La situation est favorable pour le secteur manufacturier. D’ailleurs, les commandes affluent. Le hic : c’est le manque criant de main-d’œuvre. C’est ce qu’a fait ressortir l’industriel et chef d’entreprise, François de Grivel, lors de l’émission Au Cœur de l’Info animée par Florence Alexandre ce jeudi 24 mars.
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François de Grivel est catégorique : le secteur manufacturier a besoin de 3 000 à 6 000 travailleurs additionnels dans l’immédiat afin que les opérateurs puissent respecter les délais de livraison. « Le risque si nous n’abordons pas ce problème de main-d’œuvre, c’est que les entreprises s’implantent à Madagascar », a soutenu François de Grivel lors de l’émission qui était axée sur les mesures budgétaires nécessaires pour redynamiser le secteur manufacturier. D’autant plus, ajoute-t-il, que le coût total et les frais à Madagascar sont moins chers de 40 % comparativement à Maurice.
D’où son appel aux autorités – plus précisément au ministère du Travail et celui des Finances – afin qu’ils accélèrent les procédures pour recruter de la main-d’œuvre à Madagascar, en Inde et au Bangladesh. « Les jeunes Mauriciens s’intéressent plus aux TIC qu’au secteur manufacturier. Or, il nous manque entre 10 % et 25 % de main-d’œuvre. Du coup, c’est malheureux, mais nous devons refuser des commandes qui ont, pourtant, repris sensiblement depuis juin/juillet 2021. C’est dommage, surtout que le secteur est d’un grand apport en devises. D’où notre demande pour une accélération des procédures pour importer de la main-d’œuvre, en respectant bien évidemment les règles », résume François de Grivel. Parmi les autres contraintes du secteur : le fret qui est quatre à six fois plus cher en Asie depuis la pandémie, la hausse des prix des matières premières ou encore les problèmes liés à l’approvisionnement des produits.
Qu’en est-il de l’impact de la guerre en Ukraine sur le secteur ? « Dans le court terme, nous ne rencontrons pas de difficultés... Espérons que cette guerre ne durera pas plus de quatre à cinq mois ! Je demeure, cependant, optimiste que cette guerre ne posera pas de problème en 2023 », a soutenu François de Grivel.
Lors de l’émission, il a aussi énuméré une série de suggestions pour booster le secteur manufacturier : attirer des investissements dans le secteur de la haute technologie et les industries nouvelles, encourager une industrie haut de gamme, développer une réflexion publique-privée « ouverte et sans arrière-pensée » pour une stratégie commune, miser davantage sur le marché africain, maintenir le Freight Rebate Scheme et faciliter les procédures pour l’emploi étranger.
Le ministre Sunil Bholah : «Le ratio trois étrangers pour un Mauricien sera revu à la hausse»
Sunil Bholah, ministre du Développement Industriel, a fait ressortir que le manque de main-d’œuvre est un problème national, qui est certes plus prononcé dans la manufacture. « Cependant, le ministre du Travail travaille sur une série de mesures pour solutionner ce problème. Les discussions ont bien avancé », a-t-il indiqué.
Il a aussi annoncé que le gouvernement compte revoir à la hausse le ratio de trois étrangers pour un Mauricien.
VITE DIT
Ahmed Parkar, CEO de Star Knitwear : « Nous avons des commandes pour les cinq prochains mois. Nous enregistrons aussi de nouveaux clients en raison de divers avantages que nous proposons. Ces clients – de valeur – sont là pour rester. Cependant, notre plus gros problème demeure le manque de main-d’œuvre. Nous n’avons pas d’autre choix que d’en importer… »
Ajay Beedassy, vice-président de la SME Chambers : « Le fret a grimpé par 500 % sans compter les autres coûts accumulés. En dépit de cela, le secteur a pu s’en sortir… Cependant, la situation demeure difficile. C’est pourquoi nous demandons une extension d’un an pour que les PME puissent rembourser leurs emprunts ainsi qu’une subvention sur l’importation de matières premières. »
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