Hausse du coût du fret : sombres perspectives pour les consommateurs

La constante et inquiétante hausse du coût du fret se poursuit. Une situation en passe d’alourdir davantage le panier des ménages et faire très mal aux personnes au bas de l’échelle. C’est ce qu’ont révélé les différents intervenants de l’émission, Au cœur de l’info du mardi 12 octobre, animée par Jean-Luc Émile et Élodie Domun.   

Si vous vous attendez à une baisse dans les produits de consommation, inutile d’espérer ! Leur prix ira en s’augmenter, car le coût du fret est en hausse. Et le pire est à venir, affirme Alain Malherbe, directeur général d’Island Maritime Services. Actuellement, indique-t-il, le coût du fret pour un conteneur de 20 pieds en provenance d’Asie oscille entre 5 900 et 6 100 dollars. D’ici janvier 2022, le prix devrait grimper jusqu’à   15 000 dollars. 

Afzal Delbar, de l’Association des transitaires du port, a aussi participé à l’émission. Selon lui, la dégradation de la situation est due à un problème d’approvisionnement et d’acheminement des produits au niveau mondial. « La perturbation dans l’industrie maritime est d’actualité depuis l’avènement de la pandémie. Il y a eu une baisse de 15 % dans la distribution des conteneurs. De surcroît, 3 000 conteneurs ne sont jamais arrivés à destination », a-t-il ajouté. 

Malheureusement, ce sont les consommateurs qui vont, une fois encore, payer les pots cassés. C’est ce que fait ressortir Claude Canabady, secrétaire de la Consumers’ Eye Association. Il déplore le fait que  les salaires restent inchangés alors que les prix ne cessent de grimper. Pour lui, il est nécessaire, voire vital, que le gouvernement contrôle les prix des produits de base. Il est aussi important d’éduquer les consommateurs. Une éducation qui, pour l’économiste Takesh Luckho, dirigera les acheteurs à opter pour le « smart buying ». « L’objectif de croissance de 9 % en juin 2022 passera par un regain de confiance des consommateurs », soutient-il. Or, l’assiette de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) a grossi, influençant négativement le porte-monnaie des Mauriciens.  D’où sa proposition de revoir à la baisse la TVA sur les produits de grande consommation en cette période de crise. 

À l’approche des fêtes de fin d’année, la demande devrait connaître un « boost ». Afin de ne pas pénaliser les clients, Intermart fait son maximum pour obtenir les meilleurs prix possibles avec les fournisseurs. Une information donnée par Andrew Sin Yan Too, directeur général de l’enseigne. « Maurice, en tant que pays très ouvert, dispose d’une vaste source d’approvisionnement. C’est une prérogative pour les consommateurs qui se voient offrir des choix alternatifs », fait-il remarquer. Il a tenu à se montrer rassurant et insiste que l’enseigne vise à ne pas alourdir davantage le panier des ménages. Néanmoins, les prix du lait et du riz devraient augmenter, ayant déjà été révisés à la hausse à l’étranger. 

Comme dans toute chose, il y a des gagnants et des perdants. Et ceux qui se rempliraient les poches avec le coût galopant du fret seraient les compagnies maritimes. D’ailleurs, Afzal Delbar évoque une profitabilité injuste engendrée par certaines d’entre elles au détriment des consommateurs. « Certaines sociétés ont réalisé des profits cumulés de 15 ans lors des trois derniers mois ».