Jocelyn Chan Low : «L’opération de colmatage a été un échec»

Après les vives tensions observées la semaine dernière au Parlement entre Stéphanie Anquetil et Arianne Navarre-Marie, ainsi que l’épisode de la démission avortée de Paul Bérenger, l’Alliance du Changement est de nouveau secouée. Cette fois-ci par la guerre ouverte entre le député Ehsan Juman et le ministre Aadil Ameer Meea. 

L’observateur politique Jocelyn Chan Low se dit guère surpris. Pour lui, cette situation était inévitable. Les tensions actuelles, explique-t-il, démontrent que les divergences au sein de l’alliance n’ont jamais réellement été résorbées. « Il faut cesser de tout mettre sous le tapis. L’opération de colmatage après la tentative de démission du DPM a été un échec et démontre que la brèche est bel et bien présente », analyse-t-il.  

Certes, des divergences existent dans tout gouvernement, mais selon Jocelyn Chan Low, la situation actuelle prend une tournure préoccupante. « Avec les propos du député Ehsan Juman et la réplique du ministre Aadil Ameer Meea, cela pèse lourd dans la balance », souligne-t-il, évoquant une accumulation de crises qui fragilise la cohésion de l’Alliance.

Sur le fond, Jocelyn Chan Low considère que les rangs de la majorité sont aujourd’hui divisés. « Il y a ceux qui travaillent dans la droiture et selon des principes, et d’autres qui recherchent avant tout la popularité. C’est là que le problème se pose », commente-t-il. 

Avant l’annonce de sa démission avortée, Paul Bérenger avait vivement critiqué certaines nominations opérées par le Parti travailliste, ajoute l’observateur. « Aujourd’hui, on voit des ministres issus de cette alliance se livrer publiquement aux mêmes critiques. Même si une cassure immédiate n’est pas à l’ordre du jour, la situation reste fragile et la question se pose : où est le véritable changement promis ? » s’interroge-t-il.

De son côté, Ajay Daby, ancien Speaker de l’Assemblée nationale et observateur politique, se veut plus mesuré. S’il ne croit pas à une cassure immédiate du gouvernement, il estime néanmoins que la situation pourrait évoluer rapidement. « Quelque chose se mijote, mais il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives », affirme-t-il.

Selon lui, les tensions actuelles traduisent une lutte interne qui pourrait affaiblir l’action gouvernementale. Il appelle à la prudence. « Il ne faut surtout pas jouer avec les nerfs du pays », avertit Ajay Daby.