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L’alcool au volant : situation alarmante

L’alcool au volant
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Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation, le durcissement de la loi et les mesures prises par les autorités, certains automobilistes continuent à boire et conduire.

50 % des délits liés à la prise d’alcool sont attribués à la conduite en état d’ivresse, selon les statistiques analysées par l’association Prévention Routière Avant tout (PRAT). Une situation alarmante, selon son président Alain Jeannot, qui affirme qu’il est plus que temps de s’attarder sur la consommation d’alcool à Maurice, sachant que selon les derniers chiffres, en une année, les Mauriciens consomment 56 millions de litres d’alcool. « Toutefois, il y a une bonne partie de la population qui ne boit pas à cause de restrictions religieuses, médicales ou pour des raisons personnelles. Cependant, l’alcool et la drogue continuent d’être au centre de nombreux fléaux », dit Alain Jeannot.

Il soutient que les statistiques démontrent que les hommes sont les plus concernés par les accidents de la route en état d’ivresse.  

Alain Jeannot
Alain Jeannot.

Alain Jeannot ajoute qu’il faudrait aussi un changement de mentalité. « Souvent la quantité d’alcool que peut consommer un homme est lié à la virilité. On entend dire ‘hey li mari kapav tini lalcool li’. Or, il faut une prise de conscience et se dire que nous ne pouvons pas encourager une personne à boire encore plus d’alcool », explique-t-il.

Pour le président de PRAT, ce changement de mentalité est nécessaire à tous les niveaux. « Par exemple, quand vous êtes invités à une fête, si vous êtes à deux, il est important de prévoir au départ qui va boire et qui va conduire au retour. Le co-voiturage n’est pas suffisamment entré dans les moeurs de notre société, mais lors d’une fête entre amis, cela peut être la solution. Si vous êtes seul, ne buvez pas ou prenez un chauffeur ou un taxi », ajoute Alain Jeannot.

Il insiste sur le fait que les hôtes ont également une part de responsabilité. « Quand vous invitez une personne chez vous, c’est parce que vous l’aimez bien et que vous souhaitez passer un moment agréable avec lui. Il est également de votre devoir de vous assurer qu’il est bien rentré chez lui. Si vous savez qu’il va conduire, ne l’incitez pas à boire. Prévoyez lors de vos fêtes des cocktails ou autres boissons sans alcool. Sachez que si la personne commet un délit ou est au centre d’une tragédie routière, vous aurez également une part de responsabilité », fait-il ressortir.

« Ce n’est pas un accident ! »

En ce qui concerne la jeune psychologue de 27 ans qui a perdu la vie à cause d’un chauffeur est état d’ivresse, Alain Jeannot refuse que l’on dise que c’était un accident. « Une personne est morte par la faute d’une autre personne insouciante. On ne peut pas parler d’accident, car quand on conduit sous l’influence de l’alcool ou de la drogue, on sait que c’est potentiellement fatal. Une voiture circule pas à la même vitesse qu’un piéton et s’il y a une collision lorsque la voiture va à 80 km par heure cela équivaut à l’effondrement d’un bâtiment de huit étages donc il y a peu de chances que la personne survive. Il ne faut donc pas beaucoup de matière grise pour prendre de bonnes décisions », soutient-il.

Il ajoute que tous les automobilistes savent que l’alcool ou la drogue et le volant ne font pas bon ménage. « Quand on conduit, il faut d’abord, être maître de toutes ses facultés. L’alcool et la drogue interfèrent avec nos sens, notamment la vue, la capacité de jugement et la coordination. L’automobiliste a tendance à rouler plus vite. La route est un espace commun. Nous devons avoir de bons rapports avec tous les usagers de la route. Si on ne prend pas conscience de ça, on agit de manière égoïste », souligne Alain Jeannot.

En ce qui concerne la loi, il estime qu’elle n’est pas en adéquation avec la mort d’une personne à cause d’un automobiliste qui conduit en état d’ivresse. « C’est une opinion très personnelle. Mais je suis révolté quand j’apprends qu’une personne a été victime d’un chauffeur qui boit et conduit. Le préjudice qui est causé est tellement grand et malheureusement la sanction légale ne suit pas. Même si la mort de cette personne est involontaire, le chauffard n’écope pas d’une peine assez importante et cela n’a pas d’effet dissuasif. Il faut revoir tout l’arsenal légal pour que les sanctions soient à la hauteur et largement rapportées dans la presse pour conscientiser la population », estime-t-il.

L’association PRAT tient à saluer les diverses initiatives prises par plusieurs compagnies qui proposent désormais des boissons gratuites aux personnes qui conduisent au retour. Il estime que ce sont des actions à encourager.


Élimination de l’alcool dans le sang

Il est scientifiquement prouvé qu’il faut une heure pour éliminer 15 g/l d’alcool chez un homme et 10 g/l chez la  femme. Il y a des cas où le chauffeur s’enfuit après un accident et se présente quelques heures après pour l’alcotest. Dans ce cas, on applique la règle du back calculation. Elle permet de déterminer la présence d’alcool dans le sang par rapport à l’heure. Ainsi, si après avoir consommé des boissons alcoolisées, la personne se présente après trois heures pour l’alcotest, les policiers peuvent calculer son alcoolémie suivant la formule 10 ou 15 g/l = une heure.


Que dit la loi ?

Barlen Munusami
Barlen Munusami.

Barlen Munusami, auteur du Best Seller Le guide complet du conducteur apporte de précisions en ce qui concerne la consommation d’alcool chez les automobilistes. Il explique que des amendements ont été apportés à la loi depuis 2018 pour diminuer le taux d’alcool autorisé dans le corps d’un automobiliste et pour introduire des sanctions plus sévères.

Ainsi, le taux d’alcool autorisé est passé de 50 mg à 20 mg et de 23 mg à 9 mg pour 100 ml de souffle.

À savoir que pour une première infraction, l’amende est de Rs 20 000 à 50 000 avec une suspension obligatoire du permis de conduire pour une période d’un an minimum. En cas de récidive, l’amende est de Rs 50 000 à 75 000, incluant la révocation obligatoire du permis de conduire  et une peine d’emprisonnement obligatoire également, d’au moins 12 mois.

À savoir que cette peine d’emprisonnement ne peut pas être convertie en travaux communautaires.

Il avance donc qu’il est préférable de ne pas boire du tout pour ne pas être pris en contravention. « Quand le taux autorisé était de 50 mg, cela correspondait à un verre standard de 25 cl de bière ou 3 cl de rhum ou de whisky ou 10 cl de vin. Donc 20 mg n’équivalent même pas à un verre », indique Barlen Munusami.


Poursuite au civil

Me Bala Mukan
Me Bala Mukan.

Que faire après un accident de la route ? Dans le cas d’un accident fatal, même si cela ne ramènera pas la personne à la vie, les proches des victimes ont des recours légaux, comme nous l’explique l’avocat Bala Mukan. « Toute victime ou tout proche d’une victime d’un accident de la route a le droit d’entamer des poursuites au civil pour obtenir réparation et dommages. Pour cela, il n’est pas nécessaire d’attendre la fin de l’enquête policière ou des poursuites criminelles. Il faut cependant entamer les démarches avant une période de 10 ans », indique-t-il.

 

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