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- 2 486 réparations réalisées par une cellule de crise en 24 jours
Face aux nombreuses fuites d’eau et à une sécheresse persistante, la Central Water Authority (CWA) a mis en place une cellule de crise le 20 janvier dernier. Objectif : accélérer la réparation des canalisations endommagées et limiter le gaspillage d’eau. « Du 20 janvier au 12 février derniers, 2 486 réparations, soit une moyenne de 145 par jour, ont été réalisées », a indiqué Veemal Mohungoo, Chief Engineer de l’organisme, le jeudi 13 février 2025, lors de la première édition de l’émission « Anou azir » animée par Murvind Beetun.
Les défis du réseau de distribution ont été mis en lumière, notamment les déperditions qui atteignent plus de 60 %, aggravant une situation déjà critique. Deux vidéos diffusées durant l’émission ont permis de visualiser ce problème persistant.
Dans la première, un habitant d’Ébène témoigne qu’une fuite importante dure depuis huit ans, si ce n’est plus, à Ébène, sans qu’aucune solution durable n’ait été apportée : « J’ai appris que ce problème ne date pas d’aujourd’hui, mais qu’il existe depuis au moins huit ans, voire plus. » Malgré plusieurs signalements et la visite d’un officier de la CWA en août dernier, rien n’a changé. L’eau continue de s’accumuler, provoquant un gaspillage considérable.
La seconde vidéo montre un problème similaire à Rose-Hill. Un tuyau cassé sous terre inonde la route depuis un mois. Là encore, le cas a été signalé, selon l’auteur de la vidéo, mais aucune intervention n’a eu lieu à ce jour. « L’eau stagne sur la route », précise-t-il.
Veemal Mohungoo a alors assuré que toutes les plaintes seront prises en charge. Il a détaillé le fonctionnement de la cellule de crise, déployée dans six zones. Elle est composée d’équipes spécialisées qui vérifient, identifient et réparent les fuites. Il a insisté sur le fait que la CWA veille à ce que toutes les plaintes soient prises en considération et que chaque doléance soit résolue dans les plus brefs délais.
Sixième janvier le plus sec
C’est la raison pour laquelle l’organisme a choisi de ne plus externaliser les réparations. « La CWA déploie désormais ses propres équipes pour résoudre le problème directement sur le terrain » a précisé Veemal Mohungoo, estimant que cette approche permettra une réactivité accrue et une meilleure gestion des interventions.
Cette décision a été rendue nécessaire parce que le pays fait face à un déficit pluviométrique alarmant. Janvier 2025 a été, pour la sixième fois, le mois le plus sec enregistré depuis 1904, avec 30 % de précipitations en moins par rapport aux moyennes saisonnières.
Les réparations prioritaires concernent les conduites principales, dont les fuites causent des pertes massives d’eau. « Lorsqu’une rupture de canalisation est signalée, nous intervenons immédiatement pour limiter les dégâts », a assuré Veemal Mohungoo. Les fuites sont généralement réparées dans un délai de un à trois jours. Toutefois, dans certains cas, des plaintes peuvent être répétitives en raison de problèmes récurrents sur un même équipement.
Le Chief Engineer a soutenu que la CWA a également revu son système de hotline afin d’améliorer la prise en charge des signalements. Désormais, une trentaine d’opérateurs sont affectés à l’enregistrement des plaintes. « Un numéro de référence est attribué à chaque cas et l’équipe concernée va réparer la fuite en question », a-t-il expliqué.
En parallèle, l’installation et l’entretien des tuyaux restent des défis majeurs. Veemal Mohungoo a rappelé que les normes doivent être scrupuleusement respectées pour assurer la durabilité des infrastructures. « Tout tuyau doit être enterré à au moins 900 mm et posé sur un lit de sable adapté. Puis il faut procéder à un remplissage et à un compactage adéquat », a-t-il détaillé.
Procédures et supervision
Toutefois, même avec des procédures bien établies, des dysfonctionnements persistent. « Chaque site est unique et nécessite un contrôle rigoureux », a souligné le Chief Engineer. « Il est essentiel que les tuyaux soient enterrés correctement, car ce sont des installations souterraines. La complexité du travail peut différer d’un site à l’autre », a-t-il insisté. Mais il a précisé que le problème survient lorsqu’il y a des irrégularités dans le processus : « Si nous respectons les procédures, il n’y a aucune raison qu’il y ait des soucis. » En ce qui concerne la supervision des travaux, il a affirmé que des inspecteurs s’en chargent.
« Cependant, il est possible que la supervision doive être renforcée dans certains cas », a-t-il admis.
Il a ajouté que pour l’heure, la priorité absolue reste la gestion des fuites, surtout au vu de la sécheresse extrême qui frappe le pays. « Nous ne mettons pas l’accent sur de nouveaux projets, mais plutôt sur les réparations essentielles », a-t-il conclu.
Harry Booluck plaide pour des « step tests » afin de détecter les pertes d’eau
Harry Booluck, l’ancien directeur général de la CWA, pense qu’il est impératif de mettre en place des « step tests » à travers toutes les zones de distribution pour détecter de manière plus précise les pertes d’eau.
L’objectif de ces tests est de mesurer le volume d’eau qui transite d’une zone à une autre et de vérifier où les pertes se produisent.
« Il est essentiel de comprendre exactement où il y a des fuites, combien d’eau arrive effectivement chez les abonnés et combien disparaît sans justification », a expliqué Harry Booluck. Selon lui, cette enquête détaillée permettrait à la CWA de mieux cibler ses efforts de réparation et de maintenance, en identifiant les zones critiques qui nécessitent des interventions immédiates.
Cependant, l’ancien directeur a mis en garde contre les solutions à court terme, telles que la simple réparation de tuyaux défectueux. Bien que cette méthode puisse améliorer la situation temporairement, elle ne résout pas le problème à long terme. « Réparer un tuyau, c’est renforcer une partie du système, mais cela fragilise d’autres sections qui risquent d’exploser sous la pression », a-t-il précisé. Il plaide pour un remplacement complet des tuyaux défectueux afin d’assurer une solution durable et éviter des ruptures fréquentes dans le réseau.
Harry Booluck a également critiqué la gestion des contrats surtout ceux alloués à des contracteurs externes. Selon lui, certains des contrats attribués, souvent d’une valeur de plusieurs centaines de millions de roupies, sont mal exécutés. Il affirme que les anciens sous-traitants n’étaient pas toujours compétents et que, bien que des contrats aient été accordés, la qualité des travaux effectués était souvent médiocre.
« Lorsque les contrats sont sous-traités à de petites entreprises sans expérience, il y a un risque que le travail soit bâclé », a-t-il souligné. Il a également pointé du doigt la pratique selon laquelle de grandes entreprises profitent des contrats pour maximiser leurs marges, en sous-traitant une grande partie du travail à des prestataires moins qualifiés.
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