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Examens du CPE : entre optimisme et angoisse

Ils sont 22 848 écoliers et candidats du privé à prendre part aux examens du Certificate of Primary Education. Cette dernière étape du cycle primaire, qui débute ce mardi 25 octobre, prend fin le vendredi 28 octobre.

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Cette année marque la fin du Certificate of Primary Education (CPE) de l’histoire de l’éducation à Maurice. Une chose n’a pas changé chez les élèves et ce depuis plusieurs années : l’intense préparation pour faire face à ces examens. Elina Moorghen est une petite fille pétillante qui compte aborder le CPE avec beaucoup d’assurance. Cette élève de l’école privée Safe and Sound se dit fin prête pour cette ultime étape.

« Les révisions se passent bien. L’encadrement à l’école m’aide à apprendre et à faire la révision comme il faut », s’enthousiasme Elina Moorghen. D’ailleurs, son récent succès à l’Alliance française lui a apporté motivation et engouement pour les prochaines étapes. « J’ai été classée deuxième à l’échelle nationale. »

En mode « no stress »

Pour Stella, la maman d’Elina Moorghen, le concept Montessori (une pédagogie qui a fait ses preuves au profit de l’élève) enseigné à l’école de sa fille l’a bien aidée dans sa préparation pour les examens. « Je peux dire qu’elle arrive à s’adapter facilement à d’autres systèmes d’éducation. » Et pour cause, c’est avec fierté que Stella nous explique qu’Elina ne prend pas de leçons particulières. C’est donc en mode relax qu’elle attend le jour des examens. « Elle n’est pas stressée du tout. Par contre, son enseignant de l’année dernière fait un coaching les après-midi pour un suivi. »

Toutefois, Elina, qui souhaite un jour devenir vétérinaire, a dû sacrifier ses entraînements de natation. « Elle adore faire de la natation. Elle a même remporté plusieurs médailles d’or et elle joue aussi du piano », raconte sa maman.

S’il y a une autre petite fille qui est en mode no stress, c’est bien Shruti Roopna. Cette habitante de Lallmatie ne prend pas de leçons particulières, tout comme Elina. En revanche, même si elle dit ne pas éprouver de stress, ses journées sont très remplies et réglées comme du papier à musique.

Après l’école, Shruti se relaxe un peu. Place au goûter et aux bavardages avec maman et papa. Ensuite, les choses sérieuses commencent. « Je me concentre sur mes devoirs et la révision. » Mais sa maman Soorekha reste persuadée qu’il est important qu’il y ait un équilibre entre repos et travail. « Nous ne lui mettons pas la pression.

Nous la laissons dormir jusqu’à tard pendant le week-end pour un repos bien mérité. Elle doit récupérer pour affronter la semaine. Nous faisons aussi des sorties en famille pour qu’elle change d’air », raconte Soorekha. Shruti vise la crème des collèges pour filles, soit le prestigieux Queen Elizabeth College pour poursuivre ses études secondaires. « C’est mon rêve et je compte tout faire pour y arriver. J’envisage d’embrasser une carrière de médecin. »

Sacrifices

Si l’angoisse pouvait avoir un nom, elle s’appellerait peut-être Dilan Bhugon. Ce garçon, généralement petit boute-en-train, est dans ses petits souliers. Cela dit, Dilan travaille d’arrache-pied et de toutes ses forces pour décrocher les meilleurs résultats. « Je stresse parce que ces résultats détermineront le collège où j’irai faire mes études. J’essaye malgré tout de donner le meilleur de moi-même et de consacrer le plus clair de mon temps à la révision. J’ai même dû, à contrecœur bien sûr, sacrifier mes heures de jeu à la Playstation et sur l’ordinateur. »

Ses journées débutent à sept heures lorsqu’il se réveille. Chaque jour de la semaine, il a une première séance de leçons particulières qui débute à huit heures jusqu’au retentissement de la cloche qui annonce la rentrée des classes. Les cours reprennent chaque après-midi. C’est à 18 heures que Dilan rentre chez lui. Ensuite, ce sont les devoirs et la révision jusqu’à 22 heures. « Le week-end précédent a été dur pour lui, n’ayant pas cessé de réviser. Il a travaillé toute la journée entrecoupée de petites pauses », nous raconte sa sœur Charisma.

Dur labeur

À l’instar de Dilan, Laurent Martial prend des leçons particulières tous les jours. Ses journées ne sont pas de tout repos. « J’ai mes leçons tous les jours, sauf les vendredis. Elles se terminent à 17 h 30. » Une fois rentré, Laurent se repose un peu et commence à faire ses devoirs. Souvent, c’est à 23 heures qu’il va se coucher à cause des révisions. Pendant l’année 2016, cet élève de l’école RCA Philipe Rivaland à Beau-Bassin a dû sacrifier ses activités sportives et musicales pour se concentrer sur ses études.

« Je faisais de l’athlétisme et j’étais au conservatoire de musique François-Miterrand, à Quatre-Bornes. Les études sont prioritaires. » Les parents de Laurent ont dû eux aussi revoir leurs habitudes. Comme c’est maman qui aide le garçon à faire ses devoirs, c’est papa Stéphane qui se met aux fourneaux. « Nous voulons l’épauler du mieux que nous pouvons. »

Exit CPE, enter PSAC

Un parent encourageant ses enfants avant les examens du CPE.

Les examens sanctionnés par le Certificate of Primary Education (CPE) en sont à leur dernière édition cette année. Ils cèdent la place à une nouvelle réforme éducative : le Primary School Achievement Certificate (PSAC).

Dès 2017, les élèves prendront connaissance de ce nouveau système qui fait partie de la Nine-Year Continuous Basic Education. Sa mission première : répondre aux besoins éducatifs de chaque enfant, dépendant de ses capacités intellectuelles et éliminer la compétition encouragée par le CPE. Ce qui supprime, dans la foulée, l’échec scolaire en primaire car l’enfant aura une place en Grade 7 qui est actuellement la Form 1. Toutefois, les enseignants devront cibler, et cela très tôt, les élèves qui présentent des difficultés. Ces derniers seront alors pris en charge par des enseignants spécialisés.

Pour ce qui est des matières, elles seront divisées en core subjects et non-core subjects. Du côté des matières principales, il y a les mathématiques, l’anglais, le français, les sciences, l’histoire-géographie, les langues orientales et le kreol morisien. Du côté des matières secondaires, il y aura l’éducation physique, Civil and Values Education, IT Skills, Communication Skills et les arts. Ces matières seront elles aussi comptabilisées pour le PSAC.

Le PSAC verra l’introduction de l’évaluation continue mais concernera uniquement les matières tombant dans la catégorie non-core. Les examens se feront sur deux ans et seront supervisés par le Mauritius Examinations Syndicate.

En Grade 5, les élèves seront évalués en histoire-géographie et en sciences. Les points obtenus seront ajoutés à ceux du Grade 6. L’avantage de ce système est que l’enfant ne travaille que le reste du programme en Grade 6, ce qui réduit ainsi la pression.

Par ailleurs, pour la première année du PSAC, les examens d’histoire-géographie se tiendront en août et non en Grade 5. Le reste des examens sera organisé à la fin de l’année scolaire. Les points seront ajoutés et comptabilisés pour les résultats de fin d’études. Après le Grade 6, les élèves seront admis dans les collèges, dépendant de leur région, du choix des parents et des scores.

L’ère du CPE : les grandes dates

  • 1977 : l’éducation devient gratuite.
  • 1980 : le CPE est introduit.
  • 1982-1983 : un second examen en cas d’échec entre en vigueur.
  • 1995 : le National Education Council, qui est présidé par Suren Bissoondoyal, recommande le zoning system.
  • 1996 : feu James Burty David évoque l’importance de la Zone d’éducation prioritaire (ZEP).
  • 1997 : Suren Bissoondoyal évoque l’abolition du ranking au CPE.
  • 1997 : Kadress Pillay, ministre de l’Éducation, présente le White Paper, faisant état du remplacement du CPE par le PSAC.
  • 2000–2005 : Steve Obeegadoo, alors ministre de l’Éducation, souhaite l’élimination du CPE pour diminuer la pression exercée sur les écoliers. Le système de ranking est aboli.
  • 2006 : le A+  est introduit.
  • 2014 : Le Strategic Plan 2008-20 est introduit. Vasant Bunwaree annonce l’introduction du Nine-Year Schooling qui sera introduit en 2015 et que le CPE, dans sa forme actuelle, changera.
  • 2015 : présentation de la Nine-Year Continuous Basic Education et introduction du PSAC en 2017.
  • 2016 : fin de l’ère du CPE.

Un expatrié défie le CPE

Sai Kuruganpi est un petit Indien qui s’est établi à Maurice il y a quelques années. Il est aujourd’hui en CPE et s’apprête, comme tous les garçons de son âge, à prendre part aux examens de fin du cycle primaire. Il est confiant, confie sa mère Subhangini. « Ces examens sont très importants, étant comme un passeport pour être admis au cycle secondaire. Mon fils a travaillé très dur pendant cette année. Je suis convaincue qu’il réussira à ses examens. »

Le petit Indien est qualifié de génie par sa famille. Il ne prend pas de leçons particulières. Toutefois, sa seule faiblesse jusqu’ici reste la langue française. « Il prend des cours de rattrapage en français à l’école. Nous sommes anglophones et nous, les parents, ne pouvons l’aider à s’y perfectionner. »

Pour cette maman, le CPE représente un stress positif qui permet d’évaluer les élèves. Son petit Sai, bien qu’il soit originaire de l’Inde, s’est bien adapté au système d’éducation de Maurice.

Statistiques : le taux de réussite en hausse

En 2015, 17 589 écoliers ont participé aux examens du Certificate of Primary Education (CPE). 77,68 % de ces élèves ont réussi à ces examens à la première tentative. Après les examens de rattrapage, le taux de réussite avait dépassé les 80 %.

Il convient de noter que ces chiffres sont en constante progression depuis 2005, où 20 423 écoliers avaient pris part aux examens du CPE. Le taux de réussite se chiffrait alors à 73,20 %. En 2010, le nombre de candidats était de 18 732. Le taux de réussite était, lui, de 75,96 %. Souhaitons que cette année ne déroge pas à cette nouvelle règle. Les résultats seront connus le 5 décembre.

 

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