu des restrictions imposées dans ces pays par rapport à la pandémie de COVID-19 ? « Il se pourrait qu’il y ait une petite rupture de stock pour un ou deux produits dans certaines pharmacies », reconnaît Yamini Moothoosamy Murugesan, présidente de la Pharmaceutical Association of Mauritius. 

En revanche, précise-t-elle, les pharmaciens proposent des médicaments génériques. Pour ce qui est de l’approvisionnement, elle soutient que tout est sous contrôle. « Il n’y a rien d’alarmant pour aller jusqu’à parler de pénurie. Les grossistes multiplient les moyens pour assurer l’approvisionnent des médicaments au pays », rassure-t-elle. 

Cependant, elle prévient qu’une hausse de prix des médicaments est à prévoir dans les prochains jours. « Après la hausse du coût du fret pour le transport aérien qui demeure un problème majeur, cette fois c’est le transport maritime qui subit le même sort. Cette hausse est liée à la disponibilité des conteneurs pour le transbordement des marchandises. Si, par exemple, le coût du fret est de 1 700 dollars en temps normal, le prix a doublé depuis novembre dernier. » 

Elle concède qu’il y aura un ralentissement de l’approvisionnement des médicaments. Mais elle précise que ce ne sera pas plus d’une quinzaine de jours. 

Même optimisme du côté de Siddique Khodabocus, président de l’Union of Pharmacists. Il avance qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir quant à une quelconque pénurie de médicaments dans les pharmacies. « Pour l’heure, tout est sous contrôle. Les grossistes font leur travail selon leurs moyens afin qu’il n’y ait pas de rupture de stock », dit-il. Il souligne néanmoins qu’une hausse des prix est à prévoir, vu l’augmentation du coût de fret à la fois pour les avions et les navires.

 

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