La polémique enfle. Les policiers tatoués sont réticents à faire enlever leurs chefs-d’œuvre. L’argument avancé : ils se seraient fait tatouer afin de pouvoir s’infiltrer. L’état-major de la force policière démoli cette thèse. Selon le règlement, aucun policier n’est censé avoir un tatouage visible au moment de son recrutement et encore moins une fois en fonction.
Malaise au sein de la force policière depuis deux semaines. Les policiers tatoués montent au créneau car ils ont un délai de deux ans pour se faire enlever au laser les tatouages présents sur les parties visibles de leur anatomie. Ceux qui font de la résistance encourent des sanctions disciplinaires.
Dans le dernier formulaire d’application pour le poste de Trainee Police Constable ou de Woman Police Constable, il est clairement mentionné qu’aucun postulant n’est autorisé à porter un tatouage sur une zone visible de son corps. C’est-à-dire les bras, le torse et le cou. Les candidats doivent d’ailleurs enlever leurs vêtements du haut lors de l’examen visant à mesurer leur indice de masse corporelle (IMC) et pendant les épreuves d’aptitudes physiques. « Candidates should not wear tattoos on visible parts of the body », indique le document.
Section 110 des « standing orders »
Les « standing orders » de la force policière stipulent également qu’aucun policier n’est autorisé à se faire tatouer sur une partie visible de son corps. « Police officers will not wear ornaments, emblems or piercings when in uniform. No tattoo in the visible part of the body is allowed », peut-on lire au paragraphe 31 de la section 110 du règlement.
Mais pourquoi autant de policiers sont-ils tatoués si c’est interdit ? Y a-t-il eu une forme de tolérance de la part de la Disciplined Forces Services Commission (DFSC) pour ce qui est du port de tatouages au moment du processus de recrutement ? Des instructeurs de la Police Training School avancent, sous le couvert de l’anonymat, qu’une certaine flexibilité a été notée depuis 2004. Des candidats tatoués, fait-on comprendre, étaient recrutés. « La situation a perduré au fil des années. C’est ainsi que d’autres policiers leur ont emboité le pas », souligne-t-on.
C’est ce que confirme un officier de police qui compte 22 ans de carrière. Ce dernier, qui a été recruté en 2000, est tatoué depuis 1999. Il se dit disposé à quitter ses fonctions. « Qu’on me mette à la porte mais qu’on me paie la solde que je dois percevoir jusqu’à mes 65 ans ainsi que ma pension mensuelle comme recommandé par la DFSC », dit-il.
L’argument de l’infiltration démoli
Au niveau de la cellule de presse de la police, l’inspecteur Shiva Coothen affirme que la mesure disciplinaire concernant l’enlèvement des tatouages sera appliquée à la lettre. « Les policiers connaissent le règlement, ils ne peuvent pas plaider l’ignorance. Et à aucun moment, le commissaire de police ou les responsables des unités spécialisés n’ont demandé aux policiers de se faire tatouer pour s’infiltrer. Les policiers infiltrés doivent passer incognito sans porter de tatouages. » Les Divisional Commanders ont reçu l’ordre d’effectuer un recensement des policiers qui portent des tatouages sur des parties visibles du corps, précise-t-il.
« Les ordres sont les ordres »
Le Deputy Commissioner of Police (DCP) Choolun Bhojoo, responsable de la brigade antidrogue, n’a pas souhaité nous confirmer si des éléments de son département portent des tatouages sur des parties visibles de leur corps. Et encore moins combien. « Je ne suis pas en mesure de vous donner cet élément d’information. Je dois d’abord faire une inspection », répond-il. Pour lui, « les ordres sont les ordres. Les policiers doivent se plier aux ‘standing orders’ ».
Le DCP Krishna Jhugroo, qui dirige le département administratif de la force policière, estime, lui aussi, que tous les policiers doivent se plier aux ordres. « Un laisser-aller a perduré pendant des années. Les hauts gradés ne prenaient pas au sérieux l’exigence du non-port de tatouages sur les parties visibles du corps. Et voilà le résultat », déclare-t-il.
Une centaine de policiers tatoués
Selon le DCP Krishna Jhugroo, une centaine de policiers, hommes et femmes, portent des tatouages sur des parties visibles de leur corps. Le haut gradé précise que les recrues qui sont actuellement en ‘residential training’ ont été soumises à une vérification pour voir s’ils avaient des tatouages.
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