Le Pay Research Bureau finalise ces jours-ci son rapport qu’il devrait rendre public d’ici quelques semaines. Pour certains observateurs, cet exercice de révision et d’augmentation salariale permettra de hausser le pouvoir d’achat des employés du secteur public et, du coup, relancer la consommation. Mais, il aura un coût sur les finances publiques qui se sont dégradées en raison de la crise.
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«Nous prévoyons cette année des fonds pour la mise en œuvre du rapport du PRB ». Cette phrase prononcée par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, lors de son grand oral est accueillie « comme une victoire » par Rashid Imrith, président de la Federation of Public Sector and Other Unions.
Cela fait plusieurs mois que les syndicats de la fonction publique réclament la publication du rapport. « Tous les syndicats ont déjà déposé leurs propositions en mars/avril. Nous attendons juste la publication du rapport », avance Radhakrishna Sadien, président de la State and Other Employees Federation.
Selon nos sources, le document est presque finalisé. « C’est une question de quelques semaines avant que le rapport ne soit rendu public », avance-t-on.
En attendant, les implications de la mise en œuvre de ce rapport font débat. La grande question concerne le montant que l’État devra décaisser pour le paiement de l’augmentation salariale. « Dans le contexte actuel, il est difficile de dire quel sera le quantum de l’augmentation salariale. C’est sûr que l’inflation sera prise en compte quoique celle-ci a été très basse ces cinq dernières années. Par ailleurs, je ne crois pas que le gouvernement pourra se permettre des largesses, étant donné la situation économique », avance Beejaye Coomar Appanah, ancien directeur du PRB.
Un contexte économique précaire
Quant au Dr Vinaye Ancharaz, économiste, il n’y va pas de main morte. « On n’aurait pas dû sortir le rapport du PRB cette année. Techniquement, notre économie ne peut pas soutenir la mise en œuvre de ce rapport qui va coûter plusieurs milliards de roupies. Avec la situation économique actuelle marquée par l’incertitude et où le mot d’ordre est de « serre-ceinture », il faudra éviter les largesses », recommande-t-il. Surtout, poursuit-il, à un moment où dans le secteur privé, des gens sont en train de perdre leur travail même si l’État les aide à travers des soutiens au niveau des salaires et où le dédommagement de Rs 5,67 milliards à Betamax est venu s’ajouter à l’équation. « Pour reprendre les termes d’un économiste : ‘there is no such thing as a free lunch’. Est-ce que le gouvernement a les moyens même s’il dit qu’il en a fait la provision ? Et où va-t-il trouver cet argent ? », ajoute le Dr Vinaye Ancharaz. Pour Krish Ponnusamy, ancien haut fonctionnaire, les officiers du PRB vont définitivement prendre en compte la situation économique. « Il faut savoir que les rapports du PRB ont été rendus publics dans des périodes de boom économique, mais aussi dans des moments difficiles.
Certes, cette fois-ci, le contexte est plus grave avec la pandémie », avance notre interlocuteur. Selon Krish Ponnusamy, si le PRB est indépendant dans la rédaction de son rapport, les officiers ont des discussions avec les Finances sur les dotations budgétaires et la capacité du gouvernement à payer. « Il y a tout un processus de consultations avec les fonctionnaires, les syndicats, le ministère, mais au final c’est au PRB de formuler ses recommandations sur les salaires et les conditions de service », explique Krish Ponnusamy. Il fait ressortir que le PRB prend en ligne de compte quatre grandes considérations dans la rédaction de son rapport : les changements dans l’environnement économique, la performance économique et la nécessité d’accroître la productivité ; le développement économique et financier du pays ; la capacité du gouvernement à payer ; et les tendances en matière de rémunération et des réalités du marché.
Les prérequis du PRB
Pour Radhakrishna Sadien, il y a plusieurs priorités sur lesquelles le rapport doit miser. « Il faut que le rapport soit appliqué à partir de janvier 2020, soit le mois où une avance de Rs 1 000 est payée aux employés. Nous n’avons aucun souci s’il faut payer les arrérages en tranches par la suite », fait-il ressortir. Par ailleurs, il estime qu’il est important de revoir le ratio des salaires entre les General Workers et les Senior Chief Executives. Il prône aussi plus d’équité en termes de conditions de travail ainsi qu’une valorisation de certains métiers.
En attendant de connaître les changements apportés au niveau des salaires et des conditions de service, il y a unanimité sur le fait que ce rapport du PRB est susceptible de motiver les employés du secteur public. « Ce serait bien que ce rapport motive ceux qui travaillent dans le secteur public à donner le meilleur d’eux-mêmes pour faciliter la reprise économique, mais surtout pour améliorer la productivité, l’efficience et les services dans le secteur. Cette motivation peut entraîner un certain dynamisme », ajoute Beejaye Coomar Appanah. Radhakrishna Sadien abonde dans le même sens. « Une augmentation des salaires encouragera les gens à travailler. Or, l’avenir du pays, c’est le travail. Il ne faudrait pas pénaliser les fonctionnaires en parlant de budget limité. Ce sont les gaspillages qu’il faut cesser », avance-t-il.
Le saviez-vous ?
- La mise en œuvre du rapport du PRB a nécessité environ Rs 4,6 milliards en 2013 et environ Rs 3 milliards en 2016.
- Une avance de Rs 1 000 a été payée aux fonctionnaires en janvier 2020.
- 103 830 employés sont enregistrés dans le secteur public contre 321 597 salariés dans le privé, selon les données disponibles.
Un impact certain sur le pouvoir d’achat et la consommation
« Le rapport du PRB épouse la ligne keynésienne de ce Budget dont la philosophie est d’augmenter l’investissement et la consommation pour relancer l’économie. Ce rapport tombera bien car il va donner un certain pouvoir d’achat à environ 100 000 familles », explique Beejaye Coomar Appanah. Un réajustement des salaires dans le secteur privé est aussi à prévoir, ajoute-t-il. « Le rapport du PRB aura donc un effet sur l’indice des salaires, va aider à la consommation et par ricochet à la production », résume-t-il. Le Dr Vinaye Ancharaz y va aussi de son commentaire.
« Si le rapport est généreux, il y aura certainement une poussée inflationniste qui viendra soutenir la consommation », soutient-il. Et Krish Ponnusamy de conclure : « Comme à chaque fois, le rapport aura un impact sur la consommation et les salaires dans le pays. Le document contient d’ailleurs un paragraphe sur la comparaison des salaires entre le privé et le public. Nous voyons un certain alignement des salaires entre le public et le privé, mais la disparité demeure en ce qu’il s’agit des postes au niveau du senior management ».
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