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Jayen Chellum : « Il n’y a pas lieu d’augmenter les prix de l’essence »

Le secrétaire-général de l’Association des Consommateurs de l’Île Maurice, Jayen Chellum, estime que le gouvernement dispose de moyens pour prévenir une nouvelle hausse des prix de l’essence et du diesel.

On n’est pas à l’abri d’une nouvelle hausse de prix de l’essence et du diesel. Donc, un nouveau coup dur pour les automobilistes …

Je persiste et signe qu’il n’y a pas lieu d’augmenter les prix de l’essence et du diesel. Car comme on le sait, ces deux produits sont surtaxés, sans compter les contributions. Les prix des carburants sont donc gonflés artificiellement. 

Mais toujours est-il que le gouvernement retourne une partie de ces contributions à la population à travers des subsides sur le riz, la farine et le gaz ménager. Ce qui profite évidemment aux démunis de la société...

C’est un fait qu’une partie de ces contributions soit utilisée pour subventionner les prix du riz, de la farine et du gaz ménager. Ce qui profite évidemment aux consommateurs se trouvant au plus bas de l’échelle.

Toutefois, j’estime qu’il y a un manque de transparence sur l’utilisation de ces contributions. Par exemple, il serait bon de savoir les prix d’achat de ces produits par la State Trading Corporation, préalablement à l’imposition de ces subsides. Nous avons fait une demande en ce sens aux autorités, mais malheureusement, nous n’avons reçu aucune réponse.

Il est bon de savoir qu’en 2017, la contribution était à Rs 2,70 sur un litre d’essence. Elle a subi une baisse en 2018 pour passer à Rs 1,75, avant de connaître une nouvelle hausse pour passer à Rs 4,20 en 2020. Cela dit, c’est tout à fait acceptable qu’on impose une contribution pour subventionner en retour le riz, la farine et le gaz ménager. 

Par contre, c’est totalement inacceptable que les autres contributions coûtent plus de Rs 25 par litre aux automobilistes. Citons, entre autres, celle de Rs 1,85 par litre, soit Rs 9,25 par gallon d’essence pour la Road Development Authority, contribution qui est utilisée pour la construction et la réfection des routes. Il y a aussi la contribution de 65 sous pour la construction d’une ‘Storage Facility’. Pendant encore combien de temps le gouvernement va-t-il prélever cette taxe sur les automobilistes et combien d’argent a-t-il déjà amassé pour la concrétisation de ce projet ? À travers une lettre, l’ACIM a déjà réclamé des renseignements à ce sujet auprès des autorités, mais toujours pas de réponse. 

Il est aussi bon de savoir, pendant encore combien de temps devrait-on contribuer pour l’achat des vaccins. 

Pour couronner le tout, il y a une taxe de 48% comme ‘Excise Duty’. 

La STC achète l’essence autour de Rs 25 le litre. Si on ajoute les différentes taxes et contributions, ce sont Rs 30 additionnelles qui sont imposées sur ce produit. C’est donc inacceptable que les automobilistes doivent payer l’essence à 120% plus cher.

Donc, le gouvernement dispose de moyens pour ne pas augmenter de nouveau les prix des carburants ?

Évidemment. Il peut revoir à la baisse ces taxes et contributions afin de soulager la population, car il ne faut pas oublier qu’une hausse des prix des carburants entraînerait inévitablement une flambée des prix dans le commerce. Je cite le pain et le transport, entre autres. Je peux même dire que si le gouvernement contrôle les gaspillages au sein des ministères et corps para-étatiques, il aurait le moyen de prendre des mesures pour mieux protéger le pouvoir d’achat des consommateurs. 

Hormis l’essence et le diesel, les consommateurs sont assommés par une forte poussée inflationniste dans le commerce. Comment expliquez-vous cette situation ?

Plusieurs facteurs provoquent ces hausses de prix. Il y a la dépréciation de la roupie mauricienne vis-à-vis des devises étrangères. Malheureusement, il y a une impression que la Banque de Maurice n’est plus en mesure de défendre la roupie mauricienne après qu’une partie de ses réserves ait été utilisée pour financer le budget national. 

Il y a aussi le coût du fret. Certes, il ne dépend pas du gouvernement, mais je pense les autorités auraient pu négocier avec les compagnies maritimes pour bénéficier de prix plus favorables. 

Cela dit, le gouvernement aurait dû prendre d’autres actions pour provoquer une baisse des prix sur le marché. Je cite notamment l’ouverture du Wholesale Market de Wooton pour faire baisser les prix des légumes, aussi bien que l’abrogation des Intellectual Property Rights pour briser le monopole dans l’importation des médicaments. Ce qui amènerait plus de concurrence dans ce secteur et, inévitablement, des baisses de prix. 

Il n’est un secret pour personne que la hausse de 100% de taxe sur le sucre qui est utilisé dans la fabrication de produits alimentaires a aussi entraîné dans son sillage une série d’augmentations de prix dans le commerce. Le gouvernement aurait pu augmenter graduellement cette taxe.

Ces hausses de prix dans le commerce pourraient entraîner dans son sillage des manifestations de rue…

Bien sûr. D’emblée, je peux vous dire que l’ACIM organisera des manifestations, si jamais il y a une hausse des prix de l’essence et du diesel. Cela dit, je lance un appel à la population pour réagir face à ces hausses inacceptables des prix.

 

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