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Enseignement spirituel - Le tantrisme : doctrine de l’énergie libératrice

« L’homme devient son propre maître lorsqu’il a acquis la maîtrise de tous les sens et le souffle en est le principal. »

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Celui qui tient ces propos, Devanand Manick, se définit comme un maître du tantrisme, la voie ésotérique de l’hindouisme, mais il nuance ce terme tellement ‘intellectuellement’ qu’il est de nature à repousser le citoyen lambda. Dans son deuxième ouvrage, « Tantrik Vidya, la voie secrète », l’auteur évoque son initiation en Inde, avant de partager ses enseignements.

« Il faut que chaque personne puisse faire de sa vie un destin. »

La grande faiblesse de l’homme, celle qui le conduit à la passivité, à l’inaction, à l’état d’esclave, c’est l’ignorance, martèle Devanand Manick. « L’ignorance pervertit le fondamental de l’humanité et chamboule le concept de l’amour, à la fois au niveau divin qu’humain », dit-il, avant de mettre l’accent sur le terme « prise de conscience ». « La conscience est le mot suprême, essentiel à nos pensées et nos actes, mais rien n’est possible sans un véhicule en parfait état, qui est notre corps. »  Toute sagesse véritable, dit l’auteur, permet et installe une vie joyeuse, sans stress et méfiance du prochain.

Au nom de quoi Devanand Manick se proclame-t-il maître dans une discipline qui a parfois été au centre de controverses ? « J’ai une formation de physiothérapeute, pratiquant tout type de massages, du shiatsu à l’acupressure, en passant par la réflexologie et le massage ayurvédique. Je suis aussi moniteur de méditation transcendantale à laquelle je fus initié par le Maharishi Mahesh Yogi. »

Durant son adolescence, fait-il valoir, il a été « champion de cross-country » avant d’apprendre les arts martiaux auprès des « maîtres exceptionnels » au Japon, en Chine, en Inde et en Europe. « J’ai été exposé à toutes sortes d’expériences mystiques lors de mon enfance et pendant mes cycles initiatiques en Inde, en Chine, en Arabie et en Europe. »

La pratique spirituelle de Devanand Manick lui a souvent valu des tracasseries policières, comme ce fut le cas lorsqu’il plaça une statuette de la déesse Kali sur la tombe de son épouse, ou durant le drame de Caro-Chapeau, où quatre de ses dévots périrent à la suite d’une intoxication accidentelle causée par l’émanation du monoxyde de carbone provenant d’un bloc électrogène. Mais, la police avait fini par conclure que ce fut un accident. « À la suite de ce drame, une interminable polémique sévit toujours autour de cet événement et cela fait toujours des ravages dans le pays », reconnaît-il.

L’advaita traditionnel

Sorcier et charlatan : c’est sans doute pour se débarrasser de ces étiquettes que Devanand Manick a fait paraître ce deuxième ouvrage en approfondissant la thématique du tantrisme, cette doctrine de l’énergie libératrice et aussi en hommage au swami Brahmananda Saraswati, qui a contribué à placer son monastère comme l’épicentre de l’advaita traditionnel, cette science hindoue qui prône le principe de l’unicité.

Mais par-delà des querelles de clochers, Devanand Manick souhaite se rattacher à l’essentiel, qu’il énumère comme les principaux traits qui caractérisent l’être humain : la peur, la haine, la colère, la quête obsessionnelle des biens matériels qui, tous, mènent à la frustration. Mais son argumentaire repose aussi sur l’affirmation des besoins de l’existence, conditionnés par deux facteurs : la sécurité matérielle et spirituelle et, citant le psychanalyste Gustave Jung, il déclare : « Il faut que chaque personne puisse faire de sa vie un destin. »

Mais comment y arriver, car là est la problématique ? « Le point d’arrivée est le même pour tous, mais ce sont les chemins qui sont empruntés qui diffèrent », fait observer Devanand Manick. Mais ce cheminement, fait-il observer, procède d’une démarche subjective, car il est soumis à un processus où chaque individu se fixe les paramètres pour y arriver et ils se définissent en termes de besoins et d’utilités.  « C’est pourquoi il est essentiel d’en finir avec la confusion des valeurs, causée par un système de société et des enseignements sans repères », écrit-il.

L’essence du tantrisme

Ce dernier reconnaît la difficulté qui existe lorsqu’il en vient à saisir l’essence du tantrisme : « De nos jours, le monde écoute de moins en moins cet enseignement divin ; sans doute du fait qu’il est difficile de comprendre et de faire vivre une culture spirituelle qui n’est pas suffisamment connue de tous et qui, pourtant, est universelle, mais paraît momentanément étrangère, parce qu’elle est sous une ombrelle socioculturelle particulière à une ethnie et une composante géopolitique. »

L’auteur, par cette réflexion, et évitant soigneusement le racolage et la seule connaissance livresque, souhaite impulser une nécessaire liberté d’expression plurielle, qui serait le reflet parfait de la cosmogonie (définie comme un système de la formation de l'Univers), qui fait partie du sanathan dharma – qui n’a rien à voir avec la fédération du même nom. En faisant valoir l’association du yog à celle de la méditation, il rétablit cette fameuse union-unité si chère à l’advaita.

Lorsqu’il en vient à la sexualité, il est essentiel de rappeler que les techniques auxquelles le tantrisme se réfère sont d’une portée limitée et, de plus, dangereuses, dès qu’on les extrait du contexte sacré et qu’on les détourne vers une simple recherche du plaisir.

Ni philosophie, ni dogme, le tantrisme recèle encore sa part d’ombre, tant il reste insaisissable en l’absence d’un maître qui a pour mission de lui débarrasser de sa gangue élitique.

Tantrik Vidya, la voie secrète,
(291 pp) de Devanand Manick JV Graphix Ltd,
Sainte-Croix, Port-Louis.

 

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