
Le devoir n’a pas d’horaire. Ni d’uniforme. Mercredi après-midi, dans un autobus, quelque part entre Bagatelle et Petite-Cabane, le constable Sivaraj Caramben n’était qu’un passager parmi d’autres. Sans insigne, sans arme, juste un homme attentif à ce qui l’entoure. Mais dans ce moment suspendu, dans cette banalité du quotidien, il a fait la différence.
« Tout commence par l’intégrité. Lorsqu’on prête serment en tant que policier, c’est à vie... » Ces mots, Sivaraj Caramben les vit dans chaque instant, même en dehors des heures de service. Il sait que derrière chaque sourire forcé, chaque regard fuyant, il peut y avoir une détresse silencieuse. Alors, il observe. Il ressent. Et dans l’après-midi du mercredi 26 mars, il a agi. Récit…
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Le jeune constable monte dans le bus, fatigué d’une longue journée, ses pensées ailleurs. Mais son instinct, lui, est en éveil. Il repère vite la scène. Une femme enceinte, le dos plaqué contre la fenêtre, le regard fuyant. À côté d’elle, un homme, trop proche, trop pressant. Les épaules qui frôlent, les gestes insidieux, cette manière d’occuper l’espace comme pour l’écraser. Elle est rouge, elle transpire. Elle n’ose rien dire.
Il pourrait l’interpeller immédiatement, hausser la voix, exiger qu’il s’éloigne. Mais il sait aussi que la peur peut paralyser. Qu’un faux mouvement peut empirer les choses. Alors, il choisit une autre arme. Une simple feuille de papier. Quelques mots griffonnés.
« Pas peur, mo la mem. Constable Caramben ». Il la glisse discrètement vers elle. Un message, comme une main tendue dans l’ombre. La jeune femme lit, relève les yeux. Un souffle passe. L’homme l’a vu aussi. Son masque vacille. Il se lève brusquement, descend au prochain arrêt. Un dernier regard en arrière. Puis il disparaît.
Le silence retombe dans le bus. Mais cette fois, ce n’est plus le même. La femme enceinte inspire profondément. Ses mains tremblent, mais elle n’est plus seule. Elle murmure un merci. Son regard brille de larmes retenues. Elle a retrouvé son souffle…
Un héros malgré lui
Le lendemain, un message se propage sur les réseaux sociaux. Jen – c’est ainsi que la femme enceinte se présente – raconte ce moment où tout aurait pu basculer. « Hier, j’ai eu peur. J’ai senti mon cœur battre trop fort, mes mains devenir moites. Mais alors que je me croyais seule, une main s’est tendue. Un simple papier, mais toute la différence du monde », a-t-elle postée sur la toile.
L’histoire explose. Les partages s’enchaînent, les commentaires affluent. On parle d’un ange gardien, d’un policier comme il en faudrait plus. Mais le constable Sivaraj Caramben, loin de cette agitation numérique, se tient droit. Il secoue la tête, presque gêné.
« J’ai juste fait mon travail », plaide-t-il. Son travail. Son serment. Celui qui lui a déjà coûté cher. Il y a cinq mois, il était sergent. Puis le changement de régime l’a fait redescendre d’un cran. « Une rétrogradation politique », dit-on. Son intégrité, salie par des décisions prises bien au-dessus de lui. « Mon image a été ternie. Certains pensent que je cherchais quelque chose. Moi, je veux juste que les gens comprennent une chose : la police n’est pas votre ennemie. Nous sommes là pour protéger. Je n’ai fait que mon travail », fait comprendre le constable Sivaraj Caramben.
Il n’a aucune rancune, aucune amertume. Juste cette conviction profonde, inébranlable. Celle qui l’a poussé, ce jour-là, à tendre ce morceau de papier. Celle qui lui fait dire, avec une simplicité désarmante : « J’ai sauvé deux vies ce jour-là. Une mère et son bébé qui grandit encore en elle. Je n’attends rien d’autre. »
Sur les réseaux, le visage du constable Sivaraj Caramben circule en boucle. Les commentaires fusent : « Il faut le soulever très haut pour que cela marque les esprits. De nos jours, on n’a si peu d’estime de la force policière en général. Auparavant c’était un honneur d’avoir un parent policier. Je sais de quoi je parle. Maintenant on a presque honte de dire qu’un parent en faisait partir. C’est tellement vrai », souligne Lilibeth.
Kovilen a également vanté les mérites du constable. « Mo kone li depi so lenfance li ti reve. Form 1 ziska HSC ensam. Hats off bro. Et line pass dan boukou moman difficil, So proud of you », a-t-il souligné. « Respect for you soldier. Stay bless », a réagi pour sa part Sheila. « Good job. Wish you a bright future ahead. Hope for recruitment of police constable wearing glasses and contact lenses will be allowed and abolished », souligne Keshav.

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