Plusieurs conditions doivent être réunies pour que cette nouvelle année soit meilleure pour le service de santé que 2021. Parmi celles-ci, de meilleures conditions de travail ou encore la mise sur pied d’un hôpital pour les maladies infectieuses. Les représentants des syndicats du secteur concerné en parlent.
Le besoin d’un centre hospitalier pour les maladies infectieuses s’impose
Le nouvel hôpital ENT a été « pris en otage » en raison du nombre croissant de cas de Covid-19. Observation du Dr Vinesh Sewsurn, président de la Medical and Health Officers Association (MHOA). Or pour lui, cet établissement n’a pas été conçu pour prendre en charge une telle maladie. D’où, insiste-t-il, l’urgence en 2022 d’un centre hospitalier dédié à l’accueil des patients souffrant de maladies infectieuses, tel que préconisé dans le Health Sector Strategic Plan 2020-24.
Le New ENT Hospital, rappelle-t-il, a été conçu pour les patients souffrant de problèmes d’oto-rhino-laryngologie (oreille, nez et gorge). Il n’y a pas de lieu spécifique pour enfiler et enlever les équipements de protection personnel (PPE) comme c’est le cas à l’hôpital de Souillac. Situé dans le sud du pays, cet établissement est cependant trop petit et trop éloigné, selon le président de la MHOA.
Un chapitre du Health Sector Strategic Plan 2020-24, poursuit-il, évoque une « Emergency Preparedness and Response » concernant des maladies infectieuses. Le document soutient qu’une menace de maladie n’importe où dans le monde est également une menace pour la sécurité sanitaire de Maurice en raison de l’ouverture des frontières et la mondialisation.
Certes, en raison de la pandémie, « nous avons mis en place une politique de médecine préventive des maladies infectieuses et nous savons comment les gérer », bien que cela ait été fait au détriment des autres maladies. Toujours est-il que « la Covid-19 nous a donné toutes les raisons d’activer au plus vite ce plan d’un hôpital dédié et de le mettre en place dans les plus brefs délais » fait ressortir le Dr Sewsurn.
D’autant que « de nombreux experts soutiennent que ce n’est pas la dernière pandémie à laquelle nous serons confrontés. Il faut s’attendre à ce qu’à l’avenir, d’autres maladies infectieuses fassent leur apparition et qu’elles soient tout aussi virulentes et contagieuses », souligne le Dr Sewsurn.
Ce centre hospitalier pour les maladies infectieuses, poursuit le président de la MHOA, ne sera pas dédié qu’aux infections respiratoires comme la Covid-19. « Cela peut aussi être pour d’autres infections à voie intestinale par exemple ou la méningite et les cas d’hépatite aiguë. »
Mieux, dit le Dr Vinesh Sewsurn, « cet établissement pourra également être transformé en centre hospitalier universitaire (CHU) comme il est prévu pour le nouvel hôpital de Flacq. » Pour lui, ce sera un plus, d’autant qu’il y a deux écoles de médecine à Maurice. Cela permettra aussi d’approfondir les recherches sur les maladies comme la dengue, selon lui.
Une amélioration des conditions de travail souhaitée
Le personnel soignant et le corps paramédical sont les piliers du service de santé. À ce titre, ils méritent davantage de considération, soutient le Dr Sewsurn. D’où son appel pour une amélioration des conditions de travail.
Le président de la MHOA indique que 2021 a été une année difficile pour l’ensemble du personnel dont les « vacation leaves » ont été suspendus. « C’est compliqué pour eux de pouvoir donner le meilleur d’eux-mêmes continuellement parce qu’ils n’arrivent pas vraiment à se reposer. Un jour ou deux n’est pas suffisant pour récupérer de la fatigue du travail. Le ‘burn out’ est devenu continuel » affirme-t-il.
Afin de lutter contre la démotivation, poursuit le Dr Sewsurn, le ministère de la Santé doit proposer « des mesures incitatives qui peuvent changer le quotidien du personnel comme des facilités de travail en termes d’équipements ». Le Pay Research Bureau (PRB) a aussi un rôle à jouer, martèle-t-il. « Le PRB doit voir les conditions de travail. Cela n’a pas été fait. »
Parmi les aspects à considérer, il y a les horaires, conditions et l’environnement de travail, les équipements, les facilités de transport, une place décente pour manger et se reposer. « Peu importe où un membre du personnel est placé, il sera plus performant s’il a tous les atouts en main pour travailler », assure le Dr Sewsurn.
Il plaide, en outre, pour davantage de recrutements à tous les niveaux, « au lieu d’une personne qui se retrouve à faire le travail de deux à trois personnes ». Surtout avec l’entrée en opération de nouveaux hôpitaux et services. La communication s’en trouvera améliorée, selon lui. « Un médecin qui a plusieurs patients devant lui alors qu’il travaille seul a moins de temps pour s’adresser aux malades. Les choses auraient été différentes s’il y avait plusieurs médecins en poste. Ce sera une situation gagnant-gagnant et tout le monde sera content. »
C’est également le souhait de Nasser Essa, président de la Nurses Union. Il n’y a pas eu de recrutement d’infirmiers depuis 2018, fait-il remarquer. « Le recrutement local doit se faire le plus rapidement possible. Avec la formation qui prend trois ans, un plan de recrutement doit être mis en place afin qu’on ne se retrouve pas tout le temps en manque de personnel. » Il plaide également pour la réouverture du School of Nursing, à l’hôpital Victoria, afin de pouvoir assurer la formation régulière des infirmiers.
Mieux éduquer la population
Les stratégies de communication autour de la situation pandémique n’ont, semble-t-il, pas suffisamment bien marché en 2021. Il faut ainsi les améliorer pour une meilleure prise de conscience de la population. C’est ce que souhaitent le Dr Sewsurn, Krishna Boodia, président de la Ministry of Health Transport Workers Union et Nasser Essa.
Ils font ressortir qu’il y a toute une pédagogie à développer afin que le public respecte les protocoles sanitaires et les gestes barrières. Au dire du Dr Sewsurn, porter convenablement le masque sanitaire est plus important que l’hygiène des mains car le virus se transmet par les voies respiratoires. « Cela doit être un masque chirurgical et pas les masques en tissu », précise-t-il.
Ne pas baisser la garde
Une semaine de congé en novembre dernier a été lourde de conséquences avec la hausse du nombre de cas de Covid-19 mais aussi de décès liés à la maladie. Cela, en raison du relâchement de la population et les nombreux rassemblements durant cette période. C’est le constat de Nasser Essa. Pour le président de la Nurses Union, ce genre d’erreur ne doit pas être commise de nouveau à l’avenir. « La population doit prendre ses précautions et respecter les mesures sanitaires. La vigilance doit être de mise tout le temps », insiste-t-il.
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