L’impact du taux d’intérêt et la problématique de l’inflation ont été au cœur des débats lors de l’émission « Au Cœur de l’Info » présentée par Ruth Rajaysur, lundi. Extraits.
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«Depuis décembre 2021, les Banques centrales ont commencé à augmenter les taux d’intérêt pour combattre l’inflation. Mais, le piège est que d’un côté, elles doivent lutter contre l’inflation, mais en même temps, elles doivent veiller à ce qu’elles n’augmentent pas trop vite les taux d’intérêt au risque d’entrer en récession », a rappelé Kevin Teeroovengadum. Pour l’économiste, la Banque de Maurice se trouve dans la même situation. « C’est comme choisir entre la peste et le choléra. C’est vous dire que la situation va être malheureusement difficile. L’inflation va durer bien plus longtemps que nous le pensons à Maurice. La Banque de Maurice, dont le capital s’est affaibli, aura des difficultés à combattre l’inflation et à empêcher la roupie de se déprécier », prévient-il. Cela dit, ajoute Kevin Teeroovengadum, il y a heureusement de bonnes nouvelles telles que la baisse des coûts du fret, des prix des produits alimentaires et du pétrole notamment.
Au cours de l’émission, l’économiste s’est prononcé pour un rééquilibre. « Que ce soit avant, pendant ou après la pandémie, le secteur bancaire affiche une très bonne performance au détriment des autres secteurs. Ce n’est pas soutenable que le secteur bancaire fasse des super profits alors que les secteurs productifs sont à la traîne. Il faut que la Banque de Maurice se réunisse avec les banques pour rééquilibrer le jeu en vue d’un meilleur partage du gâteau national », suggère-t-il. Kevin Teeroovengadum a aussi recommandé qu’une partie des fonds alloués à la Mauritius Investment Corporation (MIC) soit accordée aux PME afin de les aider à se restructurer et à augmenter leurs parts de marché.
Ces 4 principales recommandations des invités de l’émission
1. Réduire l’écart entre le taux à l’emprunt et le taux à l’épargne
L’économiste Sanjay Matadeen déplore l’écart important entre le taux à l’emprunt, qui varie entre 1 % et 24 % et le taux à l’épargne qui fluctue entre 1 % et 10 %. Jayen Chellum, le secrétaire général de l’Association des Consommateurs de l’Île Maurice (ACIM), abonde dans le même sens. « Il y a un très grand écart. Les banques sortent gagnantes peu importe si le taux d’intérêt augmente ou baisse. Il n’est donc pas étonnant qu’elles fassent des milliards de roupies de profits alors que nous sommes en pleine pandémie. Les riches deviennent définitivement plus riches et les pauvres s’appauvrissent davantage », soutient-il. Pour Kevin Teeroovengadum, il faudrait impérativement que la Banque de Maurice discute avec la Mauritius Bankers Association pour réduire la marge entre le taux à l’épargne et celui à l’emprunt.
2. Pour un taux d’intérêt préférentiel sur les prêts immobiliers
Sanjay Matadeen recommande que la Banque de Maurice intervienne pour que les banques proposent un taux d’intérêt préférentiel sur les prêts immobiliers. « C’est possible de le faire en vue de soulager les ménages. Tout est une question de volonté de la Banque de Maurice et du gouvernement », ajoute-t-il.
3. Revoir à la baisse les intérêts sur le « hire purchase »
Jayen Chellum est catégorique : il faut baisser les intérêts sur la vente à tempérament (« hire purchase »). « Malgré nos multiples demandes, le gouvernement n’est toujours pas intervenu pour revoir le taux alors que le principal établissement de crédit – CIM – est comme une banque et n’a même pas besoin d’emprunter auprès des banques pour accorder du crédit », déplore-t-il.
4. Approcher sa banque en cas de difficulté pour le remboursement
Daniel Essoo, le CEO de la Mauritius Bankers Association, se dit conscient que les temps sont difficiles pour les emprunteurs, car le remboursement est plus élevé depuis la hausse du taux Repo. « Beaucoup de ménages ressentent la pression. Je leur recommande donc de contacter leur banque s’ils ont des difficultés », préconise-t-il. Il fait ressortir que dans ce genre de situation, les banques font preuve de flexibilité en rééchelonnant la période de remboursement. Ce qui implique, cependant, que l’emprunteur devra payer les intérêts encore plus longtemps.
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