Depuis la pandémie, les bateaux prennent plus de temps pour arriver au pays sans compter les coûts du fret qui ont atteint des sommets, affectant du coup les importations et les exportations du pays. Face à cette problématique, la Mauritius Export Association (MEXA) propose comme solution l’affrètement d’un navire régional d’approvisionnement (Regional Feeder Vessel) pour Maurice. Dans un document soumis aux autorités ce mois-ci, l’association revient sur les multiples avantages d’une telle mesure.
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Maurice n’a pas été épargné par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement causées par la pandémie. Outre une réduction et une irrégularité dans la fréquence des navires faisant escale à Port-Louis, il y a eu une augmentation considérable des coûts du fret. Il faut compter environ 12 000 dollars (Rs 516 000) pour l’importation d’un conteneur de 40 pieds en provenance de Chine contre 2 000 dollars (environ Rs 86 000) auparavant. « La pandémie a mis en évidence le fait que notre économie est fortement dépendante de deux principales lignes maritimes qui desservent actuellement notre port. C’est aussi une réalité qu’étant donné notre taille, Maurice n’est pas assez attractif pour les grandes compagnies maritimes internationales, qui privilégient, dans le contexte actuel, les grands hubs comme Dubaï plutôt que les petits ports comme le nôtre. Ce qui accentue l’importance d’affréter un National Regional Feeder Vessel et de positionner Maurice comme un centre logistique régional », recommande la MEXA.
Dans un document soumis aux autorités le 3 février dernier, suite à la dernière réunion du comité de coordination (Public-Private Dialogue Coordination Committee), présidée par le secrétaire financier Dev Manraj fin janvier, la MEXA s’appesantit sur la valeur économique qu’entraînera la mise à disposition d’un Regional Feeder Vessel.
Les cinq recommandations de la MEXA
1 Affréter un navire régional d’approvisionnement
Pour la MEXA, la mise à disposition d’un Regional Feeder Vessel (RFV) stimulera les activités économiques, créera l’emploi et contribuera à une augmentation du Produit intérieur brut (PIB) du pays. Voici ces multiples avantages :-
- Un Regional Feeder Vessel améliorera la connectivité maritime de Maurice.
- Avec une concurrence accrue dans la région, le RFV permettra de réduire les coûts grâce aux économies d’échelle et aux coûts de fret relativement plus bas que le marché pratique actuellement.
- Il générera des revenus supplémentaires pour l’économie dans son ensemble.
- Il bénéficiera aux secteurs auxiliaires, tels que le port, les activités de fret et de logistique, le secteur bancaire, et même le secteur du négoce et de la consommation.
- Il renforcera la compétitivité des exportations et des importations du pays.
2 Faire de Maurice un centre régional du fret
Développer le port comme un hub régional au sein de l’océan Indien. C’est une autre des recommandations de la MEXA. Une telle initiative permettra de renforcer la position stratégique de Maurice pour desservir les États insulaires de l’océan Indien. « Notre port sera en mesure de maximiser sa position de port primaire pour les lignes maritimes internationales. Le Regional Feeder Vessel devra être complémentaire aux lignes maritimes internationales. Il ouvrira les portes à un éventuel co-partage avec d’autres lignes maritimes (MSC, Maersk et CMA-CGM), reliant Maurice au marché mondial à des taux de fret relativement abordables », recommande la MEXA. Cela qui peut à la longue augmenter le trafic au sein de notre port, faisant de Port-Louis un important hub de transbordement dans la région.
3 Promouvoir le commerce régional
D’énormes opportunités commerciales existent entre les États insulaires et les pays d’Afrique de l’Est. Or, ces opportunités ne peuvent être exploitées en raison d’un manque de connectivité. « Le Regional Feeder Vessel sera donc un facilitateur clé et permettra de débloquer ces opportunités commerciales régionales », explique la MEXA. Pour l’association, le renforcement de la coopération commerciale (African Continental Free Trade Area, SADC, COMESA et COI) entre les pays de la région, tels que la Réunion, Madagascar, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, le Kenya et le Mozambique, entre autres, augmentera le volume et le trafic de marchandises dans la région. Maurice pourra ainsi exporter davantage dans la région, notamment, des aliments pour bétail vers la Tanzanie. « On pourra aussi acheter du coton en Afrique, principalement en Tanzanie qui est l’un des plus grands producteurs et fournisseurs africains de coton, le transformer en fil et en tissus à Maurice pour l’exporter à Madagascar où il sera transformé en vêtements », suggère la MEXA.
4 Attirer des investissements
Pour la MEXA, le Regional Feeder Vessel sera un moyen d’attirer des investissements potentiels de pays partenaires économiques clés, tels que le Japon, l’Inde et la Chine. Ces pays pourront utiliser Maurice comme plateforme logistique pour cibler le marché africain. « Le RFV pourra aussi s’appuyer sur les relations commerciales qui ont été établies dans le cadre du Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement (CECPA) entre Maurice et l’Inde. Avec des routes maritimes plus régulières et plus efficaces, Maurice pourra importer des produits semi-finis de l’Inde pour les transformer dans le pays et les exporter vers l’UE, les États-Unis et d’autres pays africains où Maurice bénéficie d’un accès préférentiel au marché (AGOA, SADC, COMESA, etc.) », ajoute la MEXA.
5 Donner à Maurice son indépendance maritime
C’est un fait ! Aujourd’hui, Maurice dépend que de deux lignes maritimes. « Le Regional Feeder Vessel va diminuer les risques associés au fait que Maurice est un net importateur de produits de consommation. Il fournira, dans la même foulée, une option logistique efficace à la State Trading Corporation (STC), par exemple pour ses importations de riz en provenance d’Inde, nonobstant les multiples avantages pour le secteur des exportations », souligne la MEXA.
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