Le CP Anil Kumar Dip : «Une commission d’enquête favorisera la transparence sur le fonctionnement de la police» 

Les vidéos montrant la torture des suspects, en détention policière, avec des détenus dénudés passés à tabac et agressés au moyen des torches électriques ont choqué plus d’un. Durant la semaine, les Casernes centrales ont procédé à de premières arrestations. Le commissaire de police Anil Kumar Dip affirme avoir récemment été mis en présence de ces vidéos qui remontent, selon lui, à 2019. Il explique avoir aussitôt agi en réclamant une enquête par le Central Criminal Investigation Department (CCID) sur-le-champ… 

L’institution dont vous êtes le chef a été ébranlée avec la récente circulation des vidéos montrant des actes de torture perpétrés par des policiers. Il y a eu une enquête initiée et des arrestations effectuées. Vos commentaires. 
En tant qu’être humain, je n’ai pu rester insensible à cela. Comme tout le monde, j’ai été choqué. C’est inacceptable ! Nous sommes dans un pays de droit et la force policière opère dans un cadre légal, pour enquêter sur des délits criminels. En tant que Commissaire de police et citoyen du pays, j’ai agi le plus rapidement possible pour que la justice prévale. Aussi longtemps que je serai aux commandes, je ne tolérerai pas de tels actes ou quelconque dérapage de la part des policiers. 

Vous êtes Commissaire de police depuis maintenant presque quatre mois. Que comptez-vous faire pour décourager des actes de brutalité policière ? 
J’ai déjà envoyé un message aux tortionnaires et aussi aux ripoux avec les arrestations durant la semaine. Je ne tolérerai aucun d’entre eux. Je compte instituer des  Refresher Courses  qui serviront à revigorer la force policière. Il y aura aussi un suivi méticuleux des plaintes pour brutalité formulées contre des policiers. Actuellement, nous revoyons la structure des différentes unités et les procédures en place. Au niveau des ressources humaines, je m’assure qu’il y ait « the right man in the right place », afin de pouvoir accorder un meilleur service au public. 

Ne pensez-vous pas qu’il faudrait un meilleur système de contrôle interne, pour vous assurer que les policiers agissent dans le respect des normes ? Si oui, comment ? 
Désormais on compte mettre plus d’emphase sur des interrogatoires under camera. Je dois préciser que de nombreux suspects refusent que leur interrogatoire soit enregistré. Et souvent, les avocats encouragent ce refus. Il faut aussi faire ressortir que tout suspect peut dénoncer quelque maldonne lors de sa comparution en cour. De toute façon, on ne compte que quelques policiers qui ont mal agi dans le passé. 

Les  actes de torture ne sont pas chose nouvelle. Comment comptez-vous y mettre fin ? 
Nous réprouvons cette pratique. L’utilisation d’armes n’est pas permise lors des interrogatoires. D’ailleurs, la police n’utilise pas d’armes pour mener une enquête. En ce qui concerne l’utilisation apparente des torches électriques par des policiers, je précise que les images vidéo en circulation seront examinées méticuleusement. 

Avez-vous pensé à de nouvelles méthodes pour éviter d’autres cas similaires ? 
Je dois préciser que ces cas remontent à un bout de temps. Nous avons déjà envoyé un signal fort avec l’arrestation des policiers. Et, nous comptons relancer les formations. Mes instructions aux policiers sont claires : il faut, nous-mêmes, donner l’exemple en agissant dans les paramètres. Ceux qui ne s’y plieront pas devront en assumer les conséquences.

Comment expliquez-vous que des données troublantes figurant sur une clé USB remise aux Casernes centrales, il y a un bout de temps, n’aient pas fait l’objet d’enquête plus tôt ? 
Dès que j’ai pris connaissance de la vidéo, la semaine dernière, j’ai immédiatement agi. J’ai appris que le Commissaire de police d’alors avait ordonné une enquête au niveau du Central Criminal Investigation Department (CCID). Cependant, cela n’a pas eu de suite. C’est pour cette raison que j’ai constitué une Special Team pour enquêter sur l’affaire. Tous ceux qui ont une part de responsabilité devront en assumer les conséquences. Je veillerai personnellement à ce qu’il n’y ait pas de cover-up. 

Craignez-vous une baisse dans la motivation des policiers après l’arrestation de leurs collègues ?
Dans mon plan stratégique, il y a un volet complet pour motiver mes hommes. J’accorde beaucoup d’importance au bien-être des policiers ainsi qu’à d’autres facteurs liés à leur travail. Depuis ma prise de fonction, il y a eu un renouvellement des formations et des équipements sportifs destinés aux policiers. Désormais, ils bénéficient tous de traitements médicaux. Mercredi, 714 policiers ont été promus à différents niveaux. J’ai encouragé une meilleure communication avec les syndicats. Je compte aussi revoir l’environnement de travail des policiers. Cela prendra le temps qu’il faudra.

Que pensez-vous de l’idée d’une commission d’enquête sur les actes de brutalité policière ?
Si les autorités concernées abondent en ce sens, j’y apporterai tout mon soutien. Ce sera une bonne chose, car cela favorisera la transparence sur le fonctionnement de la force policière.