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Le consommateur de drogue a entre 17 et 22 ans en moyenne

Imran Dhannoo, responsable du centre Idrice Goomany.

Imran Dhannoo est catégorique : la consommation de drogue est en hausse. Le constat sur le terrain est sans appel. Cependant, une étude sur la prévalence des drogues aurait permis d’avoir une photographie plus exacte de la situation, souligne le responsable du centre Idrice Goomany. Or cet exercice n’est pas effectué régulièrement. 

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Quelle est la drogue illicite la plus consommée à Maurice ? Ici, comme dans le monde, c’est le cannabis, répond Imran Dhannoo. Tout en affirmant que la consommation de « Brown Sugar » et des nouvelles drogues de synthèse pose un sérieux problème. Il faut ajouter à cela les produits stimulants, dont l’usage est toutefois limité à une catégorie de personnes. 

La situation actuelle indique un rajeunissement du profil des consommateurs, notamment en fonction des personnes qui sont arrêtées et celles qui se présentent aux divers centres de traitement. Auparavant, le profil des usagers de drogues était essentiellement composé de personnes âgées de plus de 25 ans. « L’âge moyen est en dessous de 25 ans de nos jours, et se situe entre 17 et 22 ans », selon le responsable du centre Idrice Goomany. 

« Au centre Idrice Goomany, nous recevons des personnes de moins de 24 ans, mais après plusieurs années de consommation. Ce qui veut dire qu’elles ont commencé quand elles étaient encore mineures, c’est-à-dire qu’elles n’avaient pas encore 18 ans », expose-t-il.

Contrairement à la croyance populaire, cette population de jeunes n’est pas particulièrement composée de « désœuvrés », mais aussi de ceux qui ont été scolarisés et ont complété leur cycle d’éducation secondaire. « Auparavant, la drogue semblait toucher un type de personnes dans des quartiers particuliers, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Elle est présente dans tous les milieux sociaux et régions. C’est devenu un problème national. » 

D’ailleurs, fait-il remarquer, le problème du « Brown Sugar », qui touchait les personnes dans la périphérie de certaines villes, a atteint désormais tous les quartiers des villes et villages, surtout avec la disponibilité de nouveaux produits. Ce qui fait que le profil et la consommation de drogue ont aussi évolué, explique Imran Dhannoo.

Engagé depuis 39 ans dans la lutte contre la toxicomanie, Imran Dhannoo avoue qu’il est parfois découragé devant l’ampleur de la situation. Cependant, sans l’engagement des diverses organisations pour apporter la réponse nécessaire à cette lutte, la situation aurait été pire, affirme-t-il. Ce travail a pu se faire grâce au soutien de l’État également, dit-il.

En tant que travailleur social formé, il ressent parfois un « burnout » en raison de la lourde prise en charge. Selon Imran Dhannoo, une personne qui a une addiction est avant tout dans le déni. Elle ne cherchera ou ne voudra pas être aidée dans un premier temps et passe par par diverses phases avant de prendre la décision de s’en sortir. C’est là, insiste-t-il, qu’il faut pouvoir saisir la balle au bond.

Or, il déplore le ratio des personnes engagées par rapport au nombre de bénéficiaires. « Nous nous sentons parfois dépassés par l’ampleur de la situation, d’où l’importance de recruter. Mais avec la complexité du problème, nombreux sont ceux qui ne restent pas longtemps », constate-t-il. 

Ceux qui restent doivent être passionnés et il faut aussi pouvoir les rémunérer convenablement. Malheureusement, les ONG n’ont pas toutes les moyens de le faire. Celles-ci peuvent néanmoins compter sur le soutien de la National Social Inclusion Foundation (NSIF), qui aide quelque peu à professionnaliser le service. « Le problème de la drogue est majeur dans le pays et les ONG sont les alliés de l’État par rapport au traitement et à la réhabilitation », fait ressortir Imran Dhannoo.

Le combat contre la drogue a deux approches : la réduction de la demande et la réduction de l’offre en contrôlant la disponibilité de la demande sur le marché. Il n’en démord pas : cela repose sur la volonté politique. Un travail se fait déjà à ce niveau avec les saisies et arrestations. Mais il y a aussi d’autres problématiques et beaucoup à faire à ce propos, poursuit-il.

Ainsi, Imran Dhannoo est d’avis qu’il faudrait intensifier la prévention dans les collèges, là où les jeunes sont réceptifs, mais aussi vulnérables à la drogue. « Il est important de développer une bonne politique de drogue dans les établissements scolaires : primaires, secondaires et tertiaires, en fonction de leur âge », recommande-t-il. Et bien qu’il y ait des interventions, cela ne suffit pas. Il pense que l’Université de Maurice aurait dû proposer des recherches et développer un diplôme universitaire sur la drogue, afin d’avoir des professionnels formés dans le domaine.

Le responsable du centre Idrice Goomany ajoute que le traitement médical est la partie visible de la réhabilitation, mais ce qui est aussi important, c’est le conditionnement psychologique. « Pour qu’une personne puisse vraiment sortir de la toxicomanie, elle doit suivre un programme de réhabilitation qui comprenne une prévention de la rechute », dit-il.

 

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