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Les BRICS condamnent les attaques contre l’Iran, la guerre à Gaza et les tarifs douaniers de Trump

'' Crédit photo : Al Jazeera

Les dirigeants du bloc des BRICS ont vivement critiqué les bombardements américains et israéliens contre l’Iran en juin dernier, les qualifiant de « violation flagrante du droit international ». Ils ont également réaffirmé leur soutien à la création d’un État palestinien. Cependant, leur déclaration conjointe, publiée dimanche lors d’un sommet à Rio de Janeiro, est restée largement muette sur la guerre en Ukraine, où la Russie, membre fondateur des BRICS, est l’agresseur depuis quatre ans. Elle a en revanche dénoncé les attaques ukrainiennes sur le sol russe. C’est ce que rapporte Al Jazeera sur son site Web, lundi 7 juillet.

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Cette déclaration, soigneusement formulée dans un contexte de tensions commerciales croissantes avec les États-Unis, condamne les politiques économiques agressives sans nommer directement le président américain Donald Trump. Alors que la plupart des dix membres des BRICS, un groupe d’économies émergentes, négocient actuellement des accords commerciaux sensibles avec Washington, ils cherchent à défendre leurs positions sans attiser davantage les tensions. Le texte critique toutefois les « barrières tarifaires et non tarifaires unilatérales » qui « faussent le commerce mondial et violent les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) », une allusion claire, quoique indirecte, à l’agenda protectionniste de Trump, avant l’échéance de mercredi pour l’entrée en vigueur de nouveaux tarifs douaniers américains.

En réponse, Trump a réagi rapidement sur sa plateforme Truth Social, menaçant d’imposer une surtaxe de 10 % aux pays soutenant ce qu’il a qualifié de « politiques anti-américaines » des BRICS. « Tout pays s’alignant sur les politiques anti-américaines des BRICS devra payer une taxe supplémentaire de 10 %. Il n’y aura aucune exception », a-t-il averti.

Quels pays composent les BRICS et qui était présent au sommet ?

Le premier sommet des BRICS s’est tenu en 2009, réunissant les dirigeants du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine. L’Afrique du Sud les a rejoints en 2010, faisant du bloc une voix majeure du Sud global. En 2023, l’Indonésie, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran et les Émirats arabes unis ont intégré le groupe, portant à onze le nombre de nations. Plus de trente pays émergents souhaitent désormais rejoindre le bloc. L’Argentine, initialement candidate, a retiré sa candidature après l’arrivée au pouvoir en décembre 2023 du président ultraconservateur Javier Milei, un allié de Trump.

Le sommet de Rio était présidé par le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva. La plupart des membres étaient représentés par leurs chefs d’État, à l’exception de la Chine, de l’Iran et de la Russie. Le président chinois Xi Jinping, le président russe Vladimir Poutine et le président iranien Masoud Pezeshkian étaient absents. Poutine, visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) depuis mars 2023 pour son rôle dans la guerre en Ukraine, évite les déplacements internationaux. Le Brésil, membre de la CPI, aurait été tenu de l’arrêter s’il s’y était rendu. La Russie et l’Iran étaient représentés par leurs ministres des Affaires étrangères, et la Chine par le Premier ministre Li Qiang. Ce sommet marquait la première participation de l’Indonésie depuis son admission cette année.

Le communiqué des BRICS a également salué l’ajout de la Biélorussie, de la Bolivie, du Kazakhstan, de Cuba, du Nigeria, de la Malaisie, de la Thaïlande, du Vietnam, de l’Ouganda et de l’Ouzbékistan en tant que partenaires, un statut préalable à une adhésion pleine.

Condamnation des frappes américano-israéliennes sur l’Iran

Les membres ont qualifié les récentes attaques israéliennes et américaines contre l’Iran de « violation du droit international », exprimant leur « profonde préoccupation » face à la détérioration de la situation sécuritaire au Moyen-Orient. Le conflit a débuté le 13 juin, lorsque Israël a lancé des frappes aériennes sur des sites militaires, nucléaires et civils iraniens, tuant au moins 935 personnes, dont des hauts responsables militaires et scientifiques. Selon le ministère iranien de la Santé, 5 332 personnes ont été blessées. Téhéran a riposté par des frappes de missiles et de drones sur Israël, faisant au moins 29 morts et des centaines de blessés, selon les autorités israéliennes.

Un cessez-le-feu négocié par les États-Unis est entré en vigueur le 24 juin, bien que Washington ait soutenu les frappes israéliennes quelques jours plus tôt en larguant des bombes anti-bunkers sur des installations nucléaires iraniennes le 21 juin. Les BRICS ont souligné l’importance de respecter les « garanties, la sûreté et la sécurité nucléaires » pour protéger les populations et l’environnement.

Guerre à Gaza et soutien à un État palestinien

Alors que la guerre israélienne à Gaza, qui dure depuis 21 mois, se poursuit, les BRICS ont dénoncé l’utilisation de la famine comme arme de guerre et rejeté la politisation ou la militarisation de l’aide humanitaire. Le bloc a apporté son soutien à l’UNRWA, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, interdite par Israël. Fin mai, lors du blocus de l’aide à Gaza, Israël a autorisé la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), une organisation privée américaine, à fournir de la nourriture aux habitants de l’enclave, une décision critiquée par les organisations de défense des droits humains, notamment après que des centaines de Palestiniens cherchant de l’aide ont été tués par balles près des points de distribution de la GHF.

Les BRICS ont réaffirmé leur position, largement partagée à l’échelle mondiale, selon laquelle Gaza et la Cisjordanie occupée forment les composantes intégrales d’un futur État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale. Le 7 octobre 2023, près de 1 200 personnes ont été tuées en Israël lors d’attaques du Hamas, au cours desquelles des combattants palestiniens ont également pris plus de 240 personnes en otage. Depuis, Israël a mené une guerre à Gaza, tuant plus de 57 000 Palestiniens, majoritairement des femmes et des enfants, et détruisant plus de 70 % des infrastructures de l’enclave. Au cours de la même période, Israël a également tué plus de 1 000 personnes en Cisjordanie.

Opposition aux sanctions unilatérales

La déclaration des BRICS a fermement condamné les « mesures coercitives unilatérales », telles que les sanctions économiques, estimant qu’elles violent le droit international et portent atteinte aux droits humains. L’Iran et la Russie, membres des BRICS, sont depuis longtemps visés par des sanctions américaines. Après la révolution iranienne de 1979 et l’attaque de l’ambassade américaine à Téhéran, Washington a imposé une série de sanctions, renforcées dans les années 2010 pour pousser l’Iran à négocier un accord nucléaire. En 2018, Trump, alors président, s’est retiré de cet accord et a réimposé des sanctions sévères. La Russie, quant à elle, fait face à des sanctions répétées, notamment depuis son invasion de l’Ukraine en 2022.

Les tarifs douaniers de Trump qualifiés de « menace »

Face à la tourmente économique mondiale provoquée par les politiques commerciales de Trump, les BRICS ont exprimé leur inquiétude face à son régime de tarifs douaniers. Trump a fixé mercredi comme date limite pour finaliser de nouveaux accords commerciaux, après quoi les pays n’ayant pas conclu d’accord avec Washington feront face à des taxes accrues. Les BRICS, un acteur majeur de l’économie mondiale, devraient dépasser la croissance moyenne mondiale du PIB en 2025, avec une croissance projetée de 3,4 % contre une moyenne mondiale de 2,8 %, selon les données du FMI d’avril.

Le groupe a averti que les politiques commerciales protectionnistes risquent de réduire les échanges mondiaux, de perturber les chaînes d’approvisionnement et d’accroître l’incertitude économique, compromettant les objectifs de développement mondiaux.

Condamnation de l’attaque de Pahalgam

Deux mois après l’attaque de Pahalgam au Cachemire administré par l’Inde, où des hommes armés ont tué 26 civils, les BRICS ont condamné l’incident « dans les termes les plus forts ». Cependant, malgré la présence du Premier ministre indien Narendra Modi, le communiqué n’a pas mentionné le Pakistan, que New Delhi accuse de soutenir les attaquants en avril. Les deux pays ont mené une guerre de quatre jours en mai après des frappes indiennes au Pakistan et au Cachemire administré par le Pakistan. Islamabad a nié toute implication dans l’attaque de Pahalgam et a appelé à une enquête « crédible, transparente et indépendante ». Les BRICS ont prôné une « tolérance zéro » face au « terrorisme » et rejeté tout « double standard » dans les efforts antiterroristes.

Silence sur la guerre en Ukraine

La déclaration, bien que longue, n’a fait aucune mention directe de la guerre de la Russie en Ukraine, se contentant d’appeler à un « règlement pacifique durable ». Elle a toutefois condamné les frappes ukrainiennes sur les infrastructures russes en mai et juin, citant des victimes civiles et exprimant son opposition à de telles actions.

 

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