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Le père Bernard Hym, gardien de la mémoire du père Laval

Le père Bernard Hym est co-auteur de plusieurs livres avec le Dr Lindsay Édouard, son complice dans les recherches et tout aussi passionné que lui par le père Laval.

Après plus de 35 ans passés à Maurice, le père Bernard Hym a quitté l’île le mardi 18 juin. Sa mission en tant que vice-postulateur pour la canonisation du père Laval n’est cependant pas achevée ; il la poursuivra à Paris jusqu’à ce que son successeur soit désigné.

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«Je suis plus embêté à faire les valises que de partir, car je sais que c’est l’avion qui va les porter et pas moi », dit le père Bernard Hym dans un éclat de rire. Lorsque nous l’avons rencontré au Centre Père Laval à Sainte-Croix quelques jours avant son départ le mardi 18 juin dernier, il s’affairait à préparer sa valise en vue de son grand retour en France, son pays natal. Même si c’est avec sérénité et le sentiment du devoir accompli qu’il s’en va, ce sont les adieux qui lui pèsent le plus. Il confie ressentir un petit pincement au cœur à l’idée de quitter l’île après plus de 35 ans de service auprès des Mauriciens, durant lesquels il a assuré diverses formations religieuses. 

C’est en septembre 1988 qu’il est arrivé en mission à Maurice. A l’époque, il ne connaît pas grand-chose du pays. Et encore moins du père Laval, qu’il a découvert dans un livre. Quelques jours plus tard, en assistant au pèlerinage au tombeau du père Laval, il comprend l’importance de ce dernier pour les Mauriciens. « C’est cela qui m’a mis en route pour essayer d’en connaître un peu plus sur sa vie et ses œuvres à Maurice », se souvient le père Hym, qui a été nommé vice-postulateur pour la canonisation du père Laval par le cardinal Maurice Piat en 2017 (voir encadré). 

En vacances en France quelque temps après, il a découvert les premiers dossiers et commencé ses recherches. Depuis, le père Hym n’a cessé de fouiller dans la vie de celui qui est qualifié d’apôtre de l’île Maurice, béatifié en 1979, pour préparer les dossiers en vue de sa canonisation par le Vatican. « De 1994 à 2017, j’ai fouillé, commencé à donner des conférences et à visiter les lieux emblématiques du père Laval à Maurice grâce à Mgr Amédée Nagapen. » 

Le père Hym observe l’amour des Mauriciens pour le père Laval. Et pourtant, ils ne le connaissent pas bien, constate-t-il. « Je suis heureux quand les gens osent poser des questions, et je suis chagriné de constater qu’ils connaissent mieux les fausses vérités sur le père Laval que la réalité », dit-il. S’il a essayé de combler ce déficit de connaissances historiques, il se demande comment partager les informations si les gens ne lisent pas. Après avoir rencontré des élèves du collège du Saint Esprit il y a quelque temps, il leur a demandé d’aller partager leurs connaissances avec leurs parents.

Témoignages 

En tant que vice-postulateur pour la canonisation du père Laval, sa mission consiste à recevoir les témoignages des gens, à déterminer s’il y a matière à préparer un dossier pour une canonisation et à obtenir le dossier médical du patient. Il s’agit d’un travail assidu auquel il a « échoué » en 2018, parlant de trois mois de travail « pour rien » car le père Laval n’est pas encore devenu « saint ».

L’ancienne procédure pour la canonisation exigeait une guérison complète et physique. Cependant, avec les nouvelles procédures assouplies, une guérison d’une maladie récurrente et un fait inexplicable peuvent suffire. Un « miracle » irréfutable, où la guérison doit être physique, complète, immédiate et non progressive. 

« Les médecins doivent aussi affirmer qu’avec les traitements effectués, la guérison est trop rapide ou qu’il devrait y avoir des conséquences mais qu’il n’y a pas de séquelles. Il faut qu’il y ait quelque chose d’inexplicable médicalement », souligne le père Hym. « On a peut-être plus de chance d’avoir un dossier à présenter. Mais il faut pour cela que les gens viennent témoigner », fait-il remarquer.

« Les nombreux ex-voto (objets sous forme de plaques, tableaux, bijoux ou autres objets symboliques, donnés en reconnaissance ou en accomplissement d’un vœu adressé à une divinité ou à un saint) déposés au caveau du père Laval sont des témoignages de gratitude, mais les gens ne sont jamais venus me voir », déplore le père Hym. Pour lui, ces éléments auraient pu être inclus dans le dossier de canonisation du père Laval. Les ex-voto sont souvent placés dans un lieu de culte pour exprimer la reconnaissance pour une faveur obtenue ou une prière exaucée. Le terme provient du latin « ex voto suscepto », signifiant « à la suite d’un vœu fait ».

Selon le père Hym, certains pensent que cela ne vaut pas la peine de témoigner ou ne veulent pas « déranger ». Ceux qui parlent des grâces obtenues donnent des informations qui ne peuvent être présentées comme des miracles. Paradoxalement, ceux qui déposent des ex-voto aident les autres à témoigner, mais n’en parlent pas à un prêtre ou au vice-postulateur. Pourtant, c’est à partir de ces témoignages que les dossiers sont constitués pour être présentés à l’évêché de Port-Louis, et ensuite au Vatican à Rome.

« Après le travail de préparation du dossier, il appartient au diocèse de Port-Louis de prendre la relève en rassemblant les témoins, les médecins et tous ceux impliqués dans le dossier, en leur posant les questions dans l’ordre voulu par le Vatican », indique le père Hym. Si le dossier est concluant, le diocèse l’envoie à Rome, où il y a plus de quatre mètres de dossiers en attente de canonisation. Le dossier sera ensuite étudié au Vatican avec l’apport de sept médecins spécialistes de la maladie. Des théologiens doivent soutenir que ce que disent les médecins peut être considéré comme un miracle, explique encore le père Hym.

Même s’il ne sera plus physiquement à côté du tombeau du père Laval, il affirme qu’il reste avec lui à travers ses écrits et ses recherches. Il précise que le rôle de vice-postulateur est davantage une mission de rédaction des dossiers, un travail qu’il va continuer à Paris et qu’il pourra mieux faire, selon lui.

Le père Hym a trouvé, il y a quelques semaines, des informations qu’il ne connaissait pas sur le père Laval, car il épluche les lettres de ses contemporains qui donnent plus de renseignements que le père Laval lui-même n’en donnait. « Le Seigneur nous donnera la canonisation du père Laval en temps voulu, quand Il jugera que c’est le moment », dit-il avec confiance. 

Son parcours à Maurice

Né le 16 septembre 1944 à Saint-Bonnet-Tronçais, dans l’Allier, en France, Bernard Hym a été ordonné prêtre le 17 juin 1972. Il a rejoint le diocèse de Port-Louis le 3 septembre 1988. Il a été nommé vice-postulateur pour la cause de canonisation du Bienheureux père Jacques-Désiré Laval par le cardinal Maurice Piat. Aumônier du Centre d’accueil de Terre-Rouge, il résidait au Centre Père Laval à Sainte-Croix. De retour en France, il conservera son poste de vice-postulateur jusqu’à ce qu’un remplaçant soit trouvé. Le père Bernard Hym est co-auteur de plusieurs livres avec le Dr Lindsay Édouard, son complice dans les recherches et tout aussi passionné que lui par le père Laval.

  • 3 septembre 1988 : arrivée à Sainte-Croix
  • 11 septembre au 24 décembre 1988 : stage d’insertion à Sainte-Hélène, aux côtés des pères Michel Boullé et Jacques Piat
  • 1988 à 2000 : 4 ans vicaire et 8 ans curé à Sainte-Croix
  • 1998 à 2004 : supérieur du groupe spiritain à l’île Maurice
  • 2000 à 2005 : Noviciat spiritain et Séminaire Notre-Dame-de-la-Trinité
  • 2005 à 2018 : responsable du pèlerinage Père Laval
  • Septembre 2014 à février 2024 : 9 livres sur le père Laval avec le Dr Lindsay Edouard comme co-auteur
  • 6 Septembre 2017 : nomination comme vice-postulateur
  • 17 juin 2022 : 50 ans de sacerdoce célébrés à Saint-Julien
  • 18 juin 2024 : départ pour Chevilly-Larue, France
 

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