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Laura Jaymangal, Executive Officer chez Transparency Mauritius : «La limite imposée par la loi est irréaliste par rapport aux dépenses de campagne»

Selon vous, combien devrait coûter cette campagne électorale de cinq semaines ? 
Le coût d’une campagne varie en fonction de la stratégie adoptée, du nombre de candidats, de la taille des circonscriptions, entre autres facteurs. En 2019, les estimations des dépenses par les grands partis s’élevaient à des millions de roupies chacun. 

Par rapport à 2019 et compte tenu de l’effet de l’inflation, faut-il s’attendre à des dépenses plus élevées de la part des principaux blocs politiques ? 
Il est clair que cette présente campagne coûtera bien plus qu’en 2019. L’inflation a un impact sur tout et ce sera le cas pour les divers frais de campagne : publicité, déplacement, affiche, etc. On a tendance à croire qu’une campagne assez courte coûte moins. Or, dans le passé, on a vu que les partis et candidats dépensent plus quand c’est court afin d’avoir plus l’attention des votants. 

D’après la loi, un candidat a une limite de dépenses pour les élections générales. Mais, d’après les observateurs politiques, certains candidats dépasseraient ce montant même si cela demeure un secret de Polichinelle. Vos commentaires ? 
La limite imposée par la loi est irréaliste par rapport aux dépenses de campagne. Des observateurs et autres experts disent que les candidats dépassent les montants prescrits. Ce qui rappelle l’absence du cadre légal pour la surveillance du financement de campagne. Certes, il y a une limite qui est imposée, mais il n’y a rien derrière pour vérifier si celle-ci est respectée. Les candidats jurent un affidavit, mais il n’y a pas de vérification pour s’assurer que ces derniers sont restés dans la limite.

La loi sur le financement des partis politiques n’a une nouvelle fois pas abouti. À quoi attribuez-vous ce manque de volonté politique ? 
C’est vrai que l’absence de progrès sur cette loi vient définitivement du manque de volonté politique. La transparence au niveau du financement politique pourrait exposer des pratiques ou des alliances qui ne sont pas légales, voire même des dépendances vis-à-vis de grandes entreprises. L’absence de loi protège et profite aux partis politiques majeurs. D’autant plus qu’il y a une perception de flux d’argent blanchi ou illégal. Cela crée un environnement d’opacité. S’il y a des pratiques douteuses sous tapis, l’absence de loi permet de continuer ces pratiques. On n’accuse pas les partis politiques, mais c’est un fait qu’à Maurice, mais aussi dans d’autres pays du monde, l’opacité sur le financement politique permet de cacher certaines choses.  

La campagne électorale vient de démarrer. Est-ce que vous vous attendez à ce que cette élection soit « free and fair » ? 
Maurice est connu pour avoir des élections plus ou moins « free and fair ». Lors des précédentes élections, les observateurs de la SADC ont soumis un bon rapport sur le pays. Cela dit, ces derniers temps, il y a une perception d’un manque de transparence de la part des partis politiques et d’une augmentation de la corruption. La présente élection viendra soit clarifier les choses, soit démontrer qu’on a encore plus de problème au niveau de notre démocratie. D’ailleurs, plusieurs rapports tirent la sonnette d’alarme sur notre démocratie, dont Afrobarometer ou encore Varieties of Democracies (V-Dem) Institute. Ce déclin inquiétant des standards de démocratie vient souligner notre manque de reformes et de régulations. Et cela fait peur quand on sait que nous sommes en pleine campagne électorale. Au niveau de Transparency Mauritius, on va observer ces élections, voir comment elles se déroulent et son impact sur comment va notre démocratie.

 

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