En cette période de pandémie, le nouveau modèle d’enseignement demeure les cours en ligne. Sa réussite dépend d’une part de la présentation des enseignants et d’autre part de la participation des élèves. Cependant, les acteurs ne jouent pas le jeu des fois. De ce fait, l’apprentissage prend un coup. Comment mettre ce mode d’enseignement au profit des élèves ? Eléments de réponses.
Qui aurait cru que l’indiscipline serait aussi présente lors des classes en ligne ? Certains pédagogues affirment même que dans plusieurs cas, elle est plus forte que lors des classes en présentiel. Opérationnelles depuis le 10 novembre dernier, ces classes en ligne vont durer jusqu’au 17 décembre. Cette situation donne du fil à retordre à certains enseignants.
Hensley, enseignant de Mathématiques, souligne qu’il y a des élèves qui font fi des règlements. « En faisant la classe, nous rencontrons des élèves qui refusent d’allumer leur caméra. Quand nous les appelons, ils ne répondent pas. Cela veut tout simplement dire qu’ils ont marqué leur présence, mais je pense que dans bien des cas, ils sont ailleurs ou sont en train de dormir. » Priya, la quarantaine, avoue avoir aussi des difficultés à tenir sa classe de General Paper (GP). « Le GP est une classe importante pour les élèves en fin de cycle secondaire. En présentiel, c’est facile de retenir leur attention, mais à travers Zoom, c’est difficile. C’est un monologue. Beaucoup d’élèves refusent de participer… »
Un recteur d’un collège d’État du Nord de l’île souligne avoir eu des cas d’enseignants qui lui ont rapporté que souvent il y a des intrus en classe. « Les élèves n’hésitent pas à partager le lien avec d’autres personnes. C’est dérangeant, puisque ces étrangers font du bruit, se moquent de la classe. Et cela est néfaste pour les élèves qui veulent apprendre. »
Moyens de bord
Yugeshwur Kisto, président de la Government Secondary School Teachers Union (GSSTU), affirme n’être pas surpris de la situation. Il explique que « même si l’annonce de la fermeture des écoles a pris de court les enseignants et les élèves, néanmoins il ne reste que nous étions préparés à cette éventualité, suite à notre observation de l’évolution de la pandémie. Vu que nous disposons des outils limités, la situation est restée toujours complexe dans une certaine mesure. Mais force est de constater que dans l’ensemble, les enseignants sont en train d’assurer les cours en ligne avec les moyens de bord ».
Obstacles
Cependant, l’accessibilité à l’internet demeure un des problèmes majeurs pour les classes en ligne. Yugeshwur Kisto souligne avoir remarqué qu’il y a certains obstacles liés aux classes en ligne. « Nous avons noté quelques périodes de fatigue intense liée à la surexposition à l’écran, que ce soit du côté des élèves ou des enseignants. Cependant, nous sommes tous conscients que le deuxième trimestre prendra fin le 17 décembre. Subséquemment, nous faisons de notre mieux pour couvrir proportionnellement le cursus, même si cela est très difficile. »
De plus, le président soutient qu’il y a différentes raisons pour la non réussite des cours en ligne. Il cite le taux d’absentéisme découlant de l’effet de "burn out" des élèves, de la connectivité, des coupures d’électricité (que ce soit du côté des élèves comme des enseignants), le manque de discipline et de ponctualité de certains élèves, l’ingérence de certains recteurs, l’impact physiologique et psychologique de la surexposition de l’écran, l’intervention parentale qui peut bouleverser des classes entières entre autres.
Difficultés pour certains enseignants
Par ailleurs, certains enseignants ont des difficultés avec l'outil informatique. Yugeshwur Kisto fait remarquer que « ceux qui ne s’y retrouvent pas avec les outils informatiques auront automatiquement des difficultés à se frayer un chemin. Afin de pallier à ce manquement, cette question aurait dû être portée sur une solution. L’une d’entre elles est un programme soutenu "in-house" de formation. Il est temps que les éducateurs soient dotés des outils nécessaires afin que le continu pédagogique soit assuré, contre vents, marées ou pandémies ! »
Au niveau des collèges catholiques, Lindsay Thomas souligne qu’avec le maintien de l’emploi du temps, les cours en ligne fonctionnent bien. Le président de la Roman Catholic Secondary School Union (RCSSU) explique que la situation n’est pas idéale, mais néanmoins elle marche. « Tout le monde aurait préféré que les classes se fassent en présentiel, mais ce que nous pouvons faire pour le moment ce sont les cours en ligne. Espérons que cette situation ne dure pas éternellement. »
Par ailleurs, les recteurs ont demandé aux enseignants d’identifier tous les élèves qui ne peuvent pas suivre les classes en ligne par faute de connectivité. Ces enseignants parviendront le contenu des cours au collège et les parents viennent les récupérer pour leurs enfants.
Kristen Nallan : « Il faut sortir de la façon traditionnelle de l’enseignement »
Pour la réussite des classes en ligne, le pédagogue Kristen Nallan apporte quelques conseils.
Avec le retour des classes en ligne, les éducateurs ont constaté qu’il y a un relâchement de la part des élèves. Que proposez-vous pour remédier à cette situation ?
Maintenir la discipline en ligne n’est pas évidente, vu que les élèves savent très bien que certains profs ne peuvent pas vraiment les sanctionner. Je pense que la communication avec les parents est très importante. L’administration de l’école doit avoir un registre des élèves qui perturbent les classes en ligne. Pourquoi ne pas aller vers une sanction ? À l’exemple d’un élève perturbateur qui ne participera pas aux examens de fin d’année. Il faut encourager l’interaction avec les élèves, avoir davantage de discussion et moins d’explication. L’enfant doit participer en classe.
Être en ligne a des limites en comparaison avec des classes en présentiel. Comment retenir l’attention des élèves ?
Il faut limiter les heures de classes, car après 30 minutes l’enfant n’a plus la même concentration. Il faut donc aller davantage vers un apprentissage centré sur l'élève. Donner des exercices où l’élève doit faire des recherches, des présentations et aussi savoir partager sa connaissance. Il faut sortir de la façon traditionnelle de l’enseignement.
L’enseignant devrait aussi se tourner vers l’audio-visuel. Par exemple, l’enfant regarde une vidéo sur la trigonométrie. Et pour s’assurer que l’enfant a vu et compris la vidéo, le professeur peut donner une question basée sur la vidéo puis demander aux élèves de soumettre leur travail pour une évaluation. L’enseignant devrait aussi encourager les élèves à travailler de pair et les évaluer sur des critères préétablis. Les devoirs longs et complexes peuvent être divisés en plusieurs tâches et les élèves pourront les soumettre en plusieurs phases. D’une part, cela permet aux enseignants de simplifier les explications et d’autre part, être certains que tous les élèves ont une tâche assignée.
Que faire contre le mauvais comportement de certains élèves ?
Malheureusement, il existe des élèves qui font des vidéos TikTok sur leurs professeurs durant les classes en ligne. D’autres émettent des sons qui sont désobligeants. Ce type de problème est très difficile à gérer, mais si l’enseignant enregistre sa classe, cela peut décourager l’élève de se comporter mal, parce qu’il sait déjà que l’enseignant aura une preuve de ce qu’il a fait. Enregistrer les classes aide aussi l’élève pour des références.
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