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Maison endommagée lors des inondations du 21 avril dernier à Tranquebar : le désarroi des Andoo face à une éviction brutale

Wendy Andoo en compagnie de ses parents. Sa mère souffre d’une tumeur au cerveau et son père de plusieurs complications de santé. La maison des Ramsahye se situe juste à côté de celle des Andoo. Les débris de la maison effondrée constituent un danger pour la maison de la famille Andoo. Wendy Andoo estime que les vibrations produites par l’effondrement de la maison de la famille Ramsahye sont à l’origine des craquelures dans la sienne.
  • Aucun soutien financier ne leur a été proposé
  • « Nous sommes aussi des victimes », dit la famille

Les pluies torrentielles ayant frappé le pays le 21 avril dernier ont provoqué l’effondrement d’une maison à Tranquebar et endommagé plusieurs autres. Parmi ces victimes figure la famille Andoo. Mais contrairement à ses voisins, elle a été sommée de quitter sa demeure sans le moindre soutien financier de la part des autorités.

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Ils ont été sommés de quitter leur maison. Immédiatement. Sans autre forme de procès. Le désarroi des Andoo est palpable. À la stupeur se mêle un sentiment d’injustice. Car si cela fait une quarantaine d’années que cette famille, voisine des Ramsahye dont la maison s’est effondrée lors des inondations du 21 avril dernier, vit à Tranquebar, et y a construit sa maison à force de nombreux sacrifices, elle doit tout quitter… sous peine de payer une amende, voire faire de la prison… Et sans aucune forme de compensation.

« Notre maison a été impactée par les inondations du 21 avril dernier. L’ordre d’éviction de la mairie de Port-Louis, qui a été émis début mai, mentionne clairement que ma maison est une zone dangereuse, et stipule que je dois vider les lieux au risque de payer une amende de Rs 200 000 ou encourir quatre ans de prison en cas de résistance », s’insurge Wendy Andoo, 47 ans.

Son incompréhension est profonde. Car les inondations du 21 avril dernier ne sont aucunement de sa faute. Ni les dommages causés à sa demeure, dont les fondations ont été fragilisées par les eaux déferlantes lors des pluies torrentielles qui se sont abattues sur l’île ce jour-là. Selon les autorités, bien que sa maison tienne toujours debout, le risque d’effondrement est trop élevé pour permettre le maintien de la famille sur place.

Wendy Andoo confie ne pas savoir où aller et vers qui se tourner. D’autant que ses parents, avec qui elle vit, sont âgés et ne jouissent pas d’une bonne santé. Sa mère a 71 ans et est atteinte d’une tumeur au cerveau. Son père, lui, souffre d’un problème oculaire ainsi que d’autres complications de santé, dont le diabète. Il est âgé de 76 ans. « Mes parents sont très affectés par cette situation. Ils sont malades. Imaginez quel impact cette situation a sur leur santé… » dit-elle. « Si nous devons partir, où irons-nous ? C’est ici que nous habitons depuis des années… » demandait-elle en avril dernier, après les inondations, consciente déjà que demeurer dans la maison familiale n’était peut-être plus une option. 

La quadragénaire ne s’attendait cependant pas à une expulsion aussi brutale. Elle explique que c’est grâce aux efforts de ses sœurs et elle que cette maison en dur a pu être construite. « Nous avons travaillé pendant de nombreuses années en Irlande. C’est grâce à nos économies que nous avons pu enclencher la construction de la maison. Nou’nn aranz lakaz-la ek nou’nn met nou bann paran ladan akoz zot pe viv zot vie zour. Toutes nos économies ont été injectées dans cette maison. Aster zordi ou pe dir mwa al travay ankor sink an pou aranz enn lakaz parey ? » déplore Wendy Andoo.

À leur grande stupéfaction, l’ordre d’éviction est tombé sans aucune promesse de compensation ni de relogement. Désemparée, la famille Andoo a cherché de l’aide auprès des autorités locales, mais leurs appels sont restés sans réponse. Les Andoo se retrouvent aujourd’hui dans une impasse. « Nou’nn al tap enn ta laport. Bann dimounn-la inn dir mwa ki mo na pa pou gagn okenn soutien pou gagn lakaz ek mo bizin rode par momem », dit Wendy Andoo.

Elle ne comprend pas pourquoi le cas de sa famille diffère de celui de ses trois voisins de la rue Swami Vivekananda : les Ramsahye, les Dindoyal et les Kanhye. Ces familles ont obtenu un logement temporaire, payé par l’État, pour une année. Elles ont obtenu, de plus, un soutien financier de la part du gouvernement, variant entre Rs 100 000 et Rs 500 000, visant à les soulager temporairement en termes de produits essentiels. Les autorités comptent également procéder à l’évaluation des dommages subis par ces familles.

« Je comprends la douleur de mes trois voisins qui ont été relogés et indemnisés. Mais je me retrouve dans la même situation qu’eux. Trois familles, dont celle vivant dans la maison effondrée, ont perçu une compensation, sauf la famille Andoo », déclare Wendy Andoo.

Que réclame-t-elle ? « Nous réclamons le même traitement que mes trois autres voisins, à savoir un relogement et une compensation financière. Nous n’avons rien reçu en termes d’enveloppe financière et on nous demande de vider les lieux au plus vite. Mais c’est injuste ! »

Wendy Andoo ajoute avoir « entamé toutes les procédures nécessaires auprès des autorités ». « Au lendemain des inondations, soit le lundi 22 avril, je me suis rendue au poste de police de Pope Hennessy pour faire une déclaration. Je me suis rendue au Citizens Advice Bureau de la région, ainsi qu’à la mairie de Port-Louis, le mercredi 23 avril. Tout a été fait selon les règles », précise-t-elle. 

Elle confie craindre l’effondrement de sa maison une fois que les trois autres maisons endommagées seront rasées par les autorités. « Des craquelures sont visibles sur certaines cloisons et même sur le sol de ma maison depuis le drame du dimanche 21 avril. » La famille, poursuit-elle, est disposée à vider les lieux : « Mais qu’on nous accorde le même traitement qu’à nos voisins. »

La famille Andoo vit dans l’angoisse de l’avenir. « Nous espérons simplement que notre situation attirera l’attention nécessaire et que des mesures seront prises pour nous aider à reconstruire notre vie », affirme Wendy Andoo. « Nou pe demann bann lotorite ekout nou doleans parski seki finn arive le 21 avril se enn dram. Nou enn bann viktim ladan nou. Kit landrwa kot nou reste li pa fasil. Sirtou si ou pou bizin al tir dan ou pos pou al lwe enn lot lakaz. »

Bobby Hurreeram : « Nou pou pran nou responsabilite »

Au niveau du ministère des Collectivités locales, on avance que la maison contient des craquelures visibles, que ce soit à l’intérieur ou à l’intérieur. Ces craquelures, précise-t-on, sont en lien avec la maison effondrée. « La maison représente un danger pour la famille. C’est la raison pour laquelle la famille devra évacuer les lieux, mais le gouvernement leur viendra en aide. Ce qui s’est produit le 21 avril dernier est un drame et nul n’est fautif. Le gouvernement devra toutefois solliciter le ‘contracteur’ du mur effondré afin de réclamer des explications », fait-on comprendre. 
Selon Bobby Hurreeram, qui est intervenu lors de l’émission Explik ou Ka, vendredi, « nou pou pran nou responsabilite », comme « nou’nn pran nou responsablite pou reloz bann viktim ki finn gagn bann domaz direk ». Il s’est dit disposé à rencontrer la famille Andoo, tout en affirmant qu’elle aura « tout le soutien voulu ».

Osman Mahomed : « Je déplore l’attitude du gouvernement »

Intervenant sur ce cas lors de l’émission Explik ou Ka, le vendredi 31 mai, le député Osman Mahomed a fustigé « l’attitude du gouvernement ». Selon lui, la National Development Unit est « carrément en tort ». Pour lui, il ne fait aucun doute que les dommages causés aux maisons des familles Ramsahye, Kanhye et Dindoyal le long du Ruisseau du Pouce sont dus aux travaux entrepris par la NDU et notamment l’enlèvement du retaining wall.

« Tous les professionnels de la construction ont prévenu de ne pas enlever ce mur. GIBB a conseillé de ne pas le faire. Moi-même, j’ai prévenu qu’il ne fallait pas enlever ce mur. Le ‘contracteur’ a émis des réserves. Et pourtant, la NDU a persisté », déplore le député Mahomed.

Selon lui, d’autres victimes, en sus de la famille Andoo, auraient pris contact avec lui. « Je déplore l’attitude du gouvernement envers ces familles. Ou pa kapav responsab pou destriksion so lakaz, ou servi enn notis lor lafami, ou dir li ale san ki ou donn li nanye », s’insurge-t-il.

Face à cette situation, il conseille à Wendy Andoo de se tourner vers le Bureau du Premier ministre.

 

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