Live News

Mary Ann Garrioch : le ciel pour horizon

Le pape Jean Paul II saluant les membres de l’équipage : Rivaltz Mayer, Mary Ann Garrioch et Alain Wong. Photo immortalisalisant le premier vol du Boeing 747 opéré entièrement par un équipage mauricien : (de g. à dr.) les commandants Dominique Paturau et Pramil Banymandhub. En arrière-plan, l’ingénieur de bord Ranjit Appa, et au premier plan, Mary Ann Garrioch et Rivaltz Mayer, membres du personnel navigant. Le vol avec le pape Jean-Paul II.

Animée par une passion précoce pour l’aviation, Mary Ann Garrioch a embrassé une carrière de personnel navigant chez Air Mauritius. Des débuts sur le Twin Otter aux vols VIP, elle retrace un parcours marqué par l’audace, l’apprentissage et des rencontres inoubliables.

Publicité

Sa mère souhaitait une carrière à la banque pour elle. Mais Mary Ann Garrioch, elle, rêvait du ciel, d’explorer le monde. Aujourd’hui, après trois décennies au sein d’Air Mauritius, cette passionnée d’aviation le dit tout simplement : « Je n’ai aucun regret. » 

Son attrait pour le métier de personnel navigant a germé très tôt, influencé par son oncle qui travaillait à l’aéroport et partageait avec enthousiasme son quotidien professionnel. Elle était fascinée par cette dynamique de travail en groupe, loin de la monotonie de la paperasse administrative.

Son rêve de prendre un jour place à bord d’un avion s’est précisé lorsqu’une cousine, partie en Australie à l’époque de l’indépendance de Maurice, lui a raconté qu’un avion avait survolé Curepipe alors qu’elle était encore jeune. Mary Ann Garrioch se souvient lui avoir confié : « Un jour, je serai dans l’un de ces avions. » Son désir de quitter l’île pour explorer le monde a également joué un rôle clé dans son choix de carrière, d’autant plus que les opportunités à Maurice étaient limitées à l’époque.

Avant d’intégrer l’aviation, Mary Ann Garrioch a travaillé quelque temps dans une agence de voyage. Mais lorsqu’Air Mauritius a lancé une campagne de recrutement pour le personnel navigant, elle a saisi l’opportunité sans hésitation. Après plusieurs étapes de sélection, elle a été retenue avec deux amies. 

Éventail d’expériences

Lorsqu’elle a débuté chez Air Mauritius, les connaissances locales en matière de formation du personnel navigant étaient limitées. La compagnie s’est donc appuyée sur Air France pour former ses premières recrues, avant de les envoyer suivre une formation complémentaire auprès de British Airtours pour le B707 et d’Air Madagascar pour le B737. 

Mary Ann Garrioch se souvient de la rigueur de ces apprentissages : « Il fallait vraiment s’accrocher, car nous devions accomplir des tâches que nous n’avions jamais réalisées auparavant. Les formations étaient exigeantes, et nous devions suivre le même parcours que les recrues d’Air France. » Parmi les épreuves les plus éprouvantes figuraient les sessions de sécurité et de sauvetage, incluant des exercices de natation et des simulations de situations d’urgence en mer.

Heureusement, le soutien de ses collègues, notamment des membres d’Air France, lui a permis de surmonter chaque étape avec succès. « Elles ont été incroyablement solidaires et nous ont beaucoup aidées à franchir les différentes étapes pour obtenir notre certification », se rappelle-t-elle.

Son aventure au sein de la compagnie nationale d’aviation civile a commencé à une époque où la compagnie exploitait des appareils comme le Twin Otter, assurant des vols vers La Réunion et Rodrigues. Rapidement, elle a vu l’entreprise évoluer et enrichir son réseau de destinations. « Cela a été une expérience super enrichissante. J’ai côtoyé l’international, découvert d’autres communautés, cultures et pays. C’était un véritable éventail d’expériences où l’on pouvait vraiment s’enrichir et créer des amitiés », se remémore-t-elle avec émotion.

Grâce à son métier, elle a pu découvrir l’Europe et l’Asie, mais l’un de ses souvenirs les plus marquants reste sa visite à Seattle chez Boeing, alors que le 767 était en construction. Outre le Twin Otter, Mary Anne Garrioch a ainsi eu l’occasion d’opérer sur les Boeing B737, B747, B767 ainsi que sur les Airbus A340, A330 et A319, ce qui lui a permis d’approcher les grands noms de l’industrie aéronautique. Elle a également fait partie de l’équipe ayant convoyé l’A319 et l’A330 lors de leur livraison par Airbus. « Ce fut un privilège professionnel exceptionnel de faire partie de l’équipe chargée de ces deux convoyages. Ce sont des souvenirs gravés à jamais, des expériences absolument géniales », confie-t-elle.

Moment mémorable

L’un des moments les plus mémorables de sa carrière reste sa participation au vol transportant le pape Jean-Paul II en 1989, lors de sa visite à Maurice. Elle explique que le souverain pontife avait pour habitude d’utiliser les compagnies aériennes locales pour ses déplacements entre les pays. Ce vol, opéré sur un Boeing 767, reste gravé dans sa mémoire. « C’est un souvenir qui me revient à chaque fois que l’on me pose cette question », confie-t-elle. 

Elle a également eu l’opportunité de rencontrer d’autres personnalités, dont Jacques Chirac, alors maire de Paris. Toutefois, aucun vol ne lui a procuré la même émotion que celui avec le pape. Ces missions impliquaient un protocole strict et des mesures de sécurité spécifiques, nécessitant une adaptation du service en fonction des exigences des autorités concernées.

Aujourd’hui, après avoir quitté la compagnie, Mary Ann Garrioch se demande si elle aurait pu exercer un autre métier. « Ma mère était persuadée que travailler dans une banque m’offrirait une meilleure stabilité. Mais mon père l’a convaincue de me laisser suivre ma propre voie, en lui expliquant que si cela ne me plaisait pas, je pourrais toujours me réorienter », révèle-t-elle. 

Si sa mère a fini par accepter son choix, elle n’a jamais profité pleinement des avantages de voyage que la compagnie offrait aux proches des employés. « Elle n’a pris l’avion que pour des raisons vraiment essentielles et non pour visiter régulièrement ses amies ou proches », explique Mary Ann Garrioch. Malgré cela, elle sait que sa mère était fière d’elle.

Mary Ann Garrioch reste convaincue que le métier de personnel navigant est destiné à ceux qui aiment le contact humain et le voyage. Cependant, elle met en garde : « C’est un métier exigeant. Si l’on n’est pas passionné, il est difficile d’y trouver sa place. Les horaires irréguliers, les longs séjours loin de la famille et la rigueur nécessaire ne conviennent pas à tout le monde. » 

Elle évoque également l’importance de l’intégrité et de la représentation de la compagnie. « Ce qui compte, c’est ce qui se passe lors d’un vol. La réussite repose sur une préparation minutieuse, quel que soit sa durée. Assurer le service aux passagers ne suffit pas ; il faut aussi être vigilant quant à leur sécurité », fait-elle comprendre. 

Forte d’une carrière qu’elle regarde avec fierté et gratitude, Mary Ann Garrioch conclut en insistant sur l’engagement total que requiert ce métier : « Peu importe la compagnie, le succès d’un vol repose sur une équipe soudée et bien formée. Il faut être capable de garder son sang-froid en toute circonstance. » 

Et si c’était à refaire ? Elle n’hésiterait pas une seconde : « Je retournerais aux années 76, car c’était la plus belle période d’Air Mauritius. » 

  • salon

     

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !