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Journée internationale de la fonction publique : la polémique enfle autour de la «participation forcée» des fonctionnaires 

La circulaire de la discorde…

Pour célébrer la Journée mondiale de la fonction publique, ce dimanche, le gouvernement a organisé un grand événement afin de mobiliser les fonctionnaires, offrant des cadeaux et promettant un jour de congé potentiel pour encourager leur participation. Les syndicalistes, cependant, s’insurgent contre les pressions exercées pour obliger les fonctionnaires à assister à cette manifestation. 

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Dans la matinée de ce dimanche 23 juin 2024, en vue de marquer le United Nations Public Service Day, le gouvernement sort le grand jeu afin de mobiliser un maximum de fonctionnaires au Swami Vivekananda International Convention Centre à Pailles. Entre « présence obligatoire », cadeaux de bienvenue et pressions diverses, des syndicalistes s’insurgent contre cette manœuvre. 

« L’Honorable ministre a dit que si l’événement est un succès, un jour de congé pourrait être annoncé pour tous les gens présents », peut-on lire dans une note mise en circulation par l’équipe organisatrice. Dans cette même note, elle indique qu’une réunion a eu lieu au ministère de la Fonction publique « avec tous les Supervising Officers, durant laquelle il a été agréé de leur soutien total pour la fourniture de transport et pour encourager les fonctionnaires à être présents pour assister à l’événement ». 

Elle indique aussi ceci : « Jusqu’ici, nous avons confirmé la présence d’environ 4 000 fonctionnaires. Il a été demandé aux associations de bien-être du personnel de mobiliser au moins 3 000 fonctionnaires. » Autre information contenue dans cette note : « Un goodie pack avec au moins huit items (nourriture, snacks, boisson et un cadeau surprise) sera offert à tous les fonctionnaires présents. Les fonctionnaires seront choyés ce jour-là. Nous pourrions même recevoir une très bonne nouvelle – Qui sait ! » 

Toujours dans le cadre de cet événement, la lettre circulaire No 42 de 2024 a été émise pour demander aux chefs de département d’informer les Human Resources Sections de chaque ministère de communiquer sur les employés qui seront présents. « Notez qu’au cas où vos officiers ne participent pas, le Chef de département/section doit être impérativement présent », précise encore la circulaire.

Protestations des syndicalistes 

Au niveau des syndicats, on ne voit pas ces démarches d’un très bon œil. « C’est bon de célébrer cette journée. C’est la première fois qu’on la célèbre avec autant de faste. Mais le fait que cela tombe un dimanche, on ne peut pas forcer quelqu’un à venir. Les gens ont des engagements familiaux. Je ne sais pas quelle motivation il y a pour donner des noms. Si c’est volontaire, aucun souci, mais devoir donner les noms de ceux qui viennent, c’est problématique », estime Radhakrishna Sadien, président de la State and Other Employees Federation. 

« Les chefs de ministère et de département ne peuvent pas se sentir mal à l’aise. Que se passe-t-il si demain ils ne parviennent pas à être à la hauteur des attentes ? Y aura-t-il des répercussions ? » demande-t-il. 

Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress, accueille favorablement qu’on veuille célébrer les fonctionnaires. « Mais on ne peut pas forcer une personne à être présente. On voit des chefs de section qui obligent leurs subalternes à être là. Ce n’est pas éthique. Les gens doivent être libres de faire leur choix, surtout que c’est un dimanche. Obliger les gens à travers des circulaires, ce n’est pas correct. On sait que c’est une année électorale », dit-il. 

Le dirigeant syndical lance un appel au Premier ministre et au ministre de la Fonction publique qui prendront la parole ce dimanche. « N’utilisez pas cette plateforme pour faire de la politique. Parlez plutôt de l’importance des fonctionnaires pour le développement du pays », ajoute-t-il.

Pour lui, certains se sentent dans l’obligation d’y montrer patte blanche. Il pense notamment aux quelque 1 000 Management Support Officers qui viennent d’être recrutés dans la fonction publique et qui sont employés sur un contrat mensuel. « Devront-ils se montrer là-bas pour espérer un poste permanent ? » demande le dirigeant syndical.

Vinod Seegum, président de l’All Civil Service Employees Federation, précise que la fonction publique est autonome et indépendante et qu’elle doit le rester. « Elle travaille pour tout gouvernement sans aucune couleur politique. Obliger les fonctionnaires à venir, signer une circulaire, ce n’est pas acceptable. Ça ne s’est jamais fait dans le passé. Il ne faudrait pas forcer les fonctionnaires à suivre une ligne politique », estime-t-il.

Navin Ramgoolam et Paul Bérenger prennent position 

Lors de leur conférence de presse, samedi matin, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger ont pris position sur la polémique. Le leader des mauves dénonce « la manipulation électorale éhontée et inacceptable du gouvernement » : « Nous sommes solidaires des fonctionnaires qui sont menacés et qui font face à de la répression. »

Pour Navin Ramgoolam, personne n’a le droit d’obliger un fonctionnaire à assister à une fonction. « Non seulement c’est dégoûtant, mais c’est dangereux pour un pays. » Il fait ressortir que le devoir de la fonction publique est de servir le pays et non le ou les partis au pouvoir : « On dénonce avec force le fait qu’ils politisent la fonction publique à outrance. C’est révoltant et inacceptable. » Le leader des rouges promet « des sanctions contre ceux qui ont organisé ça », si l’alliance PTr/MMM/ND arrive au pouvoir.

  • LDMG

 

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