Christian Malherbe, 49 ans, père de deux fils, est un combattant. En 2016, il a vécu une situation extrêmement handicapante. Il ne voyait que d’un œil. Aujourd’hui, après une greffe, il arrive à voir normalement.
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Tout a commencé après que Christian Malherbe a oublié d’enlever ses lentilles de contact avant d’aller au lit. Il s’est gratté l’œil droit pendant son sommeil.
« Quand je me suis réveillé, mon œil était rouge. Je m’étais blessé à la cornée. Plus ça avançait, plus ma vue se détériorait. Il y avait comme une buée devant mon œil. C’est comme si je regardais à travers la cabine de douche en prenant un bain chaud », se souvient-il.
Depuis, il accumulait infection sur infection jusqu’à quasiment ne plus voir de l’œil droit. Sa souffrance morale et physique a duré deux ans. « Je vivais avec l’inconfort de ne voir que d’un œil. L’inconfort de lire, de conduire ou de monter les escaliers par peur de rater une marche. » Il était gêné, mais il n’a jamais douté de ses chances de guérison. Car, selon lui, « le moment où on commence à douter, on touche le fond ».
Avec le soutien de sa femme et de ses employeurs, il s’est battu pour garder le moral. Il est donc allé voir un médecin. La première consultation était décevante, car on lui a donné l’impression qu’une amélioration était impensable : « Le médecin m’a dit que ma cornée était perdue, qu’une cornée ne se réparait pas et qu’il serait difficile pour lui de trouver un donneur. »
Cependant, malgré le diagnostic, Christian refusait de vivre avec un seul œil, ce qui l’a poussé à consulter un autre médecin. Il s’est avéré que ce deuxième médecin allait redonner un sens à sa vie, tel un ange tombé du ciel. « Le docteur a effectivement confirmé le diagnostic précédent, qui disait qu’il était impossible de réparer la cornée. Toutefois, une nouvelle porte s’ouvrait à moi. Celle de changer la cornée par une greffe. Pour moi, le choix était vite fait », raconte-t-il.
Je trouve dommage que Maurice interdise le don d’organes»
Le cas de Christian était tellement compliqué que son médecin traitant a dû l’envoyer à l’hôpital de Moka pendant cinq jours pour traiter ses infections. « C’était difficile de se faire traiter à la clinique par rapport aux infections, car il fallait fabriquer des gouttes spécifiques. Mon œil était rouge, je souffrais, c’était affreux », avoue-t-il.
Un greffon à l’autre bout du monde
Une fois les infections éliminées, le médecin traitant a entamé les démarches pour un greffon. En septembre 2018, le supplice interminable allait prendre fin, car il allait recevoir un coup de fil porteur de bonnes nouvelles. « Un beau jour, mon médecin m’a appelé et m’a annoncé qu’on avait trouvé un greffon sur un donneur décédé aux États-Unis et que le greffon allait sortir de San Diego, en Californie, pour venir à Maurice », explique-t-il. Il lui a fallu six mois d’attente pour avoir un greffon et son histoire est encore plus ahurissante. Le greffon a traversé la planète pour finalement arriver à Maurice au bout de dix jours.
Il faut savoir qu’une cornée enlevée d’un donneur décédé est fonctionnelle pendant une période maximum de quinze jours, car, passé ce délai, elle commence à s’abîmer. Heureusement, tout semblait être en faveur du vaillant Christian. Il est admis à la clinique pour la greffe au onzième jour de la période « saine ». Christian a subi l’intervention à l’œil droit, où sa cornée d’origine a été enlevée afin de la remplacer par celle du donneur.
Jusqu’ici, il n’a subi aucun rejet au niveau de la greffe. Néanmoins, un suivi mensuel et pointu est ordonné durant la première année. Il faut savoir qu’il vivra dessus jusqu’à la fin de ses jours pour s’assurer qu’il n’y a pas de rejet. « Même si je suis obligé de mettre des gouttes et des pommades à vie, pour moi, c’est juste un détail, car l’essentiel est que j’ai pu avoir une cornée saine et en bon état grâce au donneur », partage-t-il avec soulagement.
Révolté
Même si je suis obligé de mettre des gouttes et des pommades à vie, pour moi, c’est juste un détail, car l’essentiel est que j’ai pu avoir une cornée saine et en bon état grâce au donneur»
Toutefois, il se dit révolté à l’idée que le don d’organes ne soit pas permis à Maurice. « Je trouve dommage que Maurice interdise le don d’organes. D’ailleurs, je m’insurge avec force contre cette loi, qui serait apparemment maintenue pour des raisons religieuses, car c’est inacceptable. Moi, j’ai la chance d’avoir été couvert par une assurance, mais ceux qui n’en ont pas, comment feront-ils ? Alors que, si c’était permis à Maurice, ça aurait pu sauver des gens », rétorque-t-il.
Christian développe l’idée qu’il est absurde d’interdire le don d’organes juste pour des raisons religieuses. « Si on suit cette logique, on devra empêcher le don de sang. Quand on a besoin de sang, on ne demande pas la religion du donneur de sang. Pourquoi est-ce que ce serait différent pour le don d’organe, alors que le but est le même. Celle de sauver des vies », constate-t-il.
Le miraculé est frustré face à cette interdiction, car il assure que Maurice a les ressources humaines requises pour faire les greffons. « Tout le monde m’a conseillé de partir à l’étranger pour me faire opérer l’œil, mais je suis tombé sur un médecin exceptionnel, qui m’a fait une greffe parfaite. C’est dire s’il y a les compétences à Maurice, mais on ne le met pas en avant, car cette interdiction ne permet pas à ces médecins de s’exprimer. »
Depuis sa greffe, Christian se réveille chaque jour en montrant sa reconnaissance envers son donneur. « Je ne connais pas le nom de mon donneur, ni si c’est une femme, un homme ou une enfant, ni sa couleur, ni son ethnie, ni sa religion. à vrai dire, cela m’est égal, car j’ai une pensée pour lui/elle chaque matin quand je me réveille », confie-t-il.
Il partage qu’il compte se battre pour que le don d’organe soit autorisé à Maurice. « Pourquoi ne pas autoriser le prélèvement d’un organe sain d’un défunt, si la personne donne son accord au préalable ? Moi, ça a changé ma vie ! Le matin, en prenant mon thé sur la terrasse, j’ai fermé l’œil gauche. J’ai distinctement vu la pureté du ciel, l’état du gazon et les plantes du jardin. Plus loin, dans la cour du voisin, le papayer et ses fruits, et j’ai surtout bien vu les formes de la montagne Ory. C’était comme un miracle. Il suffit d’y croire. Car les miracles existent. »
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