De son petit village d’Amaury, à l’ambassade de Maurice à Paris, en passant par la mairie de Port-Louis et l’Assemble législative et la vice-Présidence de Maurice, Raouf Bundhun a été témoin et acteur de son époque. Il raconte son itinéraire dans Taqdir – Une vie, un destin, la version française de la biographie anglaise écrite par feu Bhishmadev Seebaluck, lancée le mardi 22 août au Mahatma Gandhi Institute (MGI).
« Un bon livre, c’est un livre qui est lu. » En quelques mots, Jean Claude de l’Estrac, présent à la cérémonie de lancement, a résumé tout le bien qu’il pense de l’ouvrage. Non par complaisance pour son ex-camarade de parti au MMM, car Raouf Bundhun, fidèle à la ligne bérengiste en 1995, avait juré un affidavit, pour interdire à l’aile dissidente Prem Nababsing-de l’Estrac de s’emparer du sigle MMM. Mais, le parcours de Raouf Bundhun ne saurait se résumer à cette parenthèse.
« Concert des Nations »
Au MGI, entouré des ex-Présidents Cassam Uteem et Karl Offman, du vice-Président Barlen Vyapooree, il a montré que son engagement reste avant tout un combat pour la justice sociale qui n’exclut aucune communauté. « Je suis un socialiste. Ce mot trouve son sens dans la nécessité d’un combat en faveur des défavorisés. Il y a encore des poches de pauvreté à Maurice. Ce combat peut être gagné si nous pensons comme des Mauriciens et non comme des communautés. »
Cinquante ans en arrière, au moment où Maurice votait en faveur de l’Indépendance, Raouf Bundhun, s’est engagé au parti Comité d’Action Musulmane pour obtenir une investiture, à la demande de Seewoosagur Ramgoolam. « Il n’avait pas le choix, tout comme moi », a indiqué Cassam Uteem. Élu aux élections législatives de 1968 dans la circonscription no 4, il s’entendra dire de la bouche de Ramgoolam qu’il a été investi là-bas « pou al mor », raconte encore Cassam Uteem.
Face au MMM des années 75-82 au Parlement, Jean Claude de l’Estrac se souvient de l’image d’un adversaire féroce mais fidèle en amitié. « L’itinéraire de Raouf Bundhun se confond avec l’histoire de Maurice, car il permet de comprendre comment une nation s’est fondée à un moment où le destin du pays était improbable. En 1968, c’était un pays dont deux experts internationaux prédisaient qu’il n’avait aucun avenir, avec un revenu annuel de 190 dollars par tête d’habitant, 40 % de chômage, une démographie galopante et son marché situé à 10 000 kilomètres. »
Aujourd’hui, pour réfuter les arguments les plus pessimistes concernant notre avenir, il est utile de mesurer le chemin parcouru par un pays dépourvu de richesses naturelles, mais dont les dirigeants avaient déjà compris que seule sa population avait les clés de cette réussite appelée ‘miracle’. « C’est la qualité des hommes et des femmes de Maurice qui nous a permis de faire partie du concert des nations », fait observer Jean Claude de l’Estrac.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !